Le 11 octobre 1954, cent ans après la proclamation de l’Immaculée Conception par Pie IX, Pie XII institue la fête de Marie-Reine au 31 mai. Le Pape nous rappelle les fondements de la royauté de Marie et nous exhorte à toujours plus aimer une si bonne mère. Voici un résumé de l’encyclique et un fichier pdf qui contient l’encyclique elle-même dans son intégralité.
L’espérance mise en la Mère de Jésus-Christ n’a jamais été déçue. La foi qui proclame que la Sainte Vierge Marie règne sur l’univers entier couronnée dans la gloire du ciel ne s’est jamais affaiblie. Il faut donc recourir à Marie notre Reine avec amour et confiance. L’encyclique ne propose pas une nouvelle vérité à croire puisque les arguments en faveur de la royauté de Marie sont abondamment formulés dans les documents anciens de l’Église et les livres liturgiques.
Royauté de Marie dans les documents anciens
Celle dont est né le Fils du Très-Haut, « Rois des rois et Seigneur des Seigneurs », par son union intime avec ce divin Roi, a reçu des privilèges uniques, dont la dignité royale.
Saint Ephrem (306-373) la prie ainsi : « … noble jeune fille et patronne, Reine, Maîtresse, garde-moi, protège-moi, de peur que Satan auteur de tout mal ne se réjouisse à mon sujet et que le criminel adversaire ne triomphe de moi »
Saint Jérôme (347-420) s’exprime ainsi : « Il faut savoir qu’en syriaque Marie signifie Souveraine »
Saint André de Crète (660-740) appelle Marie « Reine de tout le genre humain » et saint Jean Damascène (675-749) « Reine, Patronne, Souveraine [de toutes les créatures] »
Les témoignages sont innombrables, l’encyclique en énumère davantage sans les épuiser pour autant. Ainsi, les théologiens de l’Église et les Papes ont définir la doctrine de la Très Sainte Vierge Reine de toutes les créatures, Reine du monde, Souveraine de l’Univers.
Une lettre de Grégoire II (669-731) lue durant le septième Concile œcuménique convoqué à Nicée (787), donne à Marie le titre de « Souveraine universelle et vraie Mère de Dieu »; et Sixte IV (1414-1484) celui de « Reine du Ciel et de la terre » dans sa lettre Cum praeexcelsa (1476). Saint Alphonse de Liguori (1696-1787) résume ainsi que « puisque la Vierge Marie a été élevée à la dignité si haute de Mère de Dieu, c’est à bon droit que l’Eglise lui a décerné le titre de Reine ».
Royauté de Marie dans les livres liturgiques
La liturgie est le fidèle miroir de la foi transmise par les anciens et crue par le peuple chrétiens : lex orandi, lex credendi. Elle a toujours chanté les louanges de la Reine des cieux.
En Orient: « Je dirai un hymne à la Mère Reine, et je m’approcherai d’elle avec joie pour chanter dans l’allégresse ses merveilles… O Souveraine, notre langue ne peut te chanter dignement, parce que Tu es plus élevée que les Séraphins, Toi qui as engendré le Christ Roi… Salut, ô Reine du monde, salut ô Marie, Souveraine de nous tous »
L’Église latine chante le « Salve Regina » ou le « Regina coeli, laetare » et les antiennes chantées pour l’Assomption proclament « Aujourd’hui la Vierge Marie est montée aux cieux : réjouissez-vous, car elle règne avec le Christ à jamais ».
L’art chrétien également représente abondamment Marie en Reine et en Impératrice, et les souverains pontifes ont toujours loué et favoriser cette authentique piété populaire.
Raisons théologiques de la royauté de Marie
L’argument principal sur lequel se fonde la dignité royale de Marie est sa maternité divine. Ainsi, la « Mère du Seigneur » (Luc. 1, 43), Seigneur dont le « règne n’aura point de fin » (Luc. 1, 33) « est vraiment devenue la Souveraine de toute la création au moment où elle devint Mère du Créateur » (St. Jean Damascène).
La Bienheureuse Vierge Marie doit aussi être proclamée Reine parce que selon la volonté de Dieu, elle joua un rôle éminent dans l’œuvre de notre salut éternel. En effet, Jésus-Christ est Roi non seulement par nature, mais aussi par conquête, puisqu’il nous a rachetés au prix de son sang (Pie XI, Quas Primas, 1925). Ainsi:
« Comme le Christ pour nous avoir rachetés est notre Seigneur et notre Roi à un titre particulier, ainsi la Bienheureuse Vierge est aussi notre Reine et Souveraine à cause de la manière unique dont elle contribua à notre Rédemption, en donnant sa chair à son Fils et en l’offrant volontairement pour nous, désirant, demandant et procurant notre salut d’une manière toute spéciale » (Suarez (1548-1617))
On pourra donc légitimement en conclure que, comme le Christ, nouvel Adam, est notre Roi parce qu’il est non seulement Fils de Dieu, mais aussi notre Rédempteur, il est également permis d’affirmer, par une certaine analogie, que la Vierge est Reine, et parce qu’elle est Mère de Dieu et parce que comme une nouvelle Eve, elle fut associée au nouvel Adam
Pie XII, Coeli Reginam
L’excellence souveraine et la dignité royale de Marie se déduit de sa plénitude de grâce. En effet: Dieu « a enrichi Marie avec munificence de tous les dons célestes, puisés au trésor de la divinité ; aussi, toujours préservée des moindres souillures du péché, toute belle et parfaite, elle a atteint une telle plénitude d’innocence et de sainteté qu’on ne peut en imaginer de plus grande en dessous de Dieu et que jamais personne, sauf Dieu lui-même, ne réussira à la comprendre » (Pie IX, Ineffabilis Deus, 1854)
La Sainte Vierge possède donc un pouvoir « presque sans limites » (Léon XIII, Adjutricem populii, 1895) pour concéder des grâce, office qu’elle remplit « pour ainsi dire de droit maternel » (Saint Pie X, Ad diem illum, 1903)
Nous, chrétiens, devrions nous glorifier à chaque instant d’être soumis à l’empire de la Vierge Marie dont le cœur brûle d’amour maternel.
Institution de la fête de Marie Reine
Pie XII finit par décréter l’institution de la fête de Marie Reine, qui se célébrera chaque année dans le monde entier le 31 mai, pour que cette vérité si solidement établie et si nécessaire au salut des hommes soit mieux connue et rendue plus resplendissante aux yeux de tous.
Il nous exhorte ensuite :
« Que le nom de Marie, plus doux que le nectar, plus précieux que n’importe quelle gemme soit l’objet des plus grands honneurs ; que personne ne prononce des blasphèmes impies, signe d’une âme corrompue, contre un nom qui brille d’une telle majesté ; qu’on n’ose même rien dire qui trahisse un manque de respect à son égard. »
« Que tous s’efforcent selon leur condition de reproduire dans leur cœur et dans leur vie, avec un zèle vigilant et attentif, les grandes vertus de la Reine du Ciel, Notre Mère très aimante. »
« Que personne, donc, ne se croie fils de Marie, digne d’être accueilli sous sa puissante protection, si, à son exemple, il ne se montre doux, juste et chaste, et ne contribue avec amour à la vraie fraternité, soucieuse non de blesser et de nuire, mais d’aider et de consoler. »
Pour enfin souhaiter l’établissement d’une véritable paix chrétienne, en ces temps troubler par les ravages du communisme athée et l’impiété du laïcisme libéral :
« Quiconque donc honore la Souveraine des Anges et des hommes l’invoque aussi comme la Reine très puissante, médiatrice de paix […] qui n’est ni injustice impunie ni licence effrénée mais concorde bien ordonnée dans l’obéissance à la volonté de Dieu«