Livre du R.P. Hugon
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Nous avons vu que le rosaire nous faisait entrer dans le cœur et l’âme de Jésus. Le rosaire nous fait aussi toucher sa divinité, dont toutes les parties de son humanité (âme, corps, facultés, actions) sont pénétrées de la manière la plus parfaite et la plus intime en vertu de l’union de ces deux natures dans la seule personne du Verbe. Dans chaque mystère, quand Jésus agit, c’est un Dieu qui agit. Nous pouvons voir physiquement les actions et les sentiments d’un Dieu. Entrons dans ces mystères jusqu’aux dispositions intérieures de Jésus au-delà des actions extérieures et efforçons-nous de les imiter. Un modèle plus parfait est impensable puisqu’il est Dieu même. Quelle grâce pour nous ! Quand nous faisons ceci ou cela (prières, lever, coucher, repas, travail, conversations, études, divertissements, sport…), le faisons-nous comme Jésus le ferait ? Le faisons-nous par amour pour Dieu ? Le faisons-nous avec une intention toujours pure de bien faire toutes choses ? Mon Dieu, aidez-nous à imiter Jésus car notre faiblesse est profonde. Sans vous, nous ne pouvons rien. Avec vous, nous pouvons tout.
Saint Thomas d’Aquin, que nous avons fêté ce mardi 7 mars, parlait de « déification » de l’homme et les auteurs spirituels aiment à parler « d’union transformante ». Y aspirons-nous et la désirons-nous, chacun dans l’état de vie (célibat, mariage, sacerdoce, vie religieuse) et les occupations qui sont les nôtres ? Le rosaire bien fait et bien médité nous aide à faire de notre vie un « pur et unique acte d’amour pour Dieu » comme aimait à le dire le même saint Thomas. Marie, mère de Dieu, priez pour nous.
Le rosaire, par les scènes sensibles, accessibles et vivantes qu’il met sous nos yeux, nous donne accès à l’infinité de Dieu.
Chaque mystère nous présente la vie intime des trois personnes divines et leurs décrets éternels : celui de l’Incarnation rédemptrice pour racheter les hommes, les réconcilier avec Lui, refaire l’homme à Son image (cette fois réellement avec un Homme-Dieu) pour restaurer l’humanité déchue en Adam (défigurée, dans laquelle l’image de Dieu s’était comme effacée). Les trois personnes peuvent alors redire comme dans la Genèse, et cette fois-ci d’une manière encore plus vraie : « Voici que l’homme est devenu comme l’un de nous. » (Genèse, III, 22.) : pensons-nous à assister à cette vie des trois personnes divines en méditant l’annonciation, la nativité ? Élevons-nous jusqu’aux cimes de la divinité.
Le rosaire nous montre la justice parfaite de Dieu qui ne faiblit pas. Jésus est accablé de souffrances, littéralement broyé. Il s’est substitué à nous pour souffrir et satisfaire pour nous, pour le désordre humainement irréparable causé par le péché. Il a expié en toute justice. Cependant le choix même du rachat et du sacrifice est un acte gratuit de pur amour et d’infinie miséricorde. La justice et la miséricorde se concilient admirablement en Dieu. Comment pourrions-nous encore vivre dans la tiédeur et le péché après une telle preuve d’amour ?
Le rosaire est un résumé de la Foi et à ce titre comme un commencement du ciel dès ici-bas. Par la Foi et par le rosaire, l’avenir (la gloire à laquelle sont appelés les élus et dont Jésus constitue le modèle dans sa résurrection et son ascension) existe déjà dans le présent. Cela doit nourrir notre espérance du ciel, embraser notre charité et faire grandir en nous le zèle pour le salut des âmes et la pratique des vertus (humilité, patience, obéissance, douceur, discrétion, force et abnégation dans la souffrance, pénitence et détachement des créatures, joie et paix intérieure…).
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