6 objections contre le sédévacantisme : réfutation



Le sédévacantisme est un schisme

Réponse

Un schismatique est quelqu’un qui, méprisant l’enseignement du Christ sur la primauté de Saint Pierre et des pasteurs légitimes de l’Eglise, refuse d’obéir à ses lois et à sa discipline, et érige son propre gouvernement indépendant de celle-ci. Pour dire plus simplement encore, un schismatique est un chrétien qui refuse de se soumettre à l’autorité de l’Eglise, en prétendant que son autorité n’a pas de fondement. Le schisme est un péché mortel contre la charité, car il brise l’unité du Corps Mystique de Jésus-Christ.

Les sédévacantistes ne sont pas des schismatiques car :

  • Ils ne nient pas la légitimité des successeurs de Saint Pierre pour légiférer, de manière monarchique et sans contestation possible, sur l’ensemble de l’Église ;
  • Ils n’ont nullement l’intention d’ériger une autorité concurrente, une hiérarchie indépendante contre l’autorité et la hiérarchie de l’Église catholique ;
  • Ils n’entendent pas, concernant l’administration des sacrements et toute autre chose relative à la religion, agir d’une autre manière que celle qui a été promulguée par l’autorité de l’Église.

Les sédévacantistes s’opposent à ce qui semble être pour beaucoup la hiérarchie de l’Église catholique, non pas par esprit de schisme, mais au contraire par souci de rester fidèle à l’autorité de l’Église catholique qui a enseigné, promulgué et ratifié des doctrines et des dispositions disciplinaires auxquelles s’opposent formellement les nouvelles doctrines (qui sont fausses) et la nouvelle discipline (qui est mauvaise) des conciliaires.

Accuser les sédévacantistes d’être schismatiques serait aussi hors de propos que d’accuser les luthériens de nier que la Bible soit révélée et inerante : le problème du luthéranisme se trouve ailleurs ; ainsi le «problème» du sédévacantiste réside dans la discussion cherchant à savoir si François est Pape ou non, pas sur le fait de savoir s’il faut être soumis au Pape pour sauver son âme – ce dont les sédévacantistes sont absolument convaincus. Or, chercher à savoir si quelqu’un est Pape ou non, c’est simplement faire œuvre de discernement, comme l’ont fait les catholiques et les saints ayant vécu dans des siècles troublés où l’on avait des doutes sur la légitimité de certaines personnes qui prétendaient être Papes ; ce n’est pas faire acte de schisme.

“Finally, one cannot consider as schismatics those who refuse to obey the Roman Pontiff because they would hold his person suspect or, because of widespread rumors, doubtfully elected (as happened after the election of Urban VI), or who would resist him as a civil authority and not as pastor of the Church.” (Wernz-Vidal, Ius Canonicum [Rome: Gregorian 1937], 7:398, my emphasis.)(modifié)[17:21]In fact, Fr. Ignatius Szal emphasizes that one essential ingredient to true and proper schism is that the schismatic, in spite of his disobedience, “must recognize the Roman Pontiff as the true pastor of the Church, and he must profess as an article of faith that obedience is due the Roman Pontiff”

(Rev. Ignatius Szal, The Communication of Catholics with Schismatics [Washington, DC: The Catholic University of America Press, 1948, p. 2).

Les sédévacantistes sont hérétiques

Réponse

Une hérésie est une doctrine qui s’oppose directement à une ou plusieurs vérités révélées contenues dans l’enseignement de l’Église. Un hérétique, au sens formel du terme, est quelqu’un qui adhère à cette doctrine en pleine connaissance de cause, c’est à dire en sachant qu’elle s’oppose à l’enseignement de l’Église catholique. On peut adhérer à des hérésies par ignorance de l’enseignement de l’Église, par suite d’un raisonnement erroné, ou bien par une mauvaise compréhension des dogmes ; cela ne suffit pas à ce que cette adhésion intellectuelle devienne un véritable péché d’hérésie, et fasse mériter devant Dieu et devant les hommes le nom d’hérétique : il faut pour cela ce que l’on appelle la pertinacité, qui est la persévérance dans l’erreur malgré les admonitions de l’Église, malgré la claire connaissance de la réprobation de ses opinions par l’Église. Par commodité on peut dire que ceux qui adhèrent à des hérésies sans faute sont «matériellement hérétiques», et ceux qui y adhèrent avec pertinacité sont «formellement hérétiques». Voir l’article «Hérésie» de la Catholic Encyclopedia

Le sédévacantisme n’est pas une hérésie, et ceux qui adhèrent au sédévacantisme ne sont hérétiques ni matériellement, ni formellement, car :

  • Ils ne nient aucun des enseignements de l’Église catholique, que celui-ci soit solennel ou simplement ordinaire, concernant la Papauté, ses prérogatives et ses droits ;
  • L’Église n’enseigne pas qu’il est impossible que le siège soit vacant pendant une très longue période : s’il peut être vacant 1 jour, 1 mois ou 1 an, à prendre la chose en soi rien n’interdit qu’il soit vacant 1000 ans, aussi terrible que cela puisse être pour la vie de l’Église et le salut des âmes ;
  • L’Église n’enseigne pas qu’il est impossible qu’une personne qui soit élue à la Papauté, et même acceptée pacifiquement comme Pape par l’Église universelle, ne soit pas réellement Pape. Son histoire nous apprend plutôt le contraire, à savoir qu’à une époque a été envisagée le cas où un hérétique (formel) serait élu à la Papauté, et reconnu comme Pape à ce titre : la bulle Cum ex apostolatus officio de Paul IV (1559) déclare une telle élection nulle et sans effet. Par ailleurs il n’a jamais été question, dans la théologie catholique, de dire que l’acceptation pacifique par une unanimité morale des catholiques était une condition ou une preuve du fait que la personne considérée comme telle est réellement Pape.
  • Pour notre part, et nous pensons que c’est le cas de la plupart des sédévacantistes, nous professons n’avoir aucune intention d’adhérer à des opinions condamnées par l’Église ni de nous opposer en quoi que ce soit à son magistère, et nous serions prêt à rétracter toutes nos idées et nos positions s’il apparaissait que l’Église les condamnait. Le principe que nous appliquons pour savoir comment régler notre jugement et notre vie toute entière, est celui de coller le plus prêt que possible à l’esprit de l’Église, même en ce qui n’est pas obligatoire et infailliblement promulgué, même pour des questions d’ordre pastoral et pratique.

NB. Il se peut que certaines personnes soient sédévacantistes et adhèrent par ailleurs à des hérésies, c’est le cas des frères Dimond et de leur doctrine dite feeneyiste, qui nie l’enseignement de l’Église catholique concernant le Baptême de désir et le Baptême de sang. Ce problème n’a, en soi, aucun rapport avec le sédévacantisme. Ce serait un peu comme prétendre que tous les jésuites sont hérétiques, parce que quelques jésuites isolés ont défendu des doctrines fausses : il ne faut pas tout confondre, si certains membres d’un groupe adhèrent à des hérésies, cela ne rend pas le groupe en lui-même hérétique. L’analogie est imparfaite parce que les sédévacantistes ne constituent pas «un groupe» bien constitué, mais il s’agit simplement d’un ensemble de personnes qui font profession de foi catholique et qui se retrouvent donc à faire le constat d’une vacance du Saint-Siège. Cette position selon laquelle le Siège apostolique est vacant ne relève en rien de l’hérésie.


Le constat sédévacantiste est un jugement téméraire et illégitime

Réponse

« Si quelqu’un dit que Dieu unique et véritable, notre Créateur et Maître, ne peut pas être connu avec certitude par la lumière naturelle de la raison humaine, au moyen des choses qui ont été créées ; qu’il soit anathème » 

L’Eglise défend ici la légitimité d’un jugement fondé sur des vérités naturelles. En l’occurrence : l’existence du monde, son harmonie et le principe de causalité. Ces choses étant certaines, la conclusion l’est aussi. Si un raisonnement correct met en œuvre une vérité de foi fondée sur l’autorité de Dieu et une vérité naturelle évidente, la conclusion exprimera un jugement doté d’une certitude absolue, propre à entraîner l’assentiment plein et entier de l’intelligence. Une telle conclusion est dite théologique. Par exemple : « Jésus est un homme (vérité de foi). Or les hommes ont une âme (vérité naturelle). Donc Jésus a une âme (conclusion théologique) ». 

Le constat actuel de la vacance du Siège apostolique n’a pas plus de prétention. Il se sert, dans sa démonstration, de données de foi, de faits d’observation immédiate et du principe de non-contradiction. La foi nous assure de l’infaillibilité du magistère ordinaire et universel. Elle nous assure qu’il est impossible qu’un Pape promulgue avec les évêques représentant l’Eglise universelle un texte contredisant un point de doctrine déjà fixé. Or, une telle promulgation s’est produite lors du concile Vatican II : la déclaration Dignitatis Humanae du 7 décembre 1965 contredit explicitement l’enseignement de Pie IX (entre autres) sur la liberté religieuse dans Quanta Cura (lettre encyclique du 8 décembre 1864). Donc les occupants du Siège apostolique qui ont « promulgué » et maintiennent en union avec tous les évêques une telle doctrine ne peuvent pas être Papes. 

Affirmations condamnées par Quanta Cura, 8 décembre 1864 [«  contre la doctrine de la Sainte Écriture, de l’Église et des saints Pères »] Affirmations de Dignitatis Humanae, 7 décembre 1965 [«  le droit à la liberté religieuse a son fondement réel dans la dignité même de la personne humaine telle que l’ont fait connaître la Parole de Dieu et la raison elle-même »]

a) la meilleure condition de la société est celle où on ne reconnaît pas au pouvoir le devoir de réprimer par des peines légales les violations de la loi catholique, si ce n’est dans la mesure où la tranquillité publique le demande

a’) de telle sorte qu’en matière religieuse nul ne soit forcé d’agir contre sa conscience ni empêché d’agir, dans de justes limites, selon sa conscience, en privé comme en public, seul ou associé à d’autres

b) La liberté de conscience et des cultes est un droit propre à chaque homme

b’) Ce Concile du Vatican déclare que la personne humaine a droit à la liberté religieuse

c) Ce droit doit être proclamé et garanti par la loi dans toute société bien organisée

c’) Ce droit de la personne humaine à la liberté religieuse dans l’ordre juridique de la société doit être reconnu de telle manière qu’il constitue un droit civil

Ce qu’affirme Vatican II en (a’), (b’), (c’) est condamné par Quanta Cura en (a), (b), (c). Les deux textes se prononcent sur le même sujet : le droit d’exercice public des religions et des cultes, même non catholiques. Les deux textes en appellent à la Révélation et s’expriment, quoi que dans une époque particulière et en raison même de cette époque, d’une façon absolue, comme énonçant un principe de droit naturel.

Cette conclusion sur l’absence actuelle d’Autorité dans l’Eglise, au demeurant triste à poser et troublante pour tous les fidèles, s’impose dans la lumière de la foi, avec une certitude de l’ordre de la foi. Parce que la foi catholique est une, parce qu’elle n’abolit pas la raison et que le principe de non-contradiction est inhérent à son exercice, il est métaphysiquement impossible d’adhérer religieusement à l’enseignement et par conséquent à l’autorité de ces faux pasteurs. Tout fidèle prudent qui vit effectivement de la foi peut et doit conclure à l’absence d’Autorité. L’exercice de la foi catholique rend impossible l’assentiment à l’enseignement de Vatican II. 

Un jugement est téméraire et illégitime si il est prononcé précipitamment, sans intention droite et que les fondements sur lesquels il repose sont incertains ou faux. Par exemple : prêter une mauvaise intention à quelqu’un sans raison. Dans une matière si grave que la foi et avec des certitudes d’un degré tel que nous venons de l’exposer, le jugement s’impose absolument et constitue un devoir. Il ne s’agit pas d’un jugement a priori qui serait consécutif à un caprice de notre part, il s’agit de l’impossibilité métaphysique d’adhérer à une règle de foi qui contredit objectivement l’enseignement de l’Eglise. La meilleure volonté du monde ne pourra pas changer la nature des choses, une chose ne peut pas, en même temps et sous le même rapport, être vraie et fausse. Nous pensons que cela suffit pour fonder la légitimité d’un tel jugement. Les fidèles ne peuvent pas, par jugement privé, ne pas accuser ceux qui « promulguent » ces enseignements, comme les fidèles de Constantinople rompirent la communion avec leur évêque Nestorius entre 428 et 431 (date de sa condamnation), car celui-ci enseignait une doctrine ouvertement contraire à la foi catholique.

L’imprudence se situerait au contraire dans la négation de ce jugement absolument certain. En effet, en rejetant cette conclusion, on est objectivement poussé à relativiser ou à nier des vérités de foi : soit en acceptant l’enseignement de Vatican II et ses suites, qui s’oppose en de nombreux points au Magistère de l’Eglise ; soit en le refusant, attribuant ainsi l’erreur au Pape et à l’Eglise, niant de fait la sainteté et l’infaillibilité de celle-ci.

Les catholiques qui font le constat de la vacance du Siège apostolique ne se substituent nullement à l’Eglise et à son autorité. Ce jugement n’est qu’un constat indubitable, il n’a pas force de loi et n’a pas de portée juridique objective pour l’Eglise. La privation d’autorité qui affecte actuellement l’Eglise rend précisément compliqué une telle sentence authentique. En revanche, de ce jugement certain découle le devoir de ne rien dire ni rien faire qui reviendrait pratiquement à reconnaître l’Autorité à l’actuel occupant du Siège ainsi que celui de proclamer, selon les règles de la prudence et conformément aux moyens dont chacun dispose, la vacance actuelle du Siège apostolique.

« Nous ne pouvons pas ne pas parler »

Act. IV, 20 

On a le droit de résister au Pape et à l’Église

Réponse

« Quant à déterminer quelles sont les doctrines révélées de Dieu, c’est la mission de l’Église enseignante, à laquelle Dieu a confié la garde et l’interprétation de ses paroles. Dans l’Église, le docteur suprême est le Pontife Romain. (…) [Il faut l’obéissance au Magistère de l’Église et du Pape]. L’obéissance doit être parfaite, parce qu’elle est exigée par la foi elle-même, et elle a cela de commun qu’elle ne peut pas être partielle… C’est ce que St Thomas d’Aquin explique d’une manière admirable dans le passage suivant:“(…) Or, il est manifeste que celui qui adhère à la doctrine de l’Église comme à une règle infaillible donne son assentiment à tout ce que l’Église enseigne; autrement, si, parmi les choses que l’Église enseigne, il admet ce qu’il veut et n’admet pas ce qu’il ne veut pas, il adhère non plus à la doctrine de l’Église comme à une règle infaillible, mais à sa propre volonté… L’unité [de l’Église] ne saurait être sauvegardée que si toute question soulevée en matière de foi est résolue par celui qui est le chef de l’Église entière, de sorte que sa sentence soit fermement acceptée par toute l’Église. C’est pourquoi de l’autorité du Souverain Pontife seul relève une nouvelle édition du Symbole comme toutes les autres choses qui regardent l’Église universelle” … C’est pourquoi le Souverain Pontife doit pouvoir déclarer avec autorité ce que contient la parole divine, quelles doctrines concordent avec elle et quelles doctrines s’en écartent: pour la même raison, il doit pouvoir montrer ce qui est bien et ce qui est mal, ce qu’il faut faire et ce qu’il faut éviter pour faire son salut; autrement, il ne pourrait être ni l’interprète infaillible de la parole de Dieu, ni le guide sûr de le vie humaine »

Léon XIII

Cette obéissance appartient à la foi catholique selon saint Pie X :

« C’est dans cette obéissance à la suprême autorité de l’Église et du Souverain Pontife, autorité qui nous propose les vérités de la foi, nous impose les lois de l’Église et nous commande tout ce qui est nécessaire à son bon gouvernement, c’est dans cette autorité que se trouve la règle de notre foi »

Saint Pie X, Catéchisme Romain, Petite Histoire de la Religion, éd. Itinéraires, reprint Dominique Martin Morin, 1978, p. 354

Le Concile Vatican II est pastoral

Réponse

Jésus-Christ a fondé son Eglise en la dotant du pouvoir d’enseigner les vérités contenues dans la Révélation pour les proposer à la foi des fidèles. Fondé sur la Sainte Ecriture, cette infaillibilité a toujours été crue et enseignée par l’Eglise et les théologiens (Voir par exemples l’œuvre de Mgr de Ségur, Le dogme de l’infaillibilité,pp.221-432). L’Eglise enseignante, composée du Pape et des évêques, ne peut pas errer dans son enseignement sur la foi et la morale. Lorsqu’un concile, qui n’est autre que l’Eglise enseignante réunie physiquement, enseigne qu’une vérité est contenue dans la Révélation ou nécessaire à sa compréhension, le fidèle est par le fait même tenu d’y adhérer. En tant que tel, le concile Vatican II aurait donc dû être infaillible toutes les fois qu’il proposait un enseignement en matière de foi et de morale, toutes les fois qu’il exposait une « vérité » contenue dans la Révélation ou nécessairement liée à celle-ci. C’est le cas plusieurs documents du concile qui posent problème à cause de leurs enseignements contraires à la doctrine catholique déjà définie : La déclaration Dignitatis humanae sur la liberté religieuse par exemple. Tous les fidèles auraient dû adhérer religieusement, dans la lumière de la foi, au principe de la liberté religieuse. Évidement, ce principe a déjà été infailliblement condamné par Pie IX (entre autres), signe que le concile Vatican II ne peut pas avoir été promulgué par un pape authentique.

Même dans ses dispositions disciplinaires qui peuvent être modifiées ou abrogées par l’autorité légitime du pape, l’Eglise ne fait qu’appliquer des principes de foi et de morale nécessairement vrais et bons. La discipline et la loi peuvent changer, les principes sur lesquels elles reposent ne le peuvent pas. Si elles peuvent être plus ou moins parfaites, plus ou moins opportunes, elles ne peuvent certainement pas conduire les fidèles qui les observent au mal et à la damnation, elles ne peuvent être nocives à la foi, la morale et le salut éternel : c’est l’inerrance ou « infaillibilité négative » (le cardinal Franzelin l’évoque : FRANZELIN, De Traditione, T. XII, Schol. 1. Cité par L. BILLOT, De Ecclesia Christi, T. I, P. II, c. II, q. X pp. 444-5). Soutenir le contraire va à l’encontre de la sainteté de l’Eglise qui est continuellement assistée par Jésus-Christ en donnant des moyens infaillibles de salut aux fidèles. Pie VI a d’ailleurs jugé cette doctrine « fausse, téméraire, scandaleuse, pernicieuse, offensive des oreilles pies, injurieuse pour l’Église et pour l’Esprit de Dieu par qui elle est conduite, et erronée pour le moins ». Redisons le donc clairement : même dans ses enseignements « pastoraux », l’Eglise ne peut pas se tromper en matière de foi et de morale.

L’article qui suit apporte une réponse plus détaillée : https://religioncatholique.fr/2021/09/02/peut-on-rejeter-vatican-ii-car-il-sagit-dun-concile-pastoral/


Être sédévacantiste c’est abandonner l’Église et en sortir

Réponse

On entend souvent qu’être sédévacantiste est une désertion et qu’il faut rester fidèle à l’Église malgré la crise et agir de l’intérieur.
Être fidèle à l’Église c’est être fidèle à la Foi. Est-ce que l’Église du Christ peut enseigner l’erreur, promulguer des lois mauvaises, et corrompre les âmes au point qu’elle enseigne une nouvelle religion qui n’a plus rien à voir avec le catholicisme et qui pousse à l’indifférentisme le plus absolu ? Non.
Ce n’est donc pas « l’Église » qui est en train de faire cela et dire qu’il faut « rester dans l’Eglise » dans ces circonstances c’est dire que l’Église est cette société corrompue que l’on voit actuellement.
Pour un catholique d’avant Vatican II, ce serait considéré comme un blasphème de dire que l’autorité de l’Église peut faire cela (enseigner l’hérésie et faire une liturgie protestante).
« Rester dans l’Église » c’est rester dans les paroisses corrompues dont on ressortira indifférent au Christ et à son message, et paradoxalement indifférent à son Église, puisque c’est un autre esprit qui anime la paroisse et toutes ses activités.
Beaucoup de « traditionalistes » qui veulent « infiltrer » ou « influencer de l’intérieur » sont devenus plus modernistes qu’ils ne l’étaient en commençant cette démarche. Cela se vérifie y compris pour la FSSPX qui est dans une mentalité de plus en plus libérale.

Méditations pour chaque dimanche

A l’usage du clergé et des fidèles, par le R.P Hamon, curé de Saint-Sulpice, 1881

Cycle de Noël : Mystère de l’Incarnation

Temps de l’Avent

Premier dimanche de l’Avent

Deuxième dimanche de l’Avent

Troisième dimanche de l’Avent

Quatrième dimanche de l’Avent

Temps de Noël

Jour de Noël (25 décembre)

Saint Etienne (26 décembre)

Saint nom de Jésus (2 janvier)

Sainte Famille

Temps après l’Épiphanie

Deuxième dimanche après l’Épiphanie

Troisième dimanche après l’Épiphanie

Quatrième dimanche après l’Épiphanie

Cinquième dimanche après l’Épiphanie

Sixième dimanche après l’Épiphanie

Cycle de Pâques : Mystère de la Rédemption

Temps de la Septuagésime

Dimanche de la Septuagésime

Dimanche de la Sexagésime

Dimanche de la Quinquagésime

Temps du Carême

Premier dimanche de Carême

Deuxième dimanche de Carême

Troisième dimanche de Carême

Quatrième dimanche de Carême

Temps de la Passion

Dimanche de la Passion

Dimanche des Rameaux

Temps Pascal

Dimanche de Pâques

Dimanche in Albis

Deuxième dimanche après Pâques

Troisième dimanche après Pâques

Quatrième dimanche après Pâques

Cinquième dimanche après Pâques

Dimanche dans l’Octave de l’Ascension

Dimanche de la Pentecôte

Temps après la Pentecôte

Dimanche de la Trinité

Deuxième dimanche après la Pentecôte

Troisième dimanche après la Pentecôte

Quatrième dimanche après la Pentecôte

Cinquième dimanche après la Pentecôte

Sixième dimanche après la Pentecôte

Septième dimanche après la Pentecôte

Huitième dimanche après la Pentecôte

Neuvième dimanche après la Pentecôte

Dixième dimanche après la Pentecôte

Onzième dimanche après la Pentecôte

Seizième dimanche après la Pentecôte

Dix-septième dimanche après la Pentecôte

Dix-huitième dimanche après la Pentecôte

Dix-neuvième dimanche après la Pentecôte

Vingtième dimanche après la Pentecôte

Vingt-et-unième dimanche après la Pentecôte

Vingt-deuxième dimanche après la Pentecôte

Vingt-troisième dimanche après la Pentecôte

Vingt-quatrième dimanche après la Pentecôte

Litanies du Très Précieux Sang


Litanies du Précieux Sang de Jésus-Christ en latin :

Kýrie, eléison.
Christe, eléison.
Kýrie, eléison.

Christe, audi nos.
Christe, exáudi nos.

Pater de cælis Deus, miserére nobis.
Fili Redémptor mundi Deus,
Spíritus Sancte Deus,
Sancta Trínitas unus Deus,

Sanguis Christi, Unigéniti Patris Ætérni, Salva nos.
Sanguis Christi, Verbi Dei incarnáti, Salva nos.
Sanguis Christi, Novi et Ætérni Testaménti, Salva nos.
Sanguis Christi, in agonía decúrrens in terram, Salva nos.
Sanguis Christi, in flagellatióne prófluens, Salva nos.
Sanguis Christi, in coronatióne spinárum emánans, Salva nos.
Sanguis Christi, in Cruce effúsus, Salva nos.
Sanguis Christi, prétium nostræ salútis, Salva nos.
Sanguis Christi, sine quo non fit remíssio, Salva nos.
Sanguis Christi, in Eucharístia potus et lavácrum animárum, Salva nos.
Sanguis Christi, flumen misericórdiæ, Salva nos.
Sanguis Christi, victor dǽmonum, Salva nos.
Sanguis Christi, fortitúdo mártyrum, Salva nos.
Sanguis Christi, virtus confessórum, Salva nos.
Sanguis Christi, gérminans vírgines, Salva nos.
Sanguis Christi, robur periclitántium, Salva nos.
Sanguis Christi, levámen laborántium, Salva nos.
Sanguis Christi, in fletu solátium, Salva nos.
Sanguis Christi, spes pæniténtium, Salva nos.
Sanguis Christi, solámen moriéntium, Salva nos.
Sanguis Christi, pax et dulcédo córdium, Salva nos.
Sanguis Christi, pignus vitæ ætérnæ, Salva nos.
Sanguis Christi, ánimas líberans de lacu Purgatórii, Salva nos.
Sanguis Christi, omni glória et honóre digníssimus, Salva nos.

Agnus Dei, qui tollis peccáta mundi, parce nobis, Dómine.
Agnus Dei, qui tollis peccáta mundi, exáudi nos, Dómine.
Agnus Dei, qui tollis peccáta mundi, miserére nobis.

V. Redemísti nos, Dómine, in sánguine tuo.
R. Et fecísti nos Deo nostro regnum.

Orémus : Omnípotens sempitérne Deus, qui unigénitum Fílium tuum mundi Redemptórem constituísti, ac ejus sánguine placári voluísti : concéde quǽsumus, salútis nostræ prétium ita venerári, atque a præséntis vitæ malis ejus virtúte deféndi in terris ; ut fructu perpétuo lætémur in cælis. Per eúndem Christum Dóminum nostrum.
R. Amen


Litanies du Précieux Sang de Jésus-Christ en français :

Seigneur, ayez pitié de nous; Seigneur, ayez pitié de nous;
Jésus-Christ, ayez pitié de nous; Jésus-Christ, ayez pitié de nous;
Seigneur, ayez pitié de nous; Seigneur, ayez pitié de nous;

Jésus-Christ, écoutez-nous; Jésus-Christ, écoutez-nous;
Jésus-Christ, exaucez-nous. Jésus-Christ, exaucez-nous

Père céleste, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous,
Fils, Rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous,
Esprit-Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous,
Trinité Sainte, qui êtes un Seul Dieu, ayez pitié de nous,

Sang du Christ, fils unique du Père éternel, sauvez-nous,
Sang du Christ, Verbe de Dieu incarné, sauvez-nous,
Sang du Christ, de la nouvelle et éternelle Alliance, sauvez-nous,
Sang du Christ, répandu sur la terre pendant son agonie, sauvez-nous,
Sang du Christ, versé lors de la flagellation, sauvez-nous,
Sang du Christ, jaillissant au couronnement d’épines, sauvez-nous,
Sang du Christ, répandu sur la croix, sauvez-nous,
Sang du Christ, prix de notre rédemption, sauvez-nous,
Sang du Christ, sans lequel il n’est point de rémission, sauvez-nous,
Sang du Christ, nourriture eucharistique et purifications des âmes, sauvez-nous,
Sang du Christ, fleuve de miséricorde, sauvez-nous,
Sang du Christ, victoire sur les démons, sauvez-nous,
Sang du Christ, force des martyrs, sauvez-nous,
Sang du Christ, vertu des confesseurs, sauvez-nous,
Sang du Christ, source de virginité, sauvez-nous,
Sang du Christ, salut en tous nos périls, sauvez-nous,
Sang du Christ, soulagement de ceux qui peinent, sauvez-nous,
Sang du Christ, consolation dans les larmes, sauvez-nous,
Sang du Christ, espoir des pénitents, sauvez-nous,
Sang du Christ, secours des mourants, sauvez-nous,
Sang du Christ, paix et douceur des âmes, sauvez-nous,
Sang du Christ, gage de vie éternelle, sauvez-nous,
Sang du Christ, qui libère les âmes du purgatoire, sauvez-nous,
Sang du Christ, digne de tout honneur et de toute gloire, sauvez-nous,

Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, pardonnez-nous Seigneur
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, exaucez-nous Seigneur
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous Seigneur

V. Vous nous avez rachetés, Seigneur, dans votre sang.
R. Et vous avez fait de nous un royaume pour notre Dieu.

Prions : Dieu éternel et tout-puissant qui avez établi votre Fils unique rédempteur du monde et qui avez voulu être apaisé par son sang, accordez-nous une telle vénération pour le prix de notre rédemption que, protégés sur terre par sa puissance contre les maux de cette vie, nous jouissions au ciel de ses fruits éternels. Par le même Jésus-Christ notre Seigneur.
Ainsi soit-il.

Chapelet en l'honneur du Précieux Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ -  images saintes

Les litanies majeures

Kýrie eléison.Seigneur ayez pitié.
Christe eléison.Christ ayez pitié.
Kýrie eléison.Seigneur ayez pitié.
Pater de cælis Deus, miserére nobis.Dieu le Père, du haut des cieux, ayez pitié de nous.
Fili Redémptor mundi Deus, miserére nobis.Dieu le Fils, Rédempteur du monde, ayez pitié de nous.
Spíritus Sancte Deus, miserére nobis.Dieu le Saint-Esprit, ayez pitié de nous.
Sancta Trínitas unus Deus, miserére nobis.Trinité sainte, un seul Dieu, ayez pitié de nous.
Sancta María, ora pro nobis.Sainte Marie, priez pour nous.
Sancta Dei Génitrix, ora pro nobis.Sainte Mère de Dieu, priez pour nous.
Sancta Virgo vírginum, ora pro nobis.Sainte Vierge des Vierges, priez pour nous.
Sancte Míchaël, ora pro nobis.Saint Michel, priez pour nous.
Sancte Gábriel, ora pro nobis.Saint Gabriel, priez pour nous.
Sancte Ráphaël, ora pro nobis.Saint Raphaël, priez pour nous.
Omnes sancti Angeli et Archángeli, oráte pro nobis.Tous les saints Anges et Archanges, priez pour nous.
Omnes sancti beátorum Spirítuum órdines, oráte pro nobis.Tous les saints ordres des Esprits bienheureux, priez pour nous.
Sancte Ioánnes Baptísta, ora pro nobis.Saint Jean-Baptiste, priez pour nous.
Sancte Ioseph, ora pro nobis.Saint Joseph, priez pour nous.
Omnes sancti Patriárchæ et Prophétæ, oráte pro nobis.Tous les saints Patriarches et Prophètes, priez pour nous.
Sancte Petre, ora pro nobis.Saint Pierre, priez pour nous.
Sancte Paule, ora pro nobis.Saint Paul, priez pour nous.
Sancte Andrea, ora pro nobis.Saint André, priez pour nous.
Sancte Iacóbe, ora pro nobis.Saint Jacques, priez pour nous.
Sancte Ioánnes, ora pro nobis.Saint Jean, priez pour nous.
Sancte Thoma, ora pro nobis.Saint Thomas, priez pour nous.
Sancte Iacóbe, ora pro nobis.Saint Jacques, priez pour nous.
Sancte Phílippe, ora pro nobis.Saint Philippe, priez pour nous.
Sancte Bartholomǽe, ora pro nobis.Saint Barthélémy, priez pour nous.
Sancte Matthǽe, ora pro nobis.Saint Mathieu, priez pour nous.
Sancte Simon, ora pro nobis.Saint Simon, priez pour nous.
Sancte Thaddǽe, ora pro nobis.Saint Thaddée, priez pour nous.
Sancte Matthía, ora pro nobis.Saint Matthias, priez pour nous.
Sancte Bárnaba, ora pro nobis.Saint Barnabé, priez pour nous.
Sancte Luca, ora pro nobis.Saint Luc, priez pour nous.
Sancte Marce, ora pro nobis.Saint Marc, priez pour nous.
Omnes sancti Apóstoli et Evangelístæ, oráte pro nobis.Tous les saints Apôtres et Évangélistes, priez pour nous.
Omnes sancti Discípuli Dómini, oráte pro nobis.Tous les saints Disciples du Seigneur, priez pour nous.
Omnes sancti Innocéntes, oráte pro nobis.Tous les saints Innocents, priez pour nous.
Sancte Stéphane, ora pro nobis.Saint Etienne, priez pour nous.
Sancte Laurénti, ora pro nobis.Saint Laurent, priez pour nous.
Sancte Vincénti, ora pro nobis.Saint Vincent, priez pour nous.
Sancti Fabiáne et Sebastiáne, oráte pro nobis.Saint Fabien et saint Sébastien, priez pour nous.
Sancti Ioánnes et Paule, oráte pro nobis.Saint Jean et saint Paul, priez pour nous.
Sancti Cosma et Damiáne oráte pro nobis.Saint Côme et saint Damien, priez pour nous.
Sancti Gervási et Protási, oráte pro nobis.Saint Gervais et saint Protais, priez pour nous.
Omnes sancti Mártyres, oráte pro nobis.Tous les saints Martyrs, priez pour nous.
Sancte Silvéster, ora pro nobis.Saint Sylvestre, priez pour nous.
Sancte Gregóri, ora pro nobis.Saint Grégoire, priez pour nous.
Sancte Ambrósi, ora pro nobis.Saint Ambroise, priez pour nous.
Sancte Augustíne, ora pro nobis.Saint Augustin, priez pour nous.
Sancte Hierónyme, ora pro nobis.Saint Jérôme, priez pour nous.
Sancte Martíne, ora pro nobis.Saint Martin, priez pour nous.
Sancte Nicoláe, ora pro nobis.Saint Nicolas, priez pour nous.
Omnes sancti Pontífices et Confessóres, oráte pro nobis.Tous les saints Pontifes et Confesseurs, priez pour nous.
Omnes sancti Doctóres, oráte pro nobis.Tous les saints Docteurs, priez pour nous.
Sancte Antóni, ora pro nobis.Saint Antoine, priez pour nous.
Sancte Benedícte, ora pro nobis.Saint Benoît, priez pour nous.
Sancte Bernárde, ora pro nobis.Saint Bernard, priez pour nous.
Sancte Domínice, ora pro nobis.Saint Dominique, priez pour nous.
Sancte Francísce, ora pro nobis.Saint François, priez pour nous.
Omnes sancti Sacerdótes et Levítæ, oráte pro nobis.Tous les saints Prêtres et Lévites, priez pour nous.
Omnes sancti Mónachi et Eremítæ, oráte pro nobis.Tous les saints Moines et Ermites, priez pour nous.
Sancta María Magdaléna, ora pro nobis.Sainte Marie-Madeleine, priez pour nous.
Sancta Agatha, ora pro nobis.Sainte Agathe, priez pour nous.
Sancta Lúcia, ora pro nobis.Sainte Lucie, priez pour nous.
Sancta Agnes, ora pro nobis.Sainte Agnès, priez pour nous.
Sancta Cæcília, ora pro nobis.Sainte Cécile, priez pour nous.
Sancta Catharína, ora pro nobis.Sainte Catherine, priez pour nous.
Sancta Anastásia, ora pro nobis.Sainte Anastasie, priez pour nous.
Omnes sanctæ Vírgines et Víduæ, oráte pro nobis.Toutes les saintes Vierges et Veuves, priez pour nous.
Omnes Sancti et Sanctæ Dei, intercédite pro nobis.Tous les Saints et Saintes de Dieu, intercédez pour nous.
Propítius esto, parce nobis Dómine.Soyez-nous propice, pardonnez-nous, Seigneur.
Propítius esto, exáudi nos Dómine.Soyez-nous propice, exaucez-nous, Seigneur.
Ab omni malo, líbera nos Dómine.De tout mal, délivrez-nous, Seigneur.
Ab omni peccáto, líbera nos Dómine.De tout péché, délivrez-nous, Seigneur.
Ab ira tua, líbera nos Dómine.De votre colère, délivrez-nous, Seigneur.
A subitánea et improvísa morte, líbera nos Dómine.D’une mort subite et imprévue, délivrez-nous, Seigneur.
Ab insídiis diáboli, líbera nos Dómine.Des embûches du démon, délivrez-nous, Seigneur.
Ab ira, et ódio, et omni mala voluntáte, líbera nos Dómine.De la colère, de la haine, et de toute mauvaise volonté, délivrez-nous, Seigneur.
A spíritu fornicatiónis, líbera nos Dómine.De l’esprit de fornication, délivrez-nous, Seigneur.
A fúlgure et tempestáte, líbera nos Dómine.De la foudre et de la tempête, délivrez-nous, Seigneur.
A flagéllo terræmótus, líbera nos Dómine.Du fléau des tremblements de terre, délivrez-nous, Seigneur.
A peste, fame, et bello, líbera nos Dómine.De la peste, de la famine et de la guerre, délivrez-nous, Seigneur.
A morte perpétua, líbera nos Dómine.De la mort éternelle, délivrez-nous, Seigneur.
Per mystérium sanctæ incarnatiónis tuæ, líbera nos Dómine.Par le mystère de votre sainte incarnation, délivrez-nous, Seigneur.
Per advéntum tuum, líbera nos Dómine.Par votre avènement, délivrez-nous, Seigneur.
Per nativitátem tuam, líbera nos Dómine.Par votre nativité, délivrez-nous, Seigneur.
Per baptísmum et sanctum ieiúnium tuum, líbera nos Dómine.Par votre baptême et votre saint jeûne, délivrez-nous, Seigneur.
Per crucem et passiónem tuam, líbera nos Dómine.Par votre croix et votre passion, délivrez-nous, Seigneur.
Per mortem et sepultúram tuam, líbera nos Dómine.Par votre mort et votre sépulture, délivrez-nous, Seigneur.
Per sanctam resurrectiónem tuam, líbera nos Dómine.Par votre sainte résurrection, délivrez-nous, Seigneur.
Per admirábilem ascensiónem tuam, líbera nos Dómine.Par votre admirable ascension, délivrez-nous, Seigneur.
Per advéntum Spíritus Sancti Parácliti, líbera nos Dómine.Par la venue du Saint-Esprit Consolateur, délivrez-nous, Seigneur.
In die iudícii, líbera nos Dómine.Au jour du jugement, délivrez-nous, Seigneur.
Peccatóres, te rogámus audi nos.Pécheurs que nous sommes, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Ut nobis parcas, te rogámus audi nos.Daignez nous pardonner, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Ut nobis indúlgeas, te rogámus audi nos.Daignez nous faire grâce, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Ut ad veram pæniténtiam nos perdúcere dignéris, te rogámus audi nos.Daignez nous conduire à une véritable pénitence, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Ut Ecclésiam tuam sanctam * régere et conserváre dignéris, te rogámus audi nos.Daignez gouverner et conserver votre Église sainte, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Ut Domnum Apostólicum et omnes ecclesiásticos órdines * in sancta religióne conserváre dignéris, te rogámus audi nos.Daignez maintenir dans votre sainte religion le Souverain Pontife et tous les ordres de la hiérarchie ecclésiastique, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Ut inimícos sanctæ Ecclésiæ * humiliáre dignéris, te rogámus audi nos.Daignez abaisser les ennemis de la sainte Église, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Ut régibus et princípibus christiánis * pacem et veram concórdiam donáre dignéris, te rogámus audi nos.Daignez établir une paix et une concorde véritables entre les rois et les princes chrétiens, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Ut cuncto pópulo christiáno * pacem et unitátem largíri dignéris, te rogámus audi nos.Daignez accorder à tout le peuple chrétien la paix et l’unité, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Ut omnes errántes ad unitátem Ecclésiæ revocáre, * et infidéles univérsos ad Evangélii lumen perdúcere dignéris, te rogámus audi nos.Daignez rappeler à l’unité de l’Église tous ceux qui sont dans l’erreur et conduire à la lumière de l’Évangile tous les infidèles, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Ut nosmetípsos in tuo sancto servítio * confortáre et conserváre dignéris, te rogámus audi nos.Daignez nous conserver et nous fortifier dans votre saint service, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Ut mentes nostras * ad cæléstia desidéria érigas, te rogámus audi nos.Daignez élever notre esprit et les désirs de notre cœur vers les biens célestes, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Ut ómnibus benefactóribus nostris * sempitérna bona retríbuas, te rogámus audi nos.Daignez récompenser tous nos bienfaiteurs en leur donnant le bonheur éternel, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Ut ánimas nostras, * fratrum, propinquórum et benefactórum nostrórum * ab ætérna damnatióne erípias, te rogámus audi nos.Daignez délivrer de la damnation éternelle, nos âmes, et celles de nos frères, de nos parents et de nos bienfaiteurs, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Ut fructus terræ * dare et conserváre dignéris, te rogámus audi nos.Daignez nous donner les fruits de la terre et les conserver, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Ut ómnibus fidélibus defúnctis * réquiem ætérnam donáre dignéris, te rogámus audi nos.Daignez accorder à tous les fidèles défunts le repos éternel, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Ut nos exaudíre dignéris, te rogámus audi nos.Daignez exaucer nos vœux, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Fili Dei, te rogámus audi nos.Fils de Dieu, nous vous en supplions, écoutez-nous.
Agnus Dei, qui tollis peccáta mundi, parce nobis Dómine.Agneau de Dieu, qui ôtez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Agnus Dei, qui tollis peccáta mundi, exáudi nos Dómine.Agneau de Dieu, qui ôtez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.
Agnus Dei, qui tollis peccáta mundi, miserére nobis.Agneau de Dieu, qui ôtez les péchés du monde, ayez pitié de nous.
Christe, audi nos.Christ, écoutez-nous.
Christe, exáudi nos.Christ, exaucez-nous.
Kýrie eléison.Seigneur ayez pitié.
Christe eléison.Christ ayez pitié.
Kýrie eléison.Seigneur ayez pitié.
Pater noster.Notre Père
V/. Et ne nos indúcas in tentatiónem.V/. Et ne nous laissez pas succomber à la tentation.
R/. Sed líbera nos a malo.R/. Mais délivrez-nous du mal.

Psalmus 69

Psaume 69
Deus, in adiutórium meum inténde : * Dómine, ad adiuvándum me festína.O Dieu, venez à mon aide ; Seigneur, hâtez-vous de me secourir.
Confundántur et revereántur, * qui quærunt ánimam meam.Qu’ils soient confondus, et couverts de honte, ceux qui cherchent mon âme.
Avertántur retrórsum, et erubéscant, * qui volunt mihi mala.Qu’ils soient rejetés en arrière et qu’ils rougissent, ceux qui me veulent des maux.
Avertántur statim erubescéntes, * qui dicunt mihi : Euge, euge.Qu’ils soient aussitôt repousses en rougissant, ceux qui me disent : Ah ! Ah !
Exsúltent et læténtur in te omnes qui quærunt te, * et dicant semper : Magnificétur Dóminus : qui díligunt salutáre tuum.Mais qu’ils soient dans l’allégresse et se réjouissent en vous tous ceux qui vous cherchent, et qu’ils disent sans cesse : Que le Seigneur soit glorifié, ceux qui aiment votre salut.
Ego vero egénus, et pauper sum : * Deus, ádiuva me.Pour moi je suis indigent et pauvre ; Dieu, aidez-moi.
Adiútor meus, et liberátor meus es tu : * Dómine, ne moréris.Vous êtes mon aide et mon libérateur ; Seigneur, ne tardez pas.
Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto.Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit.
Sicut erat in princípio, et nunc, et semper, * et in sǽcula sæculórum. Amen.Comme il était au commencement, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles.
V/. Salvos fac servos tuos.V/. Sauvez vos serviteurs.
R/. Deus meus sperántes in te.R/. Qui espèrent en vous, mon Dieu.
V/. Esto nobis Dómine turris fortitúdinis.V/. Seigneur, soyez pour nous une tour forte.
R/. A fácie inimíci.R/. A la face de l’ennemi.
V/. Nihil profíciat inimícus in nobis.V/. Que l’ennemi ne prévale en rien contre nous.
R/. Et fílius iniquitátis non appónat nocére nobis.R/. Et que le fils d’iniquité ne puisse nous nuire.
V/. Dómine non secúndum peccáta nostra fácias nobis.V/. Seigneur, ne nous traitez pas selon nos péchés.
R/. Neque secúndum iniquitátes nostras retríbuas nobis.R/. Et ne nous rétribuez pas selon nos iniquités.
V/. Orémus pro Pontífice nostro N.V/. Prions pour notre Pontife N…
R/.Dóminus consérvet eum, et vivíficet eum, + et beátum fáciat eum in terra, * et non tradat eum in ánimam inimicórum eius.R/. Que le Seigneur le garde, lui donne une longue vie, le rende heureux sur la terre et ne l’abandonne point à la puissance de ses ennemis.
V/. Orémus pro benefactóribus nostris.V/. Prions pour nos bienfaiteurs.
R/. Retribúere dignáre Dómine, + ómnibus nobis bona faciéntibus propter nomen tuum, * vitam ætérnam. Amen.R/. Daignez, Seigneur, pour la gloire de votre nom, accorder la vie éternelle à ceux qui nous font du bien. Ainsi soit-il.
V/. Orémus pro fidélibus defúnctis.V/.Prions pour les fidèles défunts.
R/.Réquiem ætérnam dona eis Dómine, * et lux perpétua lúceat eis.R/. Seigneur, donnez-leur le repos éternel, et que la lumière sans fin luise sur eux.
V/. Requiéscant in pace.V/. Qu’ils reposent en paix.
R/. Amen.R/. Ainsi soit-il.
V/.Pro frátribus nostris abséntibus.V/. Prions pour nos frères absents.
R/. Salvos fac servos tuos, * Deus meus, sperántes in te.R/. Mon Dieu, sauvez vos serviteurs qui espèrent en vous.
V/. Mitte eis Dómine auxílium de sancto.V/. Seigneur, envoyez-leur du secours du lieu saint.
R/. Et de Sion tuére eos.R/. Et de Sion, protégez-les.
V/. Dómine exáudi oratiónem meam.V/. Seigneur, exaucez ma prière.
R/.Et clamor meus ad te véniat.R/. Et que mes cris s’élèvent jusqu’à vous.
V/.Dóminus vobíscum.V/. Que le Seigneur soit avec vous.
R/. Et cum spiritu tuo.R/. Et avec votre esprit.


Orémus.


Prions.
Deus, cui próprium est miseréri semper et párcere : súscipe deprecatiónem nostram ; ut nos, et omnes fámulos tuos, quos delictórum caténa constríngit, miserátio tuæ pietátis cleménter absólvat.O Dieu, dont le propre est d’avoir toujours pitié et de pardonner, accueillez notre prière ; et que, par un effet de votre clémence et de votre bonté miséricordieuse, nous soyons délivrés des liens de nos péchés, nous et tous vos serviteurs.
Exáudi, quǽsumus Dómine, súpplicum preces : et confiténtium tibi parce peccátis ; ut páriter nobis indulgéntiam tríbuas benígnus et pacem.Nous vous demandons, Seigneur, d’exaucer nos suppliantes prières et de nous remettre nos péchés, dont nous vous faisons l’aveu ; en sorte que votre bonté nous accorde en même temps l’indulgence et la paix.
Ineffábilem nobis Dómine misericórdiam tuam cleménter osténde : ut simul nos et a peccátis ómnibus éxuas ; et a pœnis, quas pro his merémur, erípias.Seigneur, faites paraître sur nous, en toute clémence, votre ineffable miséricorde ; et, nous délivrant de tous nos péchés, délivrez-nous aussi des peines qu’ils nous ont méritées.
Deus, qui culpa offénderis, pæniténtia placáris : preces pópuli tui supplicántis propítius réspice ; et flagélla tuæ iracúndiæ quæ pro peccátis nostris merémur, avérte.O Dieu, que les péchés offensent, et que la pénitence apaise : recevez en pitié les humbles prières de votre peuple suppliant, et détournez de nous les fléaux de votre colère, que nous méritons à cause de nos péchés.
Omnípotens sempitérne Deus, miserére fámulo tuo Pontífici nostro N. : et dírige eum secúndum tuam cleméntiam in viam salútis ætérnæ ; ut, te donánte, tibi plácita cúpiat, et tota virtúte perfíciat.Dieu tout-puissant et éternel, ayez pitié de votre serviteur, notre Pontife N., et conduisez-le par votre bonté dans la voie du salut éternel, en lui faisant vouloir, par un don de votre grâce, tout ce qui vous est agréable, et le lui faisant accomplir de toutes ses forces.
Deus, a quo sancta desidéria, recta consília, et iusta sunt ópera : da servis tuis illam, quam mundus dare non potest, pacem ; ut et corda nostra mandátis tuis dédita, et hóstium subláta formídine, témpora sint tua protectióne tranquílla.O Dieu, qui êtes la source des saints désirs, des bons desseins, et des actions justes, accordez à vos serviteurs cette paix que le monde ne peut donner, afin que nos cœurs s’attachent à vos commandements, et que, délivrés de la crainte des ennemis, nous ayons des jours tranquilles sous votre protection.
Ure igne Sancti Spíritus renes nostros et cor nostrum Dómine : ut tibi casto córpore serviámus, et mundo corde placeámus.Seigneur, brûlez nos reins et nos cœurs du feu de l’Esprit-Saint, pour que nous vous servions dans un corps chaste et que nous vous soyons agréables par la pureté de nos âmes.
Fidélium Deus ómnium cónditor et redémptor, animábus famulórum famularúmque tuárum remissiónem cunctórum tríbue peccatórum : ut indulgéntiam, quam semper optavérunt, piis supplicatiónibus consequántur.Seigneur, qui êtes le Créateur et le Rédempteur de tous les fidèles, accordez aux âmes de vos serviteurs et servantes la rémission de tous leurs péchés ; afin qu’elles obtiennent, par nos pieuses supplications, le pardon qu’elles ont toujours désiré.
Actiónes nostras, quǽsumus Dómine, aspirándo prǽveni, et adiuvándo proséquere : ut cuncta nostra orátio et operátio a te semper incípiat, et per te cœpta finiátur.Nous vous prions, Seigneur, de prévenir toutes nos actions par votre inspiration, et de les conduire par votre grâce ; afin toutes nos prières et toutes nos œuvres aient en vous leur commencement et leur fin.
Omnípotens sempitérne Deus, qui vivórum domináris simul et mortuórum, omniúmque miseréris, quos tuos fide et ópere futúros esse prænóscis : te súpplices exorámus ; ut pro quibus effúndere preces decrévimus, quosque vel præsens sǽculum adhuc in carne rétinet, vel futúrum iam exútos córpore suscépit, intercedéntibus ómnibus Sanctis tuis, pietátis tuæ cleméntia, ómnium delictórum suórum véniam consequántur. Per Dóminum nostrum Iesum Christum Fílium tuum : qui tecum vivit et regnat in unitáte Spíritus Sancti Deus, per omnia sǽcula sæculórum.Dieu tout-puissant et éternel, souverain Seigneur des vivants et des morts, qui faites miséricorde à tous ceux que vous connaissez devoir être du nombre de vos élus par leur foi et leurs bonnes œuvres, nous vous demandons en toute humilité que ceux pour qui nous vous adressons des prières, qu’ils soient encore retenus en ce monde par les liens de la chair, ou, que, déjà dépouillés de leurs corps, ils soient passés dans l’autre monde, obtiennent de votre clémence et de votre bonté, par l’intercession de tous vos Saints, la rémission de tous leurs péchés.
R/. Amen.R/. Ainsi soit-il.
V/.Dominus vobiscum.V/. Que le Seigneur soit avec vous.
R/. Et cum spiritu tuo.R/. Et avec votre esprit.
V/. Exáudiat nos omnípotens et miséricors Dóminus.V/. Que le Seigneur tout-puissant et miséricordieux
nous exauce.
R/. Amen.R/. Ainsi soit-il.
V/.Et fidélium ánimæ per misericórdiam Dei requiéscant in pace.V/. Et que, par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix.
R/. Amen.R/. Ainsi soit-il.
Procession de saint Gregoire aux Litanies Majeures par Jacopo Zucchi (Musées du Vatican).

Lectures de Carême 2024

4e dimanche de Carême [10.03.2024]

Lundi de la 4e semaine de Carême [11.03.2024]

Mardi de la 4e semaine de Carême [12.03.2024]

Mercredi de la 4e semaine de Carême [13.03.2024]

Jeudi de la 4e semaine de Carême [14.03.2024]

Vendredi de la 4e semaine de Carême [15.03.2024]

Samedi de la 4e semaine de Carême [16.03.2024]

Dimanche de la Passion [17.03.2024]

Lundi de la Passion [18.03.2024]

Mardi de la Passion [19.03.2024]

Mercredi de la Passion [20.03.2024]

Jeudi de la Passion [21.03.2024]

Vendredi de la Passion [22.03.2024]

Samedi de la Passion [23.03.2024]

Dimanche des Rameaux [24.03.2024]

Lundi Saint [25.03.2024]

Mardi Saint [26.03.2024]

Mercredi Saint [27.03.2024]

Jeudi Saint [28.03.2024]

Vendredi Saint [29.03.2024]

Samedi Saint [30.03.2024]

12 raisons de ne pas être orthodoxe

12 raisons de rejeter le schisme oriental


Le protestantisme en 7 points

Qu’est-ce que le protestantisme ?

Le protestantisme est un courant religieux voulant former un christianisme hors de toute hiérarchie catholique, refusant toute médiation de l’Eglise entre l’individu et le Christ.

L’Eglise nous enseigne au contraire que l’on doit passer par elle pour être sauvée. C’est ce que nous enseigne Notre Seigneur dans l’évangile où il dit « S’il n’écoute pas même l’Eglise, qu’il soit pour toi comme le païen et le publicain » (Matthieu 18, 17), il dit également à ses apôtres « Celui qui vous écoute m’écoute, celui qui vous rejette me rejette ; or celui qui me rejette, rejette celui qui m’a envoyé » (Luc 10, 16). De plus, l’individu livré à lui-même, même avec les secours de la grâce ne peut que difficilement se sauver, ce pourquoi il a besoin d’intermédiaires. Enfin, les réformateurs protestants comme Luther, Calvin, viennent de l’Eglise catholique et tiennent leurs baptêmes, l’écriture sainte, de l’Eglise. Le protestantisme a été créé par des hommes alors que l’Eglise catholique a été fondée par Notre Seigneur Jésus-Christ.


D’où vient le protestantisme ?

Le protestantisme, dans sa forme aboutie, a été présenté et développé par un religieux allemand Martin Luther (1483-1546) à partir de 1520. On préfère initialement parler de réforme, le qualificatif de protestant datant de la Diète de Spire de 1529 pour désigner les princes allemands luthériens qui protestaient contre l’empereur Charles Quint, les luthériens réemploieront ce nom en tant qu’ils protesteraient la Foi dans le Christ. La réforme sera développée ultérieurement par Ulrich Zwingly (1484-1531) en Suisse, par Jean Calvin (1509-1564) à Genève et en France. Historiquement, le qualificatif de protestant est attribué à la réforme luthérienne, les autres courants étant qualifiés de ‘’réformés’’.


Quels sont les fondements de la réforme protestante ?

Le protestantisme se fonde sur le salut par la foi seule et le rejet de l’autorité de l’Eglise catholique par le libre examen et le sacerdoce universel.


En quoi consiste le salut par la foi seule ?

Luther prétend que l’homme n’est pas sauvé par les œuvres mais seulement par la ‘’Foi’’. Pour Luther, la Foi consiste à croire que Dieu nous pardonnera nos péchés et nous conduira au ciel sans mérite ou effort de notre part. Pour Luther, cette confiance suffit à sauver l’homme de l’enfer et nous rend justes aux yeux de Dieu, sans nous rendre bons pour autant. Le salut ne dépend absolument pas de l’homme mais totalement de Dieu qui donne son salut de manière totalement gratuite, ainsi on ne peut choisir d’aller en enfer ou au ciel, Dieu nous donne la Foi sans notre consentement et peut nous l’enlever de même. Pour Luther, faire une bonne œuvre en vue du salut de son âme est un péché, car l’on s’attribuerait à soi alors les mérites de notre salut et non à Jésus-Christ. De son côté, Jean Calvin adhère à la théorie de la double prédestination, voulant que chaque homme soit prédestiné au salut ou à la damnation, sans choix libre de sa part, cette prédestination au ciel peut se manifester par la réussite sociale, les richesses extérieures ou la facilité à accomplir certains actes vertueux. Pour Calvin, l’accomplissement de bonnes œuvres est un acte louable, permettant de confirmer que Dieu nous prédestine, mais parfaitement inutile dans l’ordre du salut.

Au salut par la Foi seule, l’Eglise répond que le grâce de Dieu ne peut sauver l’homme que s’il s’y dispose par sa bonne volonté. Notre seigneur dit lui-même « Ce n’est pas celui qui m’aura dit : » Seigneur, Seigneur ! » qui entrera dans le royaume des cieux, mais celui qui aura fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. » (Matthieu 7, 21). De même l’Apôtre Saint Jacques rappelle dans son épitre que la Foi sans les œuvres est morte :  « que sert-il, mes frères, à un homme de dire qu’il a la foi, s’il n’a pas les œuvres ? Est-ce que cette foi pourra le sauver ? » (Jacques II, XIV), « vous voyez que l’homme est justifié par les œuvres, et non par la foi seulement » (Jacques II, XXIV).


Qu’est-ce que le principe ‘’sola scriptura’’ et le libre examen ?

Le sola scriptura est la prétention du protestantisme, qu’il n’y aurait d’autres autorités en matière de Foi que l’écriture sainte, rejetant la Tradition et l’enseignement de l’Eglise. Le libre examen consiste à dire que l’écriture sainte n’a pas à être interprétée par l’Eglise mais qu’elle peut être interprétée par un simple particulier avec ses propres lumières. Selon les courants, un simple particulier, s’il a la Foi, sera assisté par le Saint-Esprit quand il lit la Bible afin de pouvoir la comprendre, pour d’autres, le fidèle pourrait examiner la bible et la comprendre avec sa simple intelligence sans recourir à l’Eglise ou à l’Esprit-Saint.

L’Eglise catholique distingue comme autorité la règle prochaine de la foi qui est son magistère (enseignement des papes, conciles, doctrines enseignées unanimement par les évêques dispersés dans le monde) et la règle éloignée de la foi (écriture sainte et Tradition). Un Chrétien doit croire tout ce que l’Eglise lui enseigne car Notre Seigneur lui a promis l’assistance du Saint-Esprit dans son enseignement, l’Apôtre Saint Paul rappelle que l’Eglise de Dieu est « Colonne et base de la vérité » (Timothée III, XV). De même, la révélation s’est transmise de deux manières, par l’écriture sainte et la Tradition. L’Eglise rappelle que l’écriture sainte doit être comprise à la lumière de l’enseignement de l’Eglise. En effet, nous voyons que le canon de l’écriture sainte a été délimité par l’Eglise, Saint Augustin dit lui-même qu’il ne croit à l’écriture sainte que parce que l’Eglise est garante de son authenticité. L’écriture sainte elle-même rappelle que certains de ses passages sont obscurs et ne peuvent être interprétés par n’importe qui « Il s’y rencontre des passages difficiles à entendre, et que des personnes ignorantes et mal affermies détournent, comme elles font les autres Ecritures, pour leur perdition » (II Pierre III, XVI). Dans les actes des apôtres, le diacre Phillipe demande à l’eunuque éthiopien s’il comprend ce qu’il lit dans l’écriture sainte, l’eunuque lui répond « Et comment le pourrais-je si quelqu’un ne me guide ? » (Actes VIII, XXXI). L’écriture ne peut donc être interprétée seule. Quant à la Tradition, nous pouvons remarquer que durant les premières années de prédications apostolique, le nouveau testament n’était pas écrit et les fidèles catholiques devaient se fier à la parole des apôtres, de plus, l’écriture sainte nous fait voir son existence « Jésus a fait encore beaucoup d’autres choses; si on les rapportait en détail, je ne pense pas que le monde entier pût contenir les livres qu’il faudrait écrire. » (Jean XXI, XXV), Saint Jean dit dans deux de ses épitres : « Quoique j’eusse beaucoup de choses à vous écrire, je n’ai pas voulu le faire avec le papier et l’encre; mais j’espère aller chez vous et vous entretenir de vive voix, afin que votre joie soit parfaite. » (II Jean I, XII).


Qu’est-ce que le sacerdoce universel ?

Par la doctrine du sacerdoce universel, Luther prétend que tout baptisé est prêtre et peut consacrer l’Eucharistie.

L’Eglise au contraire nous enseigne que seul un prêtre ordonné par un évêque peut célébrer validement la Sainte Messe. Un prêtre doit être ordonné par un évêque et un évêque doit être sacré par un autre évêque, les premiers évêques étant sacrés par les apôtres par l’imposition des mains. On retrouve l’ordination des évêques dans l’écriture sainte.


Comment fonctionne le culte protestant ?

La messe catholique, renouvellement non sanglant du sacrifice de la croix est remplacé par un mémorial de la Cène du Christ. Alors que dans la Messe catholique le corps et le sang sont réellement et substantiellement présents derrière les apparences du pain et du vin, protestants et réformés relativisent la présence réelle, voire la suppriment. Martin Luther croit en une présence conjointe du pain et du corps, du vin et du sang. Jean Calvin pense qu’il y a une présence spirituelle du Christ dans l’eucharistie. Quant à Ulrich Zwingli et à Phillipe Melanchthon (1497-1560), ils pensent qu’il n’y a pas de présence réelle, mais que le pain et le vin représentent symboliquement le corps et le sang du Christ. Alors que Saint Sacrifice de la Messe est offert sur un autel et célébré en Latin ou dans une langue sacrée, la cène protestante est célébrée en langue vulgaire sur une table. Les cultes protestants et réformés sont très variables à travers le monde. Enfin, si l’Eglise catholique enseigne d’une seule voix, qu’il y  a sept sacrements, les protestants sont divisés, Calvin en admet deux (baptême, eucharistie), Luther en reconnait trois (il y ajoute la confession) et Melanchthon en ajoute un quatrième (l’ordination).


Paul-Marie C.

La recherche de la vérité

Sommaire
· Définitions sur la vérité
· Des degrés de certitude
· Les vérités abstraites et spirituelles sont les plus certaines
· Plusieurs points de vue, pas plusieurs vérités
· Relativisme en paroles, réalisme en pratique !
· Une réalité extérieure qui s’impose à nous
· Méthodologie pour la recherche de la vérité


[Jésus dit :] Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité.  Quiconque est de la vérité écoute ma voix. Pilate lui dit : qu’est-ce que la vérité ?

Jean XVIII, 37-38

Pour Ponce Pilate, la question est rhétorique : aussitôt après l’avoir posée, il se détourne de Jésus pour revenir vers les Juifs qui le lui avaient amené. La quête de la vérité ne l’intéresse pas.

Mais pour vous lecteur, nous espérons que la question n’est pas rhétorique : vous cherchez peut-être la vérité, et vous avez de la peine à la trouver, vous avez de la peine même à mettre une définition sur ce terme dans un monde où l’agnosticisme et le relativisme sont devenus des sortes de dogmes religieux, que l’on ne peut pas remettre en cause sans devenir aux yeux des autres un extrémiste.

Celui qui a une quelconque croyance religieuse doit, pour être accepté socialement, présenter sa foi comme n’engageant que lui-même et relevant de son appréciation personnelle des choses, comme si elle ne dépendait pas d’une vérité objective.

Jésus dit pourtant : quiconque est de la vérité, quiconque est du « parti » de la vérité, écoute ma voix. Vous vous demandez peut-être quel est ce parti et s’il vaut la peine d’être rejoint. Dans ce cas, nous espérons que ce qui suit vous sera utile.

Des définitions

Il est rare que nous passions un jour sans prononcer le mot « vérité », sans l’entendre ou le lire, car ce terme est d’un emploi nécessaire pour parler des choses de la vie de tous les jours. En cette époque de « fake news » et de « fact checking », il acquiert même une sorte de caractère polémique : chacun fait profession d’être défenseur de la vérité.

Mais nous ne réfléchissons pas à une définition précise du terme, et lorsqu’il s’agit de réfléchir sur « ce qu’est la vérité », de philosopher sur le sujet, c’est presque toujours pour employer un langage fumeux, revenant à dire qu’il n’y a pas de vérité ou qu’on ne sait pas ce qu’est la vérité.

Sauf lorsqu’il s’agit de dénoncer les « fake news » !

Nous vous proposons une définition précise.

La vérité est la retranscription exacte ou le reflet, dans notre esprit, de la réalité, de ce qui est réellement. En latin :adequatio rei et intellectus, l’adéquation entre la chose (une réalité extérieure indépendante de nous) et l’intellect (notre capacité d’abstraction de sujet pensant).

C’est-à-dire que notre esprit est dans le vrai, que nous disons la vérité, lorsque ce qui est dans notre esprit et ce qui en sort (par la parole) est conforme à la réalité. On dit qu’une proposition ou un principe est « une vérité » lorsque, dans le domaine précis de cette proposition ou de ce principe, l’idée est conforme à ce qui est réellement.

Par exemple : dire que le point d’ébullition de l’eau se situe à 100°C à pression atmosphérique normale, c’est une vérité, continuellement vérifiable par l’expérience. Mais on peut dire aussi que c’est «la vérité» de manière plus générale, dans le sens que sur cette question précise du point d’ébullition de l’eau, il n’y a pas d’autre pensée conforme à la réalité que celle qui consiste à dire que ce point d’ébullition se trouve à 100°C.

Peut-être vous aviserez-vous de douter et de dire : « dire que l’eau bout à 100°C, ce n’est pas vrai, car suivant la pression atmosphérique, le point d’ébullition change». Vous n’avez pas vu la deuxième partie de notre proposition : « à pression atmosphérique normale ». Dire que l’eau bout à 100°C est vrai sous le rapport d’une condition atmosphérique ordinaire ; ce n’est pas vrai sous le rapport d’une autre condition, par exemple si l’on se trouve à 2000 mètres d’altitude.

Le fait qu’une chose puisse être vraie sous un certain rapport et fausse sous un autre rapport, dans un autre référentiel, n’est absolument pas un problème quant à la question de savoir s’il existe une vérité : je suis grand par rapport à une fourmi, je suis petit par rapport à une montagne, il ne s’agit pas de dire que je suis « petit » et « grand » en même temps et sous le même rapport.

L’eau peut bouillir à 100°C sous un certain rapport et à 85°C sous un autre.

Vous direz peut-être : il n’y a pas de « condition atmosphérique ordinaire », cette notion est simplement une convention humaine arbitraire et pas le reflet d’une réalité.

Nous vous répondons : c’est un terme humain qui correspond à une réalité bien qu’il soit entaché d’une certaine imprécision : on pourrait qualifier cette réalité plus précisément en employant des unités de mesure de la pression atmosphérique, de l’altitude, ou autre.

Peut-être que ce n’est pas 100°C mais 99,99999999°C dans la plupart des cas, qu’importe : dans la grosseur du trait, cela reste un principe vérifiable.

Cet exemple nous permets d’établir plusieurs choses :

Premièrement, que les « vérités scientifiques », qui sont censées être les seules propositions recevables par l’esprit de l’homme moderne et civilisé, sont en fait presque toujours entachées d’une certaine imprécision.

Ce n’est pas du relativisme que de le dire : c’est simplement qu’il est difficile de faire correspondre très exactement l’esprit humain avec cette réalité matérielle changeante et complexe qu’est l’univers.

Les vérités de la science physique ne sont pas parmi les vérités les plus « fortes », les mieux établies dans l’esprit humain, parce que leur objet est difficile d’accès.

Il y a des domaines de la réalité qui sont de nature à susciter dans l’esprit humain des pensées beaucoup plus précises et exactes de vérité, parce qu’ils sont plus abstraits et détachés de la matière, donc plus directement conformes à la nature de l’esprit : les mathématiques, la philosophie (nous en reparlerons).

Deuxièmement, que « la vérité » ce n’est pas seulement une grande question métaphysique, cela concerne d’abord et premièrement des choses de la vie ordinaire.

Pour faire cuire vos pâtes vous devez porter l’eau à son point d’ébullition, donc vous devez utiliser des outils particuliers pour chauffer cette eau : cuisinière, plaques de cuisson.

Vous vivez en fonction de cette vérité qui est dans votre esprit : vous savez que la réalité fonctionne ainsi, vous savez qu’il faut chauffer l’eau un certain temps et avec une certaine intensité pour parvenir à votre fin, qui est de faire cuire les pâtes.

Si dans ce domaine précis, vous refusez la vérité, par exemple vous choisissez pour vous une croyance selon laquelle l’eau n’a pas besoin d’être chauffée mais qu’il suffit de chanter dessus pour qu’elle bouille, vous passerez des heures à chanter sur votre eau et il ne se passera rien… c’est dommage.

Il vaut mieux, en toutes choses, chercher à connaître la vérité et à vivre en conformité avec elle.

Troisièmement, que l’on peut déjà à partir de cet exemple expliquer une méthodologie de la recherche de la vérité : pour conformer notre esprit à la réalité (puisque la vérité réside dans cette conformation, dans cette adéquation), il faut 1) se baser sur l’expérience, sur des choses immédiatement constatables, 2) faire des raisonnements.

C’est ce que l’on appelle, dans le premier cas, l’évidence immédiate (l’esprit trouve directement la réalité à l’aide des sens : par exemple, mon thermomètre placé dans l’eau affiche 100°C tandis qu’elle commence à bouillir, je le vois, et je sais que mon thermomètre fonctionne bien).

Dans le second cas, l’évidence médiate ou indirecte : l’esprit trouve la réalité en tirant d’une chose concrète un principe abstrait, en concluant de manière logique à l’existence d’un principe universel : si l’expérience de faire bouillir l’eau avec un thermomètre dans une condition atmosphérique normale donne toujours 100°C, ce n’est pas simplement que mon eau ce jour-là a bouilli à 100°C, c’est que d’une manière générale cet élément qu’on appelle l’eau est déterminé par nature à bouillir à telle température sous le rapport de telle condition atmosphérique.

Du particulier au général : c’est le raisonnement par induction, je remonte au principe à partir d’une multiplicité d’expériences.

Si je me trouve à l’autre bout de la terre mais que les conditions atmosphériques sont les mêmes que l’endroit où j’ai fait bouillir de l’eau la dernière fois, je sais que cette eau que je trouve à l’autre bout de la terre a le même point d’ébullition que l’autre eau : du général au particulier, c’est le raisonnement par déduction.

Des degrés de certitude

Comme nous le disions, cet exemple n’est pas tout à fait heureux : cette vérité sur le point d’ébullition de l’eau, pour pratique qu’elle soit, n’est pas extrêmement précise.

Il est beaucoup plus certain que 2 + 2 font 4 qu’il n’est certain que « l’eau bout à 100°C », car il faut toujours prendre en compte un certain référentiel. Mais alors, il n’y a pas de « vérité absolue et unique » sur ce sujet ?

Ce n’est pas ce que nous disons : sur ce point précis de la réalité, notre esprit s’approche de la réalité très fortement bien qu’il peine à s’y conformer de manière absolue (cf. la définition de la « condition atmosphérique normale »).

Ce qui est imprécis et hésitant, ce n’est pas la réalité en elle-même : c’est l’état de notre esprit, qui cherche à se conformer à cette réalité. Il y a certainement une manière plus précise et exacte de dire que l’eau bout à 100°C dans une pression atmosphérique normale : cette vérité existe, et on s’en rapproche avec cette proposition.

2 + 2 = 4. Voici quelque chose de beaucoup plus certain : parce qu’ici on ne se préoccupe plus des contingences de la matière, mais simplement d’étudier des principes abstraits.

Ceux qui disent : « mais là aussi, ce n’est vrai que selon un certain référentiel » se trompent. L’arithmétique, et les autres disciplines des mathématiques, ne sont pas des conventions sociales : ce qui est conventionnel, c’est d’appeler « deux » le deux, et « quatre » le quatre, d’utiliser le symbole « + » pour exprimer le principe de l’addition, mais derrière les mots et les symboles il y a une réalité abstraite universelle, si bien que l’on peut faire de l’arithmétique dans n’importe quelle langue : le mot change, la réalité désignée est la même.

Aujourd’hui, les mathématiciens s’amusent à faire des thèses entières en prenant des référentiels absurdes, par exemple en partant du principe que 2 + 2 = 5 : c’est simplement un jeu intellectuel, pour des génies un peu désabusés, ce sont de fausses mathématiques parce qu’elles ne reflètent pas la réalité.

Pendant ce temps, on emploie continuellement les vraies mathématiques pour interagir avec la réalité : sans mathématiques, pas d’industrie, pas de fiscalité, pas de comptabilité, pas de progrès technique : et c’est encore la meilleure preuve que la science mathématique correspond à la réalité, pour abstraite et invisible qu’elle soit, que de pouvoir constater à quel point elle a des conséquences pratiques et universelles dans la vie humaine.

Celui qui affecte de se moquer de l’arithmétique en disant qu’elle est une convention arbitraire utilise l’arithmétique tous les jours sans s’en rendre compte, et tout ce qui se passe autour de lui a une certaine part avec les principes de l’arithmétique.

Mais il y a des choses encore plus certaines que les mathématiques. Prenons ce principe :  « Les choses sont ce qu’elles sont, et ne sont pas ce qu’elles ne sont pas » : c’est un truisme, direz-vous.

Oui, c’est une banalité si l’on veut, mais cela reste une vérité métaphysique absolument certaine et universelle : elle s’applique à tout, on ne peut pas lui trouver d’exception. Pour l’exprimer encore plus précisément : « une chose ne peut pas, en même temps et sous le même rapport, être et ne pas être ».

Les mathématiques ne s’appliquent qu’à étudier la réalité sous le rapport de la numération. La philosophie s’applique à étudier la réalité … en tant que réalité : c’est le degré le plus haut de la connaissance. La science physique étudie les lois de la matière, la biologie étudie les lois de la vie, la science mathématique étudie les lois de la numération, etc… tandis que la science philosophique, car il s’agit bien d’une science si l’on est réaliste, étudie les « les lois des lois », les principes qui régissent toutes les dimensions de la réalité.

C’est pourquoi une certitude philosophique, une vérité dans le domaine philosophique, est beaucoup plus certaine qu’une vérité dans le domaine des sciences appliquées : elle est plus directement conforme à la réalité que l’esprit humain essaye de connaître.

Cela ne veut pas dire qu’il est plus facile d’atteindre la vérité en philosophie qu’en mathématiques : cela veut dire qu’il est possible d’exprimer des propositions ayant un degré de certitude absolu, une fois qu’on les a bien comprises.


A gauche de l’image, Pythagore est en train d’écrire. Extrait de la fresque de Raphaël L’école d’Athènes.

Les vérités abstraites et spirituelles sont les plus certaines

« L’eau bout à 100°C dans une condition atmosphérique normale » : c’est une certitude pratique et approximative, qui pourrait être précisée ou discutée dans certaines limites. « Les choses sont ce qu’elles sont, et ne sont pas ce qu’elles ne sont pas », « deux plus deux font quatre » : ce sont des certitudes absolues, indiscutables sous aucun rapport, parce qu’elles ne dépendent pas des contingences de la matière : les vérités abstraites et spirituelles sont plus certaines que les vérités appartenant aux sciences expérimentales, parce que les principes qu’elle étudie sont plus généraux et moins particuliers.

L’esprit humain est capable, par l’effort conjoint de la constatation sensible (évidences immédiates) et du raisonnement (évidences médiates), d’établir en lui de très solides et très indubitables vérités : l’agnosticisme, qui affecte d’être une posture « rationnelle » ou « rationaliste », suivant laquelle on ne peut pas trouver la vérité avec certitude dans des domaines qui dépassent la pure constatation sensible, n’est conforme ni à la raison ni à l’expérience : les deux nous indiquent que les certitudes les plus fortes et les plus solides qui siègent dans l’esprit humain appartiennent à un domaine abstrait et insensible, par exemple les mathématiques, qui sont en elles-mêmes invisibles et purement abstraites mais qui ont des applications pratiques continuelles et splendides dans la vie humaine.

Voici le point de vue que nous défendons, qui est celui du réalisme philosophique, nous préciserons du réalisme spiritualiste : il n’y a pas de séparation étanche entre le « monde » des réalités sensibles et immédiatement accessibles, et celui des réalités invisibles et abstraites.

Il est commun pour les hommes de notre temps de séparer les deux de manière étanche, d’être très réaliste et pragmatique pour ce qui concerne les choses sensibles, et de « planer totalement » lorsqu’il s’agit de parler des choses invisibles et spirituelles :  lorsque l’on parle de philosophie ou de religion, tout d’un coup on abandonne le bon sens et on se livre à des considérations complètement absurdes et insondables.

Tel homme sera dans la vie de tous les jours un entrepreneur brillant, très réaliste lorsqu’il s’agit des affaires et des investissements : il sera dans sa vie privée adepte du yoga, du karma, de l’horoscope, ou de toutes sortes d’autres choses dont la véracité et l’efficacité spirituelle n’est ni prouvée ni prouvable, et il ne prétend pas qu’elles soient prouvées ou prouvables, il y adhère simplement parce que cela lui « parle ».

Nous sommes contre cette distinction : il faut être réaliste aussi bien dans les choses pratiques que dans les choses spirituelles, parce qu’il ne s’agit que d’étudier deux dimensions d’une même réalité.

Chercher à connaître la vérité en matière de philosophie et de religion, c’est chercher à connaître, suivant les données de l’expérience et les principes accessibles par la raison, la réalité telle qu’elle est, et non pas telle que l’on voudrait qu’elle soit.

Plusieurs points de vue, pas plusieurs vérités

« Chacun sa vérité », « j’ai ma vérité, tu as la tienne » : il n’est pas rare d’entendre ces paroles, lorsqu’il s’agit de parler de religion, de morale ou de philosophie.

Elles se basent sur une incompréhension du terme « vérité » : dans ce contexte, on pense souvent que « vérité » signifie simplement une chose à laquelle nous croyons et qui nous tient à cœur, qui nous motive, qui nous plaît, une doctrine avec laquelle nous essayons de guider notre vie.

Mais c’est bien une incompréhension : suivant la définition de la vérité comme l’adéquation entre l’intelligence subjective et la réalité objective, il ne peut pas exister « plusieurs vérités » en même temps et sous le même rapport. Parce qu’il n’existe pas « plusieurs réalités » : nous vivons tous dans une même réalité, que nous cherchons à comprendre et à connaître, et s’il existe plusieurs interprétations ou plusieurs croyances sur le sens qu’il faut donner à cette réalité, ce n’est pas que cette réalité correspond en même temps à ces différentes croyances, mais plutôt qu’il y a des croyances vraies et des croyances fausses : ainsi par exemple dans le débat sur les « fake news », il n’est pas question de considérer que les défenseurs de « théories du complot » et les défenseurs des « versions officielles » aient en même temps raison, qu’ils aient chacun « leur vérité » … au contraire, il est bien évident pour tout le monde que certains ont raison, et que d’autres ont tort, quel que soit d’ailleurs le parti où l’on se place dans la querelle. Ce principe vaut pour tous les domaines de la vie, il vaut donc a fortiori pour la philosophie et la religion.

Il peut exister une multitude de croyances contradictoires, qui guident la vie de peuples entiers depuis de nombreux siècles : telle partie du monde croit en l’islam, telle autre en l’hindouisme.

Ces croyances contradictoires ne peuvent pas être toutes vraies en même temps et sous le même rapport : parce qu’il n’est pas possible, par exemple, que Dieu soit en même temps transcendant (comme dans la doctrine catholique : Dieu est radicalement distinct, indépendant et supérieur par rapport aux créatures) et en même temps immanent (comme dans l’hindouisme : chaque créature « est Dieu », il n’y a pas de distinction radicale entre les deux). Les deux idées s’excluent absolument : elles ne peuvent pas être toutes les deux conformes à la réalité.

Relativisme en paroles, réalisme en pratique !

Beaucoup ont le relativisme sur les lèvres : impossible, dit-on, de savoir si Dieu existe, de savoir s’il y a une vraie religion, de savoir s’il y a une vraie morale, de savoir s’il y a une vraie doctrine politique, de savoir même s’il y a une vraie réalité, une vraie vérité … on affecte de douter de tout, on prétend que le doute est la base de la maturité intellectuelle et du progrès scientifique,  on prétend « qu’il n’y a de science que de réfutable », que ce qui est vrai aujourd’hui sera faux demain, qu’il y a de la fécondité dans la contradiction. On l’affecte et on le prétend : ce sont des paroles.

Dans les faits, personne n’y croit véritablement. Il est impossible de vivre en conformité avec le relativisme : ce serait cesser de vivre. Il est possible d’être relativiste le temps d’une discussion mondaine, pour avoir l’air philosophe : mais les choses se compliquent lorsqu’il est question de faire des affaires, de mener à bien des projets immobiliers, d’investir en bourse, de poursuivre une formation universitaire ou professionnelle, de concevoir des machines, de programmer un site web, d’organiser ses prochaines vacances, d’éduquer des enfants, d’avoir une relation harmonieuse avec son conjoint, de gagner un procès, de gagner un match de football, de trouver un fournisseur d’abonnement téléphonique … en bref, dans tous les domaines de la vie, on ne peut pas être relativiste : il y a une réalité tangible, qui s’impose à nous que nous le voulions ou non, que l’on doit chercher à connaître objectivement et sans préjugés au risque de commettre des erreurs immédiatement dommageables à nos intérêts et ceux de nos proches.

Tout le monde est réaliste, tant qu’il en va de nos intérêts personnels. Si la majorité de nos contemporains ne sont pas réalistes en philosophie et en religion, c’est parce qu’il leur semble qu’une telle démarche irait contre leur intérêt et leur goût : je ne veux pas me soumettre à une autorité ou à un dogme, je ne veux pas qu’on me dise ce que je dois faire, je veux penser librement.

Ce n’est pas un point de vue rationnel : c’est plutôt un rejet de la rationalité, une « démission de l’intelligence », le refus qu’il puisse y avoir une vérité intangible à laquelle il faille se soumettre, parce que s’y soumettre pourrait contrarier notre confort, notre plaisir et notre volonté propre.

Mais dans d’autres domaines, par exemple dans le domaine de la défense des mesures sanitaires contre le covid-19, comme leur intérêt et leur cœur se porte vers ces mesures, il est hors de question pour eux de prétendre qu’il puisse y avoir plusieurs points de vue valables, plusieurs « vérités » acceptables concernant la réalité de la crise sanitaire : ils n’hésitent pas à employer le discours, les méthodes et les procédés des civilisations « inquisitoriales », « dogmatiques », « absolutistes », « dictatoriales » contre ceux qui ne croient pas dans la réalité de la crise sanitaire.

Nous disions « relativisme en paroles, réalisme en pratique » : nous pouvons dire également « libéralisme en paroles, intégrisme en pratique ». Lorsqu’il s’agit de la crise covid, il n’y a plus ni liberté de pensée, ni liberté d’expression, ni liberté de faire ce qui nous plaît au détriment de principes moraux universels et intangibles : les discours complotistes doivent être réfutés, muselés et réprimés, ceux qui enfreignent les mesures doivent être poursuivis et châtiés sévèrement, toute la population doit être éduquée et informée de la réalité de l’épidémie et des mesures à prendre, il faut être prêt à tous les sacrifices pour prendre acte de cette réalité.

En cela les covidistes sont cohérents avec une exigence fondamentale de l’esprit humain : il ne peut pas y avoir plusieurs vérités parce qu’il n’y a qu’une seule réalité qui s’impose à tous qu’on le veuille ou non, et les opinions fausses sont dangereuses parce qu’elles poussent les hommes à agir en difformité avec la réalité, et ainsi faisant à se nuire à eux-mêmes et à nuire à tous les autres. Sur le principe, les catholiques du Moyen-Age n’en disaient pas moins !

Le Pape et l’inquisiteur, Jean-Paul Laurens

Une réalité extérieure qui s’impose à nous

Dans ces domaines pratiques que nous venons d’évoquer, le bon sens nous défend de privilégier notre vision subjective des choses à une réalité objective qui n’est peut-être pas facile à connaître, mais que l’on doit chercher à connaître le mieux possible pour pouvoir espérer quelque succès. Si je veux entreprendre dans un domaine particulier, je dois faire une étude de marché : c’est-à-dire, essayer de connaître le plus objectivement et le plus précisément possible la réalité de ce marché, pour me plier à cette réalité : cette réalité ne dépend pas de moi, mon esprit n’a pas le pouvoir de la modifier ou de la contrôler.

Je dois me positionner en conséquence de cette réalité extérieure, sinon mes investissements seront hasardeux et mes efforts probablement inutiles.

Dans l’entreprenariat, le risque doit être contrôlé, l’ignorance totale n’est pas permise. On ne peut pas se permettre de laisser au hasard, à une croyance injustifiée ou à la fantaisie de notre humeur une affaire aussi grave.

Pourtant c’est ce que beaucoup de gens font en matière de morale et de religion : ils vivent « au hasard », suivant leur fantaisie, suivant des croyances personnelles qu’ils se sont fabriquées ou qu’ils ont trouvé chez un maître quelconque, et qu’ils observent simplement parce qu’elles leur plaisent, parce que cela leur parle.

Et c’est de la folie : parce que s’il y a une réalité objective dans les affaires, on ne comprend pas pourquoi il n’y aurait pas de réalité objective concernant l’ordre du monde, son origine et sa finalité.

Le monde des affaires et le « monde de la religion » appartiennent à un même univers, à une même réalité : c’est simplement que le monde des affaires se circonscrit à un aspect particulier de la vie, tandis que la philosophie, la religion et la morale ont pour objet la vie dans son ensemble.

Quel entrepreneur voudrait d’une doctrine sur sa discipline qui serait belle et pleine d’attrait, mais prouvée par rien du tout, et ayant toutes les chances d’être le simple fruit de la fantaisie de l’esprit humain ? Serait-il prêt à emprunter 300 000€ à sa banque sans avoir une forme de certitude pratique qu’il pourra les rembourser ? C’est cette certitude qu’il lui faut, peu importe ce que lui disent les beaux-parleurs et les charlatans qui lui proposent de le rendre riche en un clin d’œil. Il est prêt à accepter un certain degré de risque et d’inconnu, mais pas à risquer tout sur de belles paroles : « c’est du bon sens ».

Méthodologie pour la recherche de la vérité

Ce qui vaut pour l’entreprenariat vaut pour tout le reste : si vous n’acceptez pour seule règle de votre pensée que le bon sens, vous finirez par trouver la vérité. Et tandis qu’en matière économique vous n’aurez que des certitudes limitées et approximatives, étant donné le caractère contingent et évolutif de votre objet d’étude, en matière de réalités spirituelles universelles, vous pourrez trouver des certitudes indubitables, car votre objet d’étude est immuable et éternel.

Pour qui cherche donc sincèrement la vérité dans ces matières très élevées, il faut avoir à peu près la même approche que lorsque l’on cherche la vérité en matière de conjoncture économique et de compréhension des marchés : il faut utiliser les données de l’expérience et de la raison, en se basant sur des sources fiables. Nos préjugés, nos sentiments, nos répugnances, ne valent pour rien dans cette recherche : il n’importe que de comprendre la réalité telle qu’elle est, et de s’y conformer, sous peine de faire fausse route.

Mais pour autant, ne soyons pas dupes : dans ces matières très élevées, tout ne se limite pas à l’usage de la raison. Raisonner sur l’économie, sur la science physique ou sur les mathématiques ne vous engage à rien : c’est quelque chose de plaisant, vous vous cultivez.

Mais raisonner sur les grandes vérités sur l’origine et la fin de l’univers, sur le sens de la vie humaine, cela pourrait vous engager à des changements concrets dans votre vie, à des sacrifices : peut-être que déjà, il y a un conflit qui s’opère en vous entre votre intelligence qui est attirée par ces démonstrations sensées et raisonnables, et votre partie charnelle et sensible qui ne veut que « profiter de la vie » et laisser de côté ces grandes questions si pesantes et si sérieuses.

Il faut entrer dans la recherche de la vérité avec un cœur humble et sincère : mieux vaut trouver une vérité déplaisante, que de vivre honteusement dans un mensonge qui nous plaît.

Mieux vaut avouer s’être trompé, peut-être s’être trompé la plus grande partie de sa vie, que de continuer avec obstination et orgueil à défendre des choses fausses. Il faut aimer la vérité par principe, même si on n’est pas encore sûr de connaître la vérité, que l’on pense pouvoir se tromper : aimer la vérité par-dessus tout, parce qu’il est bien certain qu’il y a une vérité, et qu’au prix de quelques efforts on peut la trouver.

Parce que l’homme est un être doué d’intelligence et de volonté, qui sont les facultés qui le distinguent du reste du règne animal, il faut que les deux fonctionnent ensemble : la volonté doit dicter à l’intelligence de chercher la vérité comme sa fin, elle doit aimer la vérité et haïr le mensonge. Si la volonté se perd à mi-chemin dans l’amour de quelque chose qui relève du mensonge, l’intelligence ne parviendra pas à voir la réalité.

En parlant de ceux qui aiment la vérité, même s’ils ne l’ont pas encore trouvée, le Christ dit :

« Quiconque est de la vérité écoute ma voix ».


Le Christ quittant le prétoire, Gustave Doré

Jean-Tristan B.


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Si l’homme est une bête comme les autres, il ne saurait avoir d’autres soucis que sa propre conservation matérielle et son bon plaisir

Prouver l’existence de Dieu

Sommaire
Principes généraux
Preuves philosophiques
Preuves psychologiques et morales


L’être ne peut pas provenir du néant

La théologie catholique, qui reprend à son compte les acquis de la philosophie réaliste grecque (Socrate, Platon et Aristote), énumère traditionnellement 5 preuves ou « voies » qui font conclure par la seule raison qu’il existe un Dieu tout-puissant, créateur et ordinateur du monde : la preuve par la causalité (Dieu cause première), la preuve par le mouvement (Dieu premier moteur), la preuve par l’ordre du monde (Dieu intelligence ordinatrice), la preuve par la contingence (Dieu seul être nécessaire), la preuve par les degrés de perfection (Dieu être parfait et Acte pur). Il existe également, chez Saint Thomas d’Aquin ou chez les apologètes des siècles suivants, des raisonnements et des principes qui complètent ces preuves philosophiques, mais en se basant sur des considérations propres à la nature humaine : les preuves dites « psychologiques », par exemple celle qui fait découvrir l’existence de Dieu à travers l’aspiration des hommes au bonheur parfait, ou encore la preuve de l’existence de Dieu par l’objectivité de la loi morale.

Le Père Réginald Garrigou-Lagrange, spécialiste de la philosophie de Saint Thomas d’Aquin, après avoir longtemps discouru et enseigné sur le sujet, résume toutes les preuves de l’existence de Dieu à un seul principe :

« le plus ne sort pas du moins, ou mieux, le plus parfait ne peut pas être produit par le moins parfait, comme par la cause pleinement suffisante qui en donne raison ; en d’autres termes : le supérieur comme tel ne peut pas s’exprimer par l’inférieur ».

R.P. Réginald Garrigou Lagrange O.P., Dieu accessible à tous, 2015 (réédition), éditions Quentin Moreau, p.12

Nous pouvons reformuler encore plus simplement et universellement ce principe : l’être ne peut pas provenir du néant. Si quelque chose existe, et que cette chose a un jour commencé d’exister, il faut qu’il existe autre chose d’antécédent qui rende raison de son existence. Cette chose antécédente doit contenir en elle-même un principe qui la rend capable de « donner naissance » à la chose suivante : la cause est par nature supérieure à l’effet, parce qu’un être ne peut pas donner à un autre des perfections qu’il ne possède pas lui-même.

Ce principe peut sembler très abstrait, mais en réalité, il s’applique à absolument tout, tout le temps, depuis toujours et pour toujours. Aucune réalité n’échappe à cette loi. A tel point que ceux-là même qui tentent de la nier sont obligés, pour cela, d’employer des idées et des termes qui n’ont aucun sens à moins de ne considérer que le principe qu’ils cherchent à nier est vrai : leur esprit est, comme celui de tous les êtres humains, incapable de fonctionner en dehors des principes premiers de la raison que sont le principe d’identité (une chose est ce qu’elle est, et n’est pas ce qu’elle n’est pas) et le principe de causalité (tout effet a une cause proportionnée qui rends raison de son existence), principes résumés en dernière instance par ce que nous disions plus haut : l’être ne peut pas provenir du néant. Lorsque que quelqu’un dit « ce n’est pas vrai », quelle que soit la chose qu’il cherche à nier, il raisonne suivant le principe d’identité. Lorsque quelqu’un dit « l’être peut provenir du néant », il raisonne suivant le principe de causalité, même s’il raisonne à contre-courant de la réalité.

Nous appliquons sans cesse ce principe dans la vie quotidienne : il ne se passe pas un jour sans que tous les êtres humains ayant l’usage de la raison ne se demandent quelle est la cause d’un phénomène qu’ils observent ou qu’ils subissent, ou bien quelle serait la cause à « activer » pour produire un effet qu’ils cherchent à atteindre. Il est absolument évident aux yeux de tous que si une chose existe, quelle qu’elle soit, elle n’existe pas « par elle-même » simplement mais il existe autre chose d’antécédent qui rends raison suffisante de son existence : « Je ne puis songer que cette horloge existe et n’ait point d’horloger ». L’horloger est un être qui dispose en lui-même de la faculté de produire l’horloge : on ne peut pas envisager qu’un effet résulte d’une cause qui ne lui est pas supérieure en nature. L’horloge produite, pour parfaite qu’elle soit dans son ordre, est moins parfaite que l’horloger, parce qu’elle n’a pas, entre autres choses, la faculté de donner elle-même naissance à d’autres horloges : l’horloge est définitivement un être inférieur à l’horloger.

L’horloger de Suisse, Norman Rockwell (détail du tableau)

Il est également évident que si l’on veut obtenir un bien, remplir un objectif quelconque, il faudra mettre en œuvre les moyens proportionnés aux fins que l’on se propose d’atteindre, autrement dit ordonner les causes aux effets. Pour créer une horloge, l’horloger sait qu’il doit ordonner tel composant, tel type de métal, d’une manière déterminée au but qu’il se propose d’atteindre.

Dans ces exemples, le principe général admis implicitement par tous est donc le suivant : l’être ne peut pas provenir du néant. Rien ne produit rien : si quelque chose existe, il existe autre chose qui rends raison de son existence. Et si l’on ne fait strictement « rien », il ne se passera strictement rien. C’est suivant ces exigences fondamentales de la réalité que les scientifiques passent leur vie à chercher la cause des phénomènes physiques, biologiques, chimiques ou autre qu’ils observent, qui ne peuvent pas « provenir de nulle part ». C’est suivant cette même exigence que les hommes travaillent en vue d’obtenir certaines fins, et répètent à l’envi « qui ne tente rien n’a rien ».

Ce principe, appliqué à la question de l’existence de l’univers, doit nous mener au raisonnement suivant : l’univers, être contingent et fini qui a un jour commencé d’exister (1), ne peut pas trouver en lui-même la raison suffisante de son existence, pas plus qu’une horloge ne puisse trouver sa raison d’être en elle-même, comme si on pouvait expliquer son existence sans remonter à l’horloger. Pourtant, l’univers existe : il faut nécessairement, pour rendre raison de son existence, qu’il existe un être supérieur qui l’ait causé, car l’être ne peut pas provenir du néant. Un être supérieur, car le plus ne sort pas du moins. Mais cet être supérieur antécédant à l’univers n’est pas simplement un créateur fini, qui aurait pu lui-même être créé par un autre : si l’on pousse le principe d’identité et le principe de causalité jusque dans leurs dernières conclusions, il faut admettre qu’il existe, à l’origine de tout, un être qui seul trouve sa raison d’être en lui-même, qui seul ne soit pas causé, et seul soit absolument parfait et capable de causer tout ce qui existe hors de lui. C’est cet être que l’on appelle Dieu.

(1) L’univers a commencé un jour d’exister, même du point de vue des scientifiques athées. La « théorie de l’Expansion de l’Univers » suppose bien un commencement de l’univers.


Si ces raisonnements ne vous semblent pas encore suffisamment clairs, nous espérons que l’une ou l’autres des preuves vous fera fera ressentir plus clairement combien le bon sens amène à la certitude qu’il existe un Dieu. Des ouvrages d’une grande qualité existent sur le sujet et sauraient vous expliquer mieux que nous le fond de ces grandes questions (voir sur la page Documents la rubrique Apologétique). Nous ne faisons que résumer ce qu’ils disent de manière à toucher un public plus large.

Pour les lecteurs catholiques, nous rappelons que l’Eglise enseigne avec autorité qu’il est possible d’arriver par la seule raison à la certitude absolue de l’existence de Dieu, et non point simplement à une explication probable ou vraisemblable de l’existence de Dieu, comme le pensent fautivement un nombre toujours plus grand de catholiques. Voici à ce sujet un extrait du serment antimoderniste de Saint Pie X (« étrangement » supprimé par Paul VI) :

Et d’abord, je professe que Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être certainement connu, et par conséquent aussi, démontré à la lumière naturelle de la raison « par ce qui a été fait » [Rm 1,20], c’est-à-dire par les œuvres visibles de la création, comme la cause par les effets.

Motu proprio Sacrorum antistitum, 1910

Pour être sérieusement antimoderniste, c’est à dire être capable de résister, dans l’ordre religieux ou dans tout les autres domaines de la vie, à ce que le monde moderne comporte de mauvais et de pervers, et être capable de proposer quelque chose de mieux (ce serait peu de choses de simplement dénoncer et condamner, s’il n’y avait pas en contrepartie des propositions positives à émettre), il faut à notre avis commencer par remettre Dieu au centre de tout, et donc remettre Dieu au centre de nos esprits : comprendre à quel point tout vient de Dieu, tout parle de Dieu, tout doit mener à Dieu. Il n’y aura pas de restauration de la société s’il n’y a pas d’abord, à ce niveau, une restauration des intelligences.

Dans ce monde dominé par des doctrines d’inspiration kabbalistique, nous noterons avec intérêt que que la « Genèse » de la Kabbale repose sur le principe suivant lequel l’être primordial créateur, Adam Kadmon, est issu de la contraction de l’En Sof, c’est à dire … du néant (2). Si l’on estime que ces doctrines mettent « tout à l’envers » dans l’ordre des valeurs et des principes fondamentaux de la vie humaine, alors pour « remettre les choses à l’endroit », il faut prendre le problème à la racine : non, il est absolument impossible et absurde que Dieu qui est l’être même ait pu « provenir du néant ». Dire que le « principe premier transcendant » est assimilable au néant, c’est la première et la plus fondamentale des absurdités, contraire au sens commun et à toute forme de réalité. Commencer par remettre l’être suprême, transcendant et créateur au centre de tout, comprendre à quel point son existence est évidente et nécessaire : voici ce que nous devrions faire, pour fonder la lutte contre les principes faux du monde moderne, et proposer en contrepartie les vérités éternelles qui seules sont capables de procurer la paix aux individus et aux sociétés, dès cette vie terrestre, et dans la vie du siècle à venir.

(2) Voici une explication du célèbre kabbaliste Charles Mopsik sur l’En Sof :
« Ce principe ne peut être identifié au Dieu des croyances et des pratiques religieuses. Rien ne saurait le définir et la notion même d’existence ne lui est pas applicable. Aussi, les cabalistes se sont demandé : comment faire pour que ce principe primordial et caché, dont on ignore même s’il existe, puisse vraiment avoir un sens pour nous les hommes ? Ce sont eux qui donnent un sens aux mots et aux choses qu’ils éprouvent. La pure transcendance n’a aucun intérêt et n’est rien (elle est même appelée parfois « néant ») ».


Preuves philosophiques

Les preuves physiques ou philosophiques de l’existence de Dieu sont des preuves a posteriori. Cela veut dire qu’elles s’appuient avant tout sur l’observation du monde et l’expérience. Ces données expérimentales sont par exemple : l’existence du monde, le changement, les enchaînements de causes, la contingence des êtres, l’ordre de l’univers. En plus cette expérience incontestable, elles utilisent les premiers principes de l’être qui sont tout autant incontestables. Ces principes sont : 1° le principe d’identité (une chose est ce qu’elle est et pas une autre) et le principe de non-contradiction (une chose ne peut pas, en même temps et sous le même rapport, être et ne pas être) qui sont identiques mais formulés différemment (l’un positivement, l’autre négativement), 2° le principe de causalité (du néant, sans cause, rien ne provient ou tout ce qui commence d’être, donc tout ce qui est contingent, a une cause proportionnée), 3° le principe de raison suffisante (tout ce qui est à de quoi être), 4° le principe de substance (il n’y a pas de changement sans chose qui change), enfin 5° le principe de finalité (aucun agent n’agit si ce n’est en vue d’une certaine fin, et tout ordre suppose un ordonnateur). Ces principes sont saisis intuitivement et immédiatement par l’intelligence (dès ses premiers pas chez l’enfant, l’intelligence les saisit au contact du réel, sans évidemment les formuler ainsi… mais comme exigence foncière et vitale de la raison) en tant que réalités premières, nécessaires et universelles sans lesquelles toutes les autres réalités ne seraient pas (et que ces réalités supposent donc forcément). Tous nos actes (fonctions vitales, connaissances, pensées, opérations extérieures, science etc.), du plus élémentaire au plus complexe, les suppose et les implique. Ce sont des évidences, au même titre (et même plus fondamentalement) que nos observations. A partir de ces données évidentes (observation et principes) mises en relations, on formule un raisonnement qui nous donne une conclusion déjà implicitement contenue ces données. Sans être une évidence au sens propre (une réalité qui n’exige pas de démonstration, étant antérieure à toutes les réalités pour nous), l’existence de Dieu découle naturellement de données évidentes, et jouit à ce titre d’une certitude absolue. Sa saisit appartient aussi aux données du sens commun, c’est-à-dire aux réalités auxquelles l’utilisation naturelle et spontanée de l’intelligence peut parvenir sans difficulté. Affirmer l’existence de Dieu et de ses attributs est inévitable et obligatoire pour rendre compte du réel en bonne intelligence. C’est ce qu’exprime bien le Père Jolivet:

Dieu tel que la raison le démontre ne représente pour nous qu’une hypothèse nécessaire. Mais nous ajouterons deux remarques. Nous observons, en premier lieu, qu’une hypothèse nécessaire, c’est-à-dire telle qu’en dehors d’elle le réel ne puisse être intelligible, est une véritable preuve. De toutes les choses qui ne s’éprouvent pas, soit qu’elles dépassent essentiellement l’expérience sensible, soit que par accident elles échappent à notre expérience individuelle, nous ne pouvons avoir d’autre preuve que rationnelle, mais quand cette preuve est donnée, nous la tenons pour décisive… Par suite, une expérience que conclut la raison fondée sur l’expérience peut bien recevoir, si l’on veut, le nom « d’hypothèse ». Cette hypothèse en fait est une certitude puisque sans elle le réel serait inintelligible. Que cette existence soit ensuite éprouvée, c’est un surcroît de preuve, mais ce n’est pas une condition sine qua non de la valeur de nos conclusions rationnelles. Par elle-même, et en dehors de l’expérience supplémentaire, la preuve vaut toujours. Il nous semble que l’hésitation de certains philosophes sur ce point provient d’une confusion entre l’hypothèse scientifique et l’hypothèse métaphysique. La première exige, en effet, d’être vérifiée par l’expérience pour avoir le droit d’être affirmée vraie, parce qu’elle a pour objet le monde de la contingence. Les lois physiques ne sont pas des expressions de la raison absolue: elles pourraient être autres sans contradiction. Très souvent même elles ne sont que de pures expressions symboliques du réel phénoménal. Par suite, dans le domaine physique, l’expérience sensible est le seul critère valable de l’hypothèse. Il n’en va pas de même au point de vue métaphysique. Les lois ou les existences métaphysiques que démontre la raison fondée sur l’expérience, ont une valeur absolue, parce que la démonstration porte, non plus sur les phénomènes, ou monde de la contingence radicale, mais sur les principes universels et premiers de l’être, c’est-à-dire sur le monde intelligible, domaine absolu de la raison soustraite à la contingence. L’hypothèse, en cet ordre, quand elle est nécessaire, c’est-à-dire, d’une part, quand elle est la seule possible, et que, d’autre part, sans elle, la contradiction s’installe au sein de l’être, devient une certitude, et même, en droit, la plus haute certitude dont nous soyons capables. Et l’expérience directe (quand elle est possible) des réalités conclues par la raison métaphysique, ne peut rein y ajouter qu’un surcroît accidentel et nullement requis.

Père René Jolivet, Etudes sur le problème de Dieu dans la philosophie contemporaine, Vitte, 1932

Ou encore le Père Garrigou Lagrange :

Il faut choisir: Dieu, ou l’absurdité radicale.

R.P. Réginald Garrigou Lagrange O.P., Dieu accessible à tous, 2015 (réédition), éditions Quentin Moreau

Ainsi, nous remontons, à partir des seules évidences exposées ci-dessus, sans présupposés indus, des effets à la cause. Et ainsi nous nous élevons des choses qui sont mues au premier Moteur immobile, des causes subordonnées à la Cause première, des êtres contingents à l’Être nécessaire, des degrés de perfection au souverain Parfait, de l’ordre de l’univers à l’Intelligence ordinatrice.

L’exposé qui suit reprend en substance les travaux de l’abbé Robert et du chanoine Texier, dont vous trouverez les liens dans notre bibliothèque. Nous nous sommes permis d’ajouter des choses entre parenthèses ou dans le texte lui-même.

Le premier moteur

L’observation la plus vulgaire et l’expérience scientifique la plus rigoureuse proclament que les choses de cet univers sont en mouvement. En effet, les choses les plus microscopiques (atomes, électrons, molécules) comme les immensités de l’univers (planètes, étoiles, galaxies) sont en mouvement. Elles bougent, elles croissent et s’altèrent, elles naissent et meurent. Mais ce mouvement, d’où vient-il? Appartient-il essentiellement aux êtres qui se meuvent? En d’autres termes, les choses de ce monde sont-elles elles-mêmes le principe adéquat du mouvement dont elles sont le sujet? Sont-elles à la fois moteur d’où le mouvement procède et le mobile qui le reçoit? On ne saurait le soutenir sans contredire le bon sens et la raison.

Qu’est-ce que le mouvement? Nous appelons de ce nom toute mutation ou tout changement en vertu duquel une chose va d’un lieu à un autre (mouvement local), ou bien passe d’un état à un autre pour acquérir ce qu’elle n’avait pas et pour devenir ce qu’elle n’était pas (mouvement substantiel ou de génération/corruption; mouvement quantitatif ou d’accroissement/diminution; mouvement qualitatif). Soit un bloc de marbre dont on fait une statue. Avant le changement, le bloc possède une aptitude réelle à devenir un objet d’art, après le changement, il est le chef-d’oeuvre admiré de tous. Pendant le changement, il passe d’un état à un autre, de l’état de perfection possible et réalisable dont il était auparavant susceptible, à l’état de perfection actuelle et réalisée que maintenant il possède de fait, de l’état inachevé à l’état achevé, il passe  » de la puissance à l’acte », pour parler le langage des philosophes. Ce passage de la puissance à l’acte est le mouvement.

Mais est-il possible que le bloc de marbre informe passe de lui-même de la puissance à l’acte, ou mieux, se transforme en statue? Le bon sens et la raison répondent négativement, puisque aucun être ne peut se donner une réalité ou une perfection qu’il n’a pas. La bloc de marbre, pur devenir oeuvre d’art, doit subir l’action du ciseau manier par l’intelligence et la force du sculpteur. Il faut donc admettre que, pour passer d’un état à un autre, toute chose doit recourir à une cause extérieure, autrement dit: tout être en mouvement est mû par un autre. D’autre part, on le constate facilement, le monde est composé d’êtres qui sont à la fois moteurs et mobiles, moteurs par rapport à un mobile qu’ils meuvent, mobiles par rapport à un moteur qui les meut.

Cependant allons-nous remonter par la pensée de moteur en moteur indéfiniment et sans nous arrêter jamais (à la fois dans le temps et actuellement)? Ne devons-nous pas plutôt conclure qu’il doit exister nécessairement au-dessus de tous ces moteurs dont l’un pousse et meut l’autre, un moteur premier, indépendant, qui les domine tous qui imprime à tous et à chacun d’eux, par l’intermédiaire de certains autres, le mouvement que lui-même ne reçoit pas, parce qu’il n’a pas besoin de le recevoir, entendu qu’il en est la source inépuisable? Sans lui le mouvement des autres est inexpliqué et inexplicable. Or ces mouvements innombrables sont donc lui est aussi. Lorsqu’on voit, échelonnés sur le flanc d’une colline, une série de réservoir dont le supérieur alimente l’inférieur, on en conclut, sans qu’on ait besoin de le voir et sans crainte d’erreur cependant, qu’il y a quelque part là-haut, sur le sommet, un réservoir plus vaste, un réservoir-source dont les eaux jaillissantes se répandent sur les bassins inférieurs, de l’un à l’autre jusqu’au dernier. Supprimer cette source; tous les bassins qu’elle alimentait seront à sec. Ainsi en est-il de toute série de moteurs actuellement et essentiellement subordonnés. Supprimer le premier, les autres n’agissent plus; ils n’existent plus, du moins comme moteurs. Or ce premier moteur, source de tout mouvement, nous l’appelons Dieu.

Premier moteur indépendant et dont dépendent tous les autres, Dieu ne peut donc pas changer, il est immuable. Le changement étant le passage de la puissance à l’acte, ce premier moteur est forcément un acte pur, c’est à dire pure perfection. Il ne peut rien perdre ni rien acquérir puisqu’il est déjà la plénitude de la perfection. Il donne sans rien recevoir.

La cause première

La science et l’expérience s’accordent encore pour admettre dans le monde une série de causes efficientes subordonnées. Les créatures les plus petites ou les plus imparfaites comme les créatures les plus complexes, un grain de sable, un moucheron, un homme ou un ange par exemple, exigent tout un ensemble d’influences cosmiques et de conditions naturelles dépendantes les unes des autres, nécessaires à leur production (naissance, apparition), à leur conservation et à leur action. Il en va ainsi pour absolument tous les êtres organiques et inorganiques qui s’étalent sous nos yeux.

Mais ces influences dépendantes l’une de l’autre, ces causes subordonnées, ne peuvent pas être causes d’elles-mêmes, car la cause est avant l’effet (au moins d’une antériorité de nature, si ce n’est d’une antériorité de temps) et le sujet (la pierre, le grain de sable, l’homme…) qui subit l’effet est incapable de se donner lui-même ce qu’il n’a pas; et, si ces causes subordonnées se donnaient l’existence, elles seraient antérieurs à elles-mêmes, ce qui est absurde et impossible.

Il faut donc admettre que cet ensemble presque infini (des milliards de milliards à la seconde partout dans l’univers!) de causes subordonnées et dépendantes l’une de l’autre, n’existant par par soi, dépendent de causes supérieures et antérieures qui, à leur tour, sont subordonnées à d’autres. Mais on ne peut aller à l’infini dans la série des causes! Tôt ou tard, on se heurte à une cause non causée qui a l’être par soi et qui le donne et le conserve aux autres, sans laquelle aucune existence ne subsiste. Cette source première de tout être et de toute activité, cause première de toutes choses, à la fois dans le passé et dans le présent, nous l’appelons Dieu.

L’être nécessaire

Tous les êtres qui nous entourent, et nous-mêmes, nous pourrions ne pas exister: l’existence de ces personnes et de ces choses n’est pas nécessaire, car elles n’ont pas en elles-mêmes, dans leur nature, une explication suffisante de leur existence. Elles sont contingentes. La nature d’un arbre, par exemple, fait qu’il est arbre, c’est-à-dire un végétal à tige ligneuse; elle nous dit ce qu’il est (son essence), s’il existe, mais elle n’exige pas qu’il soit (son existence): elle n’explique pas le fait de son existence: voilà la constatation tirée de l’expérience et de la réalité.

Or, pour tout ce qui existe, il y a nécessairement une explication de cette existence. Si cette explication ne se trouve nullement dans la nature de cet être, elle réside en un autre. N’étant pas son existence et n’exigeant pas en soi d’exister, cet être a nécessairement reçu son existence car on ne peut pas se donner ce qu’on a pas.

Donc, aucun des êtres qui nous entourent ne possédant en lui-même cette explication, elle se trouve nécessairement dans un autre Être distinct du monde et qui, par sa nature, suffit à expliquer et leur existence et la sienne propre: car cet Être a pour nature même d’exister, il est l’Existence, il ne peut pas ne pas exister; Il est est nécessaire; c’est Dieu. Et si dans un seul point du temps et de l’espace rien ne fut alors éternellement rien ne serait puisque du néant sans cause rien ne provient. Or des choses sont donc cet Être existant par soi existe forcément et cette existence est forcément éternelle. Le temps implique nécessairement l’éternité comme le contingent implique le nécessaire.

L’être souverainement parfait

Parmi les êtres créés qui composent l’univers, nous observons une certaine gradation, différents degrés de perfection. Nous constatons de la vie, de la beauté, de la bonté, de la sainteté, de la sagesse à divers degrés dans divers créatures. En revanche, toutes ces créatures ne sont pas La Vie, La Beauté, La Bonté ou La Sainteté, ils y participent simplement selon leurs propres limites, sans en épuiser jamais les richesses. Les uns sont supérieurs ou inférieurs au autres, aucun n’est absolu, tous sont relatifs.

Or, toute comparaison et toute gradation supposent un dernier terme, une source plénière : le relatif suppose un absolu; l’imparfait, un parfait; le fini, un infini. Sans cela, ces degrés de perfection seraient inexplicables et n’auraient aucune raison d’être. N’étant pas eux-mêmes la perfection souveraine (La Vie, La Bonté…), ils n’ont pu se la donner ou la tirer du néant, ils l’ont forcément reçue d’un autre.

Il doit donc y avoir quelque part une plénitude d’être, c’est-à-dire un être absolu, simple et sans gradation ni composition, parfait et infini, d’où tous les autres découlent comme de leur source unique. « Il y a quelque chose, écrit saint Thomas, qui est le Vrai, le Noble, et par conséquent l’être par excellence, qui est cause de ce qu’il y a d’être, de bonté et de perfection dans tous les êtres et c’est cette cause que nous appelons Dieu. »

L’intelligence ordinatrice

On constate aisément dans le monde qui nous entoure, dans chaque être et en nous-mêmes, un ordre merveilleux. Que l’on étudie l’instinct des animaux; que l’on contemple les merveilles du monde astral et des globes innombrables qui enchevêtrent leurs mouvements de toutes sortes à des vitesses vertigineuses et avec une constance extraordinaires; qu’on se transporte dans le monde biologique et qu’on envisage le corps humain: notre œil, appareil photographique si merveilleusement organisé et impossible à reproduire comme tel; notre oreille, piano microscopique si prodigieusement accordé; notre cœur, nos appareils respiratoires, digestifs et autres qui sont autant d’usines si complexes, si efficaces et si parfaitement agencées; que l’on admire la vie en général, son dynamisme interne avec la reproduction, l’assimilation nutritive, la croissance, la régénération physiologique! autant de réalités qu’aucune intelligence humaine n’a jamais su réaliser et ne saura jamais réaliser. on reste toujours frappé de cette adaptation continuelle de moyens en vue d’une fin. La science nous montre sans cesse davantage que tout obéit à des lois de plus en plus générales qui mettent l’unité dans la variété; tout constitue un organisme puissant et grandiose où chaque rouage, chaque organe est parfaitement adapté à son but; cet ordre est universel dans la monde. Cet ordre est aussi essentiel au monde. S’il n’existait pas ou s’il existait autrement, le monde serait différent de ce qu’il est.

Or tout ordre dénote une fin, un but qu’on désire atteindre et des moyens proportionnés pour l’atteindre. Il suppose donc une intelligence qui a vu ce but et proportionné ces moyens. En effet, si vous trouver un livre dans la rue, vous comprenez rapidement qu’un être intelligent a eu l’intention d’écrire ce livre en disposant les lettres et les mots de manière à donner un sens à son oeuvre. Un seul mot, une seule phrase supposeraient déjà l’action d’une telle intelligence. Si un ami vous suggérait que ce livre s’est fait progressivement, par la force du temps et le travail des siècles, ou bien par une rencontre fortuite de papier (déjà confectionné de manière fortuite à partir d’un arbre coupé et transformé de manière fortuite lui aussi), d’encre (évidemment produite par hasard elle aussi), d’une pointe de stylo quelconque (qui aurait eu la chance d’être bougé pour former les lettres par hasard et surtout d’avoir de l’encre en sa pointe, la chance!) et de beaucoup d’autre conditions… vous le prendriez pour un fou. Et pourtant combien l’univers (et même la moindre portion de matière inerte avec ses atomes, ses molécules, ses propriétés; ou le moindre organisme vivant avec son ADN qui exige une minutieuse, extraordinaire et inimaginable correspondance entre chaque nucléotide et chaque chaînon, puis entre chaque brin moléculaire et entre chaque chromosome… au sein d’un noyau cellulaire tout aussi complexe. Une seule erreur empêcherait l’être vivant d’être ce qu’il est et pourtant les êtres se succèdent depuis des générations! ) est-il plus complexe qu’un simple livre… combien donc l’univers a-t-il été créé par une intelligence et une puissance infiniment plus grandes que celles d’un homme. L’ordre du monde exige donc une intelligence pour le concevoir, en même temps qu’une puissance pour le réaliser. De tout évidence cette intelligence n’est pas l’intelligence humaine : c’est une intelligence bien supérieure à la nôtre, puisque nous avons beaucoup de peine à découvrir, les unes après les autres, et toujours avec admiration, les diverses lois de ce monde immense, depuis les infiniment grands jusqu’aux infiniment petits. Et la puissance qui a réalisé cet ordre est aussi bien supérieures à la nôtre car nous n’apprendrons que peu à peu à agir partiellement que les forces de la nature. Comme cet ordre est essentiel au monde et non surajouté aux êtres, il doit nécessairement venir de l’auteur du monde. Or cet auteur du monde doit avoir, comme il a été déjà démontré, une nature infinie, nécessaire et parfaite.

Donc il existe un esprit infini, une intelligence parfaite et toute-puissante, créatrice et conservatrice du monde et de son ordre. Au spectacle de la nature, Dieu nous apparaît comme « l’invisible évident ».

Un athée demanda à l’astronome Athanasius Kircher S.J. qui avait fait la belle mappemonde
posée sur sa table. — Personne, répondit le savant, elle s’est faite par elle-même. — Quelle folie, allons !
Je ne suis pas un enfant… — Tu ne crois pas que cette mappemonde s’est faite par elle-même. Pourquoi
donc dis-tu que le monde n’a pas été créé par Dieu mais s’est fait tout seul ?

Père Tomaso Dragone, Explication du catéchisme du saint Pie X, « Question 1: Qui nous a créés?, Exemple »

Preuves psychologiques et morales

Ces preuves ne sont que des confirmations des preuves précédentes. Elles montrent par certains faits combien l’idée de Dieu et le sentiment de son existence sont naturels à l’homme. C’est donc qu’il peut y arriver aisément par l’examen des choses et l’utilisation de son esprit. Elles montrent aussi l’existence de Dieu comme nécessaire pour l’exécution logique et raisonnable de diverses actions ou tendances qui entrent dans l’activité proprement humaine, rationnelle et libre: les actions et tendances religieuses et morales qui sont naturelles à tous les hommes.

Le consentement universel

Malgré les négations peu sincères ou trop intéressées de quelques groupes ou personnes isolés, tous les peuples, à toutes les époques et sous toutes les latitudes ont reconnu (bien que se trompant souvent sur sa vraie nature) l’existence d’un Dieu, être suprême, créateur et conservateur du monde.

Vouloir expliquer une affirmation aussi constante et aussi universelle par la duperie, la crainte ou l’ignorance ne présente évidemment aucune valeur scientifique.

La seule explication possible et solide, c’est que tous les hommes se servent de la lumière naturelle de leur intelligence: s’appuyant sur le principe de causalité, ils ont conclu que le monde où ils vivaient était un oeuvre et que, pour faire et conserver cette oeuvre, il fallait un ouvrier infini et tout-puissant. La croyance en Dieu est donc une sorte de cri de la nature, conclusion légitime de l’exercice normal de nos facultés intellectuelles.

On dit souvent que le consentement universel au sujet de l’existence de Dieu est l’effet des « préjugés de l’éducation », de « l’ignorance de peuples » et des « superstitions de la foule ».

Mais si l’éducation a été la cause de la propagation de la croyance en Dieu, il faut admettre que les éducateurs (les parents ou leurs légitimes représentants) ont cru unanimement à l’existence d’un être suprême communément appelé Dieu. Dans ce cas, comment expliquer cette unanimité parmi les éducateurs, puis parmi les anciens éducateurs de ces éducateurs, et ainsi de suite? D’ailleurs, les préjugés et l’éducation varient chez tous peuples. Une cause aussi disparate aurait-elle pu produire un effet toujours identique, invariable, comme le consentement universel?

L’ignorance des peuples est la cause des erreurs et des absurdités concernant la nature de Dieu (polythéisme, panthéisme, idolâtrie, anthropomorphisme etc.). Mais pour constater son existence, le bon sens de chaque homme, si inculte qu’on le suppose, suffit à la rigueur.

La peur et la superstition n’ont pas non plus inventé l’existence de Dieu. En effet, la crainte, bien loin de créer l’idée de Dieu, la suppose déjà existante. Au reste, cette crainte conduit plutôt à la négation qu’à l’affirmation de Dieu, car l’impie nie Dieu parce qu’il en a peur. Enfin, la peur produite par des phénomènes impressionnants (tempêtes, orages, catastrophes naturelles, etc.) et supposément inexpliquées dans des temps reculés, reste une réaction passionnelle, brève et changeante. Comment un simple sentiment réactif et changeant (donc propre à chaque individu et très divers selon les lieux et les temps) aurait pu donner lieu à un système de croyance plus ou moins cohérent, justifié tant bien que mal selon les peuples et affirmer avec constance. Les activités religieuses (amour, sacrifice, prière, vertu, spiritualité) relèvent d’un ordre supérieur à la sensibilité et ne peut donc s’expliquer entièrement par elle.

La constatation d’une loi morale

Tous les hommes reconnaissent, de quelque façon, la loi morale de la conscience, avec son obligation et ses sanctions.

Or il n’est pas de loi sans législateur; pas de sanction sans rémunérateur sage, puissant et juste: sans cela la morale n’a plus de sens.

C’est donc que les hommes reconnaissent plus ou moins confusément l’existence d’un maître suprême et législateur en même temps que rémunérateur de l’homme.

Les aspirations vers l’infini

Tous les hommes aspirent à une vérité toujours plus complète et claire, à un bonheur toujours plus parfait, comme s’ils étaient faits pour l’infini: « Malgré moi, l’infini me tourmente » dit le poète. C’est donc que dans la nature humaine, il y a de façon universelle un mouvement de tendance vers une fin dernière parfaite. De plus, ce désir de bonheur total et d’infini n’est jamais comblé sur terre. La vie apporte toujours son lot de souffrances et le bonheur dont on peut profiter est toujours limité en intensité et en durée.

Or une tendance naturelle, comme celle-ci, exige et suppose un objet réel.

Ces aspirations éprouvées dans toute l’humanité exigent donc qu’existe un être infini et parfait pour les combler: Dieu.