Le protestantisme en 7 points

Qu’est-ce que le protestantisme ?

Le protestantisme est un courant religieux voulant former un christianisme hors de toute hiérarchie catholique, refusant toute médiation de l’Eglise entre l’individu et le Christ.

L’Eglise nous enseigne au contraire que l’on doit passer par elle pour être sauvée. C’est ce que nous enseigne Notre Seigneur dans l’évangile où il dit « S’il n’écoute pas même l’Eglise, qu’il soit pour toi comme le païen et le publicain » (Matthieu 18, 17), il dit également à ses apôtres « Celui qui vous écoute m’écoute, celui qui vous rejette me rejette ; or celui qui me rejette, rejette celui qui m’a envoyé » (Luc 10, 16). De plus, l’individu livré à lui-même, même avec les secours de la grâce ne peut que difficilement se sauver, ce pourquoi il a besoin d’intermédiaires. Enfin, les réformateurs protestants comme Luther, Calvin, viennent de l’Eglise catholique et tiennent leurs baptêmes, l’écriture sainte, de l’Eglise. Le protestantisme a été créé par des hommes alors que l’Eglise catholique a été fondée par Notre Seigneur Jésus-Christ.


D’où vient le protestantisme ?

Le protestantisme, dans sa forme aboutie, a été présenté et développé par un religieux allemand Martin Luther (1483-1546) à partir de 1520. On préfère initialement parler de réforme, le qualificatif de protestant datant de la Diète de Spire de 1529 pour désigner les princes allemands luthériens qui protestaient contre l’empereur Charles Quint, les luthériens réemploieront ce nom en tant qu’ils protesteraient la Foi dans le Christ. La réforme sera développée ultérieurement par Ulrich Zwingly (1484-1531) en Suisse, par Jean Calvin (1509-1564) à Genève et en France. Historiquement, le qualificatif de protestant est attribué à la réforme luthérienne, les autres courants étant qualifiés de ‘’réformés’’.


Quels sont les fondements de la réforme protestante ?

Le protestantisme se fonde sur le salut par la foi seule et le rejet de l’autorité de l’Eglise catholique par le libre examen et le sacerdoce universel.


En quoi consiste le salut par la foi seule ?

Luther prétend que l’homme n’est pas sauvé par les œuvres mais seulement par la ‘’Foi’’. Pour Luther, la Foi consiste à croire que Dieu nous pardonnera nos péchés et nous conduira au ciel sans mérite ou effort de notre part. Pour Luther, cette confiance suffit à sauver l’homme de l’enfer et nous rend justes aux yeux de Dieu, sans nous rendre bons pour autant. Le salut ne dépend absolument pas de l’homme mais totalement de Dieu qui donne son salut de manière totalement gratuite, ainsi on ne peut choisir d’aller en enfer ou au ciel, Dieu nous donne la Foi sans notre consentement et peut nous l’enlever de même. Pour Luther, faire une bonne œuvre en vue du salut de son âme est un péché, car l’on s’attribuerait à soi alors les mérites de notre salut et non à Jésus-Christ. De son côté, Jean Calvin adhère à la théorie de la double prédestination, voulant que chaque homme soit prédestiné au salut ou à la damnation, sans choix libre de sa part, cette prédestination au ciel peut se manifester par la réussite sociale, les richesses extérieures ou la facilité à accomplir certains actes vertueux. Pour Calvin, l’accomplissement de bonnes œuvres est un acte louable, permettant de confirmer que Dieu nous prédestine, mais parfaitement inutile dans l’ordre du salut.

Au salut par la Foi seule, l’Eglise répond que le grâce de Dieu ne peut sauver l’homme que s’il s’y dispose par sa bonne volonté. Notre seigneur dit lui-même « Ce n’est pas celui qui m’aura dit : » Seigneur, Seigneur ! » qui entrera dans le royaume des cieux, mais celui qui aura fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. » (Matthieu 7, 21). De même l’Apôtre Saint Jacques rappelle dans son épitre que la Foi sans les œuvres est morte :  « que sert-il, mes frères, à un homme de dire qu’il a la foi, s’il n’a pas les œuvres ? Est-ce que cette foi pourra le sauver ? » (Jacques II, XIV), « vous voyez que l’homme est justifié par les œuvres, et non par la foi seulement » (Jacques II, XXIV).


Qu’est-ce que le principe ‘’sola scriptura’’ et le libre examen ?

Le sola scriptura est la prétention du protestantisme, qu’il n’y aurait d’autres autorités en matière de Foi que l’écriture sainte, rejetant la Tradition et l’enseignement de l’Eglise. Le libre examen consiste à dire que l’écriture sainte n’a pas à être interprétée par l’Eglise mais qu’elle peut être interprétée par un simple particulier avec ses propres lumières. Selon les courants, un simple particulier, s’il a la Foi, sera assisté par le Saint-Esprit quand il lit la Bible afin de pouvoir la comprendre, pour d’autres, le fidèle pourrait examiner la bible et la comprendre avec sa simple intelligence sans recourir à l’Eglise ou à l’Esprit-Saint.

L’Eglise catholique distingue comme autorité la règle prochaine de la foi qui est son magistère (enseignement des papes, conciles, doctrines enseignées unanimement par les évêques dispersés dans le monde) et la règle éloignée de la foi (écriture sainte et Tradition). Un Chrétien doit croire tout ce que l’Eglise lui enseigne car Notre Seigneur lui a promis l’assistance du Saint-Esprit dans son enseignement, l’Apôtre Saint Paul rappelle que l’Eglise de Dieu est « Colonne et base de la vérité » (Timothée III, XV). De même, la révélation s’est transmise de deux manières, par l’écriture sainte et la Tradition. L’Eglise rappelle que l’écriture sainte doit être comprise à la lumière de l’enseignement de l’Eglise. En effet, nous voyons que le canon de l’écriture sainte a été délimité par l’Eglise, Saint Augustin dit lui-même qu’il ne croit à l’écriture sainte que parce que l’Eglise est garante de son authenticité. L’écriture sainte elle-même rappelle que certains de ses passages sont obscurs et ne peuvent être interprétés par n’importe qui « Il s’y rencontre des passages difficiles à entendre, et que des personnes ignorantes et mal affermies détournent, comme elles font les autres Ecritures, pour leur perdition » (II Pierre III, XVI). Dans les actes des apôtres, le diacre Phillipe demande à l’eunuque éthiopien s’il comprend ce qu’il lit dans l’écriture sainte, l’eunuque lui répond « Et comment le pourrais-je si quelqu’un ne me guide ? » (Actes VIII, XXXI). L’écriture ne peut donc être interprétée seule. Quant à la Tradition, nous pouvons remarquer que durant les premières années de prédications apostolique, le nouveau testament n’était pas écrit et les fidèles catholiques devaient se fier à la parole des apôtres, de plus, l’écriture sainte nous fait voir son existence « Jésus a fait encore beaucoup d’autres choses; si on les rapportait en détail, je ne pense pas que le monde entier pût contenir les livres qu’il faudrait écrire. » (Jean XXI, XXV), Saint Jean dit dans deux de ses épitres : « Quoique j’eusse beaucoup de choses à vous écrire, je n’ai pas voulu le faire avec le papier et l’encre; mais j’espère aller chez vous et vous entretenir de vive voix, afin que votre joie soit parfaite. » (II Jean I, XII).


Qu’est-ce que le sacerdoce universel ?

Par la doctrine du sacerdoce universel, Luther prétend que tout baptisé est prêtre et peut consacrer l’Eucharistie.

L’Eglise au contraire nous enseigne que seul un prêtre ordonné par un évêque peut célébrer validement la Sainte Messe. Un prêtre doit être ordonné par un évêque et un évêque doit être sacré par un autre évêque, les premiers évêques étant sacrés par les apôtres par l’imposition des mains. On retrouve l’ordination des évêques dans l’écriture sainte.


Comment fonctionne le culte protestant ?

La messe catholique, renouvellement non sanglant du sacrifice de la croix est remplacé par un mémorial de la Cène du Christ. Alors que dans la Messe catholique le corps et le sang sont réellement et substantiellement présents derrière les apparences du pain et du vin, protestants et réformés relativisent la présence réelle, voire la suppriment. Martin Luther croit en une présence conjointe du pain et du corps, du vin et du sang. Jean Calvin pense qu’il y a une présence spirituelle du Christ dans l’eucharistie. Quant à Ulrich Zwingli et à Phillipe Melanchthon (1497-1560), ils pensent qu’il n’y a pas de présence réelle, mais que le pain et le vin représentent symboliquement le corps et le sang du Christ. Alors que Saint Sacrifice de la Messe est offert sur un autel et célébré en Latin ou dans une langue sacrée, la cène protestante est célébrée en langue vulgaire sur une table. Les cultes protestants et réformés sont très variables à travers le monde. Enfin, si l’Eglise catholique enseigne d’une seule voix, qu’il y  a sept sacrements, les protestants sont divisés, Calvin en admet deux (baptême, eucharistie), Luther en reconnait trois (il y ajoute la confession) et Melanchthon en ajoute un quatrième (l’ordination).


Paul-Marie C.

Saint François de Sales : précurseur de l’œcuménisme ?


saint François de Sales 6

Paul VI a affirmé, à l’occasion de la publication de sa lettre Sabaudiae Gemma (1967), lors du 400ème anniversaire de la naissance de Saint François de Sales :

Vous connaissez certainement ce saint. C’est l’une des plus grandes figures de l’Église et de l’Histoire. Il est le protecteur des journalistes et des publicistes parce qu’il rédigea lui-même une première publication périodique. Nous pouvons qualifier d’« œcuménique » ce saint qui écrivit les controverses afin de raisonner clairement et aimablement avec les calvinistes de son temps. Il fut un maître de spiritualité qui enseigna la perfection chrétienne pour tous les états de vie. Il fut sous ces aspects un précurseur du IIe concile œcuménique du Vatican. Ses grands idéaux sont toujours d’actualité. 

Cette proclamation est évidemment fallacieuse. Pour s’en convaincre, il suffit de comparer l’enseignement de Vatican II sur l’œcuménisme avec l’enseignement de l’Église catholique prêché et suivi par saint François de Sales.

Vatican II et l’oecuménisme

Le document Unitatis Redintegratio (1964), ou Décret sur l’Œcuménisme, contient une hérésie flagrante contre le dogme catholique qui enseigne que hors de l’Eglise il n’y pas de salut. Le Concile affirme :

En conséquence, ces Églises et communautés séparées, bien que nous croyions qu’elles souffrent de déficiences, ne sont nullement dépourvues de signification et de valeur dans le mystère du salut. L’Esprit du Christ, en effet, ne refuse pas de se servir d’elles comme de moyens de salut, dont la vertu dérive de la plénitude de grâce et de vérité qui a été confiée à l’Église catholique.

Unitatis Redintegratio, n. 3

L’Eglise catholique enseigne comme un dogme qu’il n’y a pas de salut hors de l’Eglise. Le Concile affirme la proposition exactement contradictoire au dogme catholique, à savoir qu’il y a un salut hors de l’Eglise catholique, que ces religions non-catholiques peuvent procurer le salut à leurs adhérents, et sont en effet le moyen par lequel ceux-ci sont sauvés.

L’Œcuménisme découle donc essentiellement d’une erreur sur la nature de l’Église. Selon cette fausse théorie, les « églises séparées » (schismatiques et hérétiques) font encore partie de l’unique Église du Christ et participent à ce titre à la communion des saints. Ces communautés séparées, imparfaitement unies à l’Église catholique, n’en seraient pas moins porteuses de grâces et de vérités pour le salut. Par conséquent, elles procureraient aussi le salut. En réalité, L’Église catholique est l’unique et véritable Église de Jésus Christ, seule détentrice et dispensatrice de la doctrine et des moyens du salut. Il est impossible de se sauver en dehors d’elle. Certaines personnes de bonne volonté, sans être des membres visibles de l’Eglise catholique, peuvent être implicitement membre de l’âme de l’Église. Pour cela, il doivent avoir une volonté droite et ignorer de manière non-coupable les vérités de la foi, comme l’enseigne Pie IX. Mais alors ils se sauvent malgré leur religion et pas grâce à celle-ci, comme si elle contenait des « moyens de salut ».

Il existe, bien sûr, ceux qui se trouvent dans une situation d’ignorance invincible concernant notre très sainte religion. Observant avec sincérité la loi naturelle et ses préceptes que Dieu inscrit sur tous les cœurs, prêts à obéir à Dieu, ils mènent une vie honnête et droite, et peuvent, avec l’aide de la lumière et de la grâce divine, acquérir la vie éternelle. Car Dieu voit parfaitement, il scrute, il connaît les esprits, les âmes, les pensées, les habitudes de tous, et dans sa bonté suprême et sa clémence il ne permet point qu’on souffre les châtiments éternels sans être coupable de quelque faute volontaire.

Pie IX, Quanto conficiamur, encyclique à l’épiscopat italien, 10 août 1863 ; DENZINGER (1957) 2865

L’œcuménisme a par exemple conduit à la déclaration doctrinale de Balamand (1993) signée par Jean-Paul II, dans laquelle on peut lire :

L’Église catholique et l’Église orthodoxe se reconnaissent mutuellement comme Églises sœurs et responsables ensemble du maintien de l’Église de Dieu dans la fidélité au dessein divin, tout particulièrement en ce qui concerne l’unité.

Documentation Catholique 90, 1993, 711-714

C’est ce qui faisait dire à ce même Jean-Paul II, apôtre zélé de l’œcuménisme :

Par la grâce de Dieu, ce qui appartient à la structure de l’Eglise du Christ n’a pourtant pas été détruit, ni la communion qui demeure avec les autres Eglises et Communautés ecclésiales

Ut Unum Sint, 1995, n.11

S’il y a plus d’éléments d’unité que d’éléments de division entre l’Église catholique et les groupes hérétiques et schismatiques, pourquoi se faire la guerre ? Si ces groupes procurent aussi les moyens de salut aux âmes, pourquoi être catholique ? Pourquoi se convertir ? Rien ne presse en effet, il suffit de faire le vœu pieux que dans un lointain futur, si par miracle les volontés et les cœurs s’y résolvent, ces « Églises sœurs » se réuniront toutes un jour ! En attendant, chacun est libre de choisir celle qui lui plaît le plus, pourvu qu’il ne lance aucun anathème sur ses frères et qu’il se refuse à tout prosélytisme, quand bien même il serait bien intentionné et convaincu d’avoir raison. C’est une forfaiture empreinte de lâcheté faite sous couvert de bienveillance et d’amour. C’est un refus de prendre en compte la réalité (nous avons une fin dernière objective, il faut l’atteindre par les bons moyens), ce qui exigerait trop de responsabilité. C’est se complaire dans une union factice et hypocrite qui apaise la conscience et permet de se reposer en abandonnant l’effort pour le bien et le zèle pour le salut des âmes. Ce fût exactement l’attitude du « bon pape »… Jean XXIII alors qu’il était encore Mgr Roncalli (extrait de « Un œcuméniste dans les Balkans (1925-1939)  », par M. l’abbé Francesco Ricossa) :

Le Père Tanzella rapporte le cas du journaliste bulgare Etienne Karadgiov. “Orthodoxe”, il s’était présenté à Mgr. Roncalli pour être aidé à poursuivre ses études. Karadgiov nous dit :

« II m’accueillit avec beaucoup de bonté, m’écouta attentivement, et me dit : “très bien, mais on ne doit pas heurter la susceptibilité des orthodoxes. Ils ne doivent pas penser que nous autres les catholiques nous venons ici dans le but de faire du prosélytisme, de vouloir attirer la jeunesse. Les orthodoxes sont nos frères, et nous voulons vivre en harmonie avec eux. Nous nous trouvons dans ce pays pour montrer notre amitié à ce peuple et l’aider. Si tu veux donc étudier en Italie, tu dois d’abord demander l’autorisation à l’Église orthodoxe à laquelle tu appartiens”. J’écrivis, et la réponse fut négative. Mgr. Roncalli jugea opportun de m’envoyer en Italie par l’intermédiaire de l’œuvre Pro Oriente qu’il avait lui-même fondée avec Mgr. Francesco Galloni. L’œuvre avait pour but de financer le séjour en Italie des jeunes catholiques bulgares désirant acquérir des diplômes en ce pays. Moi, j’étais orthodoxe, et Mgr. Roncalli, qui de par sa position ne figurait pas comme fondateur de l’œuvre, fit pour moi une exception. “Un jour viendra, où les diverses Églises seront unies ; ce n’est qu’en s’unissant pour combattre les maux du monde, me dit-il, qu’elles pourront espérer gagner”.

J’ai ensuite étudié en Italie, où j’eus comme camarades d’études et d’internat les parlementaire Bettiol et Fanfani. Mgr. Roncalli suivait de loin mes études, comme si j’avais été son propre fils. Lorsque je parvins à la dernière année, il m’écrivit : “Si tu reviens en Bulgarie avec le diplôme d’une université catholique, comment vas-tu faire pour trouver un emploi ? Tes concitoyens sont presque tous orthodoxes, et ils ne vont pas avoir une grande sympathie pour toi. Je te conseille par conséquent de te présenter dans une Université laïque”. II écrivit au Père Gemelli, recteur de l’Université catholique de Milan, et je passai à Pavie où j’obtins le diplôme.

Entre-temps, j’avais décidé de devenir catholique. Je lui fis part de ma décision, et il me dit : “Mon fils, ne sois pas pressé. Réfléchis. Tu auras toujours le temps de te convertir. Nous ne sommes pas venus en Bulgarie pour faire du prosélytisme” »

Le Père Tanzella rapporte cet épisode comme s’il s’agissait de nouveaux fioretti de St. François. Des fioretti, certes, mais au contraire, dans lesquels la dernière recommandation du Christ : « Allez, enseignez toutes les nations… » n’est pas considérée comme valide. “Il y a toujours le temps” pour entrer dans l’Église, vivre en grâce de Dieu, quitter le schisme et l’hérésie… car un successeur des Apôtres n’est pas envoyé dans le monde “pour faire du prosélytisme” (c’est-à-dire pour convertir), mais pour laisser les âmes dans les ténèbres de l’erreur : voici le nouveau credo œcuméniste de Mgr. Roncalli.

Fidèle à cette lâcheté et infidèle à Jésus-Christ, Bergoglio, quelques années avant d’installer une statue de Luther au Vatican (en 2017, à l’occasion des 500 ans de la réforme), s’exprimait en ces termes auprès de son ami Eugenio Scalfari (journaliste athée du journal La Reppublica) qui retranscrit l’entretien (numéro du 1er octobre 2013) :

Le Pape entre et me serre la main, nous nous asseyons. Le Pape sourit et me dit : « Certains de mes collaborateurs qui vous connaissent m’ont averti que vous allez essayer de me convertir. »

A ce trait d’esprit, je réponds : mes amis vous prêtent la même intention à mon endroit.

Il sourit et répond : « Le prosélytisme est une pompeuse absurdité, cela n’a aucun sens. Il faut savoir se connaître, s’écouter les uns les autres et faire grandir la connaissance du monde qui nous entoure. Il m’arrive qu’après une rencontre j’ai envie d’en avoir un autre car de nouvelles idées ont vu le jour et de nouveaux besoins s’imposent. C’est cela qui est important : se connaître, s’écouter, élargir le cercle des pensée. Le monde est parcouru de routes qui rapprochent et éloignent, mais l’important c’est qu’elles conduisent vers le Bien« .


L’exemple de saint François de Sales

L’œcuménisme tel que défendu par Vatican II a été condamné par Pie XI dans l’encyclique Mortalium Animos (1928). Mais il n’a pas fallu attendre Pie XI pour que les catholiques croient qu’il n’y a point de salut hors de la communion de l’Eglise catholique et romaine, pour qu’ils croient que l’hérésie est une peste mortelle à extirper par tous les moyens, et que pour convertir les hérétiques et les schismatiques il était erroné et dangereux « d’insister sur ce qui nous unit au lieu de parler de ce qui nous divise » : voyons comment saint François de Sales vivait sa foi sur ce point là.

Alexandre VII, dans sa bulle de canonisation rédigée en 1665, écrit :

« En outre, armé du glaive de la parole divine, il attaqua, par ordre de l’évêque, l’hérésie de Calvin qui régnait dans le Chablais et les pays circonvoisins. Il est impossible d’exprimer avec quelle ardeur, quelle constance, quelle allégresse, quelle ferme confiance en Dieu, quelle inébranlable charité pour le prochain, il a combattu l’hérésie et soumis les errants au joug de la vraie foi. »

(IX)

« Jamais il ne prit conseil de la politique mondaine, ni du respect humain; mais se ressouvenant du conseil de l’Evangile, lorsqu’il ne pouvait pas paraître au grand jour et rendre un témoignage public à la foi, il s’abritait quelques instants dans sa solitude, pour reparaître, après un peu de silence, et s’élever plus vivement que jamais contre l’hérésie. »

(XIII)

« il s’appliqua à la défense de l’Eglise avec plus de soin et de zèle que jamais; et, comme on avait mis des obstacles à ce qu’il travaillât à la conversion des hérétiques par le ministère de la prédication, il se mit à les instruire par écrit, et composa plusieurs petits ouvrages de controverse où il attaquait l’hérésie jusque dans ses derniers retranchements. Il fit tant qu’il parvint à ériger une paroisse à Thonon, et que, peu après, il ramena à la lumière de la vérité plusieurs hommes distingués par leur science, dont l’autorité servait d’un grand appui au mensonge, et dont la conversion contribua beaucoup à la propagation de la religion catholique dans ces contrées. »

(XVIII)

« Elevé à cette nouvelle dignité, qui donnait un surcroît d’autorité à son zèle, il se livra tout entier au soin d’augmenter la religion catholique et de diminuer l’hérésie. »

(XXIII)

Pie IX, en 1877, en élevant saint François de Sales au rang de docteur de l’Eglise, écrit :

« Que la doctrine de François ait été très grandement appréciée de son vivant on le peut encore déduire de ceci : de tous les courageux défenseurs de la vérité catholique qui fleurissaient en ce temps-là, Clément VIII, Notre Prédécesseur de sainte mémoire, ne choisit que le seul Evêque de Genève. Il lui ordonna d’aller trouver Théodore de Bèze, propagateur passionné de la peste calviniste, et d’agir avec celui-ci dans le seul but qu’une fois cette brebis ramenée au bercail du Christ, il en reconduisit beaucoup d’autres. François, non sans péril pour sa vie, s’acquitta si bien de sa mission que l’hérétique, troublé dans son bon droit, confessa la vérité. Pourtant, au regard de son crime et, le jugement de Dieu lui demeurant impénétrable, il s’estima indigne de revenir dans le giron de l’Eglise. »

« Il est également manifeste que lui-même résolut beaucoup de questions avec une abondance de doctrine auprès des Pontifes Romains, des Princes, des Magistrats et de Prêtres, ses coopérateurs dans le ministère sacré. Son succès fut tel que grâce à son zèle, ses exhortations et ses avertissements, ses conseils furent souvent mis en œuvre et c’est ainsi que des contrées entières furent purgées de la corruption hérétique, le culte catholique rétabli et la religion accrue. »

« En outre, pour vaincre l’obstination des hérétiques de son époque et encourager les catholiques il écrivit, avec non moins de bonheur que sur l’ascétisme, le livre des « Controverses » qui contient une parfaite démonstration de la Foi catholique ; puis il écrivit d’autres traités et discours sur des vérités de Foi et aussi son « Vexillum Crucis. »  Par de tels écrits il combattit si énergiquement pour la cause de l’Eglise qu’il ramena en son sein une multitude innombrable d’égarés et restaura le Foi de fond en combles sur toute la province du Chablais. »

Il n’y a donc rien de commun entre l’œcuménisme de Vatican II fermement condamné par Pie XI et le zèle tout apostolique dont fit preuve saint François de Sales. L’œcuménisme est une démolition de la vérité et de la foi catholique. Pour ses défenseurs, toutes les confessions chrétiennes ont une certaine légitimité, et donc un droit à prendre place, malgré leurs divergences doctrinales, au sein d’une grande et unique église. L’œcuménisme suppose donc une certaine égalité des différentes confessions. D’un point de vue pratique, c’est renoncer à convaincre et à convertir. « Au mieux » (et c’est déjà terrible), c’est renoncer aux droits de la vérité objective sur tous et s’accommoder d’une union purement extérieure. Au pire, c’est renoncer entièrement à la vérité en retranchant des pans entiers de la doctrine pour créer une nouvelle religion convenable pour tous. L’œcuménisme fait  primer l’accord subjectif des hommes ici-bas sur l’adhésion aux vérités objectives de la révélation divine. C’est une forme de naturalisme : refuser notre dépendance envers Dieu et rejeter ses droits pour exalter une union humaine naturelle prétendument suffisante pour le salut. Il se traduit donc nécessairement par le relativisme. En effet, il juge légitimes des vérités contradictoires, en même temps et sous le même rapport. De plus, il nie la possibilité de s’affirmer comme l’unique et véritable Église de Jésus-Christ. Il mène à l’indifférence à l’égard des diverses religions, faisant croire que le salut est possible dans chacune d’elle. A l’inverse, saint François de Sales désirait ramener toutes les âmes égarées dans le giron de l’Église catholique. Il savait que l’Église catholique était l’Église de Jésus-Christ et qu’en dehors d’elle nul ne pouvait se sauver. Il savait que la foi est le socle fondamental sur lequel se bâtit tout l’édifice des vertus surnaturelles qui mènent au vrai Dieu. Il n’a jamais fait d’accommodements sur les principes de la foi, il les a exposés avec zèle et charité. Il n’a jamais jugé qu’un hérétique fût dans son bon droit, encore moins que sa secte était une partie de l’Église de Jésus-Christ. Il n’a jamais, comme Mgr. Roncalli, Wojtyla (Jean-Paul II) ou Bergoglio, refusé de faire du prosélytisme. Il aimait trop les âmes pour cela, il avait un désir trop ardent de leur salut pour accepter qu’elles se perdissent dans la voie de l’erreur et le chemin de la damnation. Il a donc placardé ses écrits contre les protestants sur les murs de Chablais, a fini par convertir la population et a été loué par l’Église pour cela.

Mathis C.