Le catéchisme : sa grandeur, sa beauté, son importance

Leçon sur le catéchisme (extraits) par l’abbé Ambroise Guillois (1796-1853)

Nota bene : Les quelques ajouts ou modifications de la rédaction pour faciliter la compréhension du lecteur contemporain sont en italique. Certains passages ont été retirés afin de présenter le catéchisme de façon synthétique.

Première question. Qu’est-ce que le catéchisme ?

Réponse. Le catéchisme est une instruction familière, par demandes et par réponses, sur les vérités et les devoirs de la religion, c’est-à-dire sur la doctrine chrétienne. On appelle aussi catéchisme le livre qui contient, en abrégé, toute cette doctrine.

EXPLICATION. Dans les premiers temps de l’établissement du christianisme, le catéchisme était l’instruction qu’on donnait aux païens, aux juifs, à tous ceux qui se convertissaient, ainsi qu’aux enfants, avant de les initier aux mystères et de les admettre au baptême. Tout homme qui se présentait pour recevoir ce sacrement (le baptême) devait être instruit dans ce dessein ; autrement, comment aurait-il compris l’excellence de la grâce qui lui était préparée? Admis à l’instruction, on devenait catéchumène, et celui qui instruisait s’appelait catéchiste.

Le catéchisme, qui renferme la substance de l’Évangile, est une instruction, c’est-à-dire que le catéchisme nous instruit, nous éclaire sur les vérités que nous devons croire et sur les devoirs que nous avons à remplir. Cette instruction se fait d’une manière simple et familière, afin qu’elle soit à la portée de tous et que les plus simples et les plus ignorants puissent en profiter; tout s’y passe par forme de conversation, et on y entre dans une foule de détails que le genre plus grave des prônes et des sermons ne permettrait pas. Cette instruction se fait par demandes et par réponses : on interroge un enfant pour voir s’il sait, puis celui-ci répond; l’expérience prouve que rien n’est plus propre à soutenir l’attention des enfants et à leur faire éviter l’ennui qu’ils ne tarderaient pas à éprouver, si le catéchiste, c’est-à-dire celui qui fait et développe l’instruction, parlait seul. C’est dans le catéchisme que l’on apprend la doctrine chrétienne, c’est-à-dire les vérités enseignées de vive voix par Jésus-Christ lorsqu’il vivait sur la terre et qui nous sont proposées par l’Église catholique, apostolique-romaine. Ce divin Sauveur ne nous enseigne pas immédiatement et par lui-même ces vérités, mais il les fait enseigner par les pasteurs de l’Église, et c’est d’eux que nous devons recevoir l’instruction qui nous est nécessaire pour bien servir Dieu et parvenir au salut. C’est en effet à l’Église et à ses pasteurs que Jésus-Christ a dit : « Allez, enseignez; celui qui vous écoute m’écoute ».

Deuxième question. Quels sont ceux qui doivent venir au catéchisme ou lire un catéchisme ?

Réponse. Les enfants, et généralement tous ceux qui ne connaissent pas la doctrine chrétienne.

EXPLICATION. Puisqu’il faut, pour être sauvé, croire les vérités que Dieu a révélées et remplir les devoirs qu’il a imposés, et qu’on apprend cela au catéchisme, il s’ensuit, que c’est une obligation d’y assister ou de s’instruire par la lecture. Car il est écrit : « Celui qui, par sa faute, ignore ce qu’il doit connaître, sera lui-même ignoré ».

Le supérieur d’une maison d’ecclésiastiques répondit avec justesse à un homme qui pensait, à tort, connaitre parfaitement son catéchisme : « Apprenez, monsieur, que parmi les gens du monde et même parmi ceux qui sont habiles dans les sciences humaines, il en est peu qui soient suffisamment instruits de leur religion. En voulez-vous une preuve ? La voici : la plupart de ceux d’entre eux qui se mêlent d’écrire sur la religion mettent dans leurs ouvrages, sans le savoir, des propositions inexactes et très condamnables. Ils ne diraient rien contre la foi s’ils savaient leur catéchisme : ce petit livre est l’abrégé et le précis de toute la théologie. Tous les chrétiens devraient en avoir un, et ceux qui l’ont bien étudié, devraient le relire de temps en temps pour ne point oublier ce qu’il renferme ». C’est donc aussi faire une œuvre excellente que de se replonger dans son catéchisme.

Troisième question. Ceux qui n’apprennent pas le catéchisme font-ils une grande faute ?

Réponse. Oui, ceux qui n’apprennent pas le catéchisme font une grande faute; ils ne veulent pas apprendre ce que Dieu leur enseigne pour être véritablement sages.

EXPLICATION. Être sage, c’est rechercher ce qui peut être l’objet d’un bonheur solide et savourer les moyens d’y parvenir. C’est dans le catéchisme qu’on apprend quel est l’objet du vrai bonheur et ce qu’il faut faire pour y arriver, ou, en d’autres termes, quel est le chemin qui nous conduit à notre véritable fin. Ce chemin, nous ne pouvons le trouver nous-mêmes, et, pour que nous ne nous perdions pas, nous avons besoin d’un guide, nous avons besoin de lumière. Quel est ce guide ? C’est Dieu lui-même. Quelle est cette lumière ? Ce sont les vérités contenues dans le catéchisme ; elles sont pour les yeux de l’âme ce que le soleil est pour les yeux du corps, et quiconque marche à la lueur de ce divin flambeau ne court point risque de s’égarer. Puisque c’est dans le catéchisme que Dieu nous enseigne la vraie sagesse et qu’il nous montre la voie qui conduit au ciel, ne pas l’apprendre, c’est donc renoncer à devenir véritablement sage, c’est donc être ennemi de soi-même, et par conséquent faire une grande faute. Ecoutez avec docilité Notre-Seigneur Jésus-Christ qui a dit : « Je suis la voie, la vérité et la vie » et mettez en pratique cette recommandation de l’apôtre saint Paul : « Goûtez les choses d’en haut et non les choses de la terre » et vous savourerez avec délices les moyens d’obtenir, après cette vie, une félicité parfaite. Un trait de la vie de saint François de Sales trouve ici sa place et va confirmer ce que nous venons de dire. Ce saint évêque faisait appeler les enfants par un homme vêtu d’une espèce de manteau bleu sur lequel était le nom de Jésus en lettres d’or. Cet homme, agitant une sonnette dans les rues, répétait ces paroles : « Au catéchisme, au catéchisme ! On vous y enseignera le chemin du paradis ».

Quatrième question. Que faut-il faire avant le catéchisme et quelle idée faut-il se faire de cette instruction ?

Réponse. Il faut, avant le catéchisme, se bien convaincre de son excellence, de sa nécessité, et du besoin qu’on a d’être instruit des vérités de la religion.

EXPLICATION. C’est au catéchisme que vous apprendrez ce qu’il vous importe le plus de savoir : vous y apprendrez ce que c’est que Dieu et quels sont les mystères qu’il a daigné révéler aux hommes ; vous y apprendrez ce qu’il a fait pour vous et ce que vous devez faire pour lui ; quelle est la fin à laquelle il vous a destinés, et quels sont les moyens que vous devez prendre pour y parvenir. Comprenez donc que la science que vous acquerrez au catéchisme est, de toutes les sciences, la plus nécessaire, puisque c’est la science du salut. Que dis-je ? C’est la seule qui soit véritablement nécessaire et indispensable. Il est très bon et très utile, sans doute, de savoir lire et écrire, de savoir l’arithmétique, la géographie, le dessin, la musique, etc. On peut toutefois se sauver sans cela ; mais on ne peut se sauver sans la connaissance de la religion, et c’est au catéchisme qu’on acquiert cette connaissance, qu’on apprend ce qu’il faut faire pour conquérir le ciel et éviter l’enfer. Telle est l’excellence, telle est la nécessité du catéchisme, telle est la haute idée que vous devez en avoir. Pénétrez-vous donc bien du besoin que vous avez d’être instruits des vérités de la religion. Hélas ! Combien d’infortunés brûlent maintenant dans l’enfer, pour n’avoir montré, dans leur enfance et la suite de leur vie, que de l’indifférence et du dégoût pour le catéchisme, pour la science du salut !

Cinquième question. En combien de parties se divise la doctrine chrétienne que l’on apprend dans le catéchisme ?

Réponse. Elle peut être divisée en trois parties qui reprennent, en substance, la division proposée par le célèbre Catéchisme du Concile de Trente.

EXPLICATION. La première partie de la doctrine chrétienne comprend ce que nous devons croire (c’est-à-dire les principales vérités de la Foi chrétienne) ; la seconde, ce que nous devons faire (c’est-à-dire la morale chrétienne) ; la troisième, les moyens nécessaires pour faire le bien et croire la vérité révélée (on les appelle les moyens de la grâce, et il s’agit des sacrements et de la prière). Cette division reprend, en substance, celle qui se trouve dans le Catéchisme du concile de Trente, dont voici les termes : « Toute la doctrine du salut se réduit à a quatre chefs, savoir : au Symbole des Apôtres, aux Sacrements, au Décalogue et à l’Oraison Dominicale ».


Notes explicatives sur les trois parties du catéchisme (P. Dragonne)

Partie I. Les principales vérités de la foi chrétienne

Note explicative. Les vérités révélées par Dieu sont principalement celles que résume le Credo ou Symbole des Apôtres. Elles s’appellent vérités de foi, parce que nous devons les croire d’une foi absolue, étant enseignées par Dieu qui ne peut ni se tromper ni nous tromper. Le Credo ou Symbole des Apôtres est une profession des principaux mystères et des autres vérités que Dieu nous a révélées par Jésus-Christ et les Apôtres, et que l’Église nous enseigne. Jésus-Christ confia la vérité révélée (Écriture et Tradition) aux Apôtres et ceux-ci à l’Église, avec la tâche de la garder, de la transmettre, de l’expliquer, de la défendre et de la diffuser dans le monde entier. C’est pourquoi nous devons croire avec une foi illimitée à tout ce qu’enseigne l’Église, unique maîtresse autorisée, qui a résumé son enseignement en formules brèves, précises, faciles, dites symboles de foi.

Partie II. La morale chrétienne : les commandements de Dieu, les préceptes de l’Église et les vertus

Note explicative. Pour être sauvés, nous devons connaître, aimer et servir Dieu. Pour aimer Dieu, il faut le connaître par la raison et par la foi, et démontrer cet amour par les œuvres, en observant les commandements divins, qui sont la manifestation explicite de la volonté divine. C’est pourquoi il ne suffit pas de connaître les vérités révélées et d’y adhérer par la foi, mais il faut aussi accomplir les œuvres de charité et de toutes les autres vertus, conformément aux commandements divins. En effet, le divin Maître nous met en garde : Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : ‘Seigneur, Seigneur’, qui entreront dans le royaume des Cieux ; mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les Cieux, celui-là entrera dans le royaume des Cieux (Mt 7, 21). C’est pourquoi il faut faire cette volonté exprimée dans les commandements, et commencer par la connaître.

Partie III. Les moyens de la grâce : les sacrements et la prière

Note explicative. Pour croire aux vérités surnaturelles révélées, pour mettre en pratique les obligations qui découlent de notre foi et qui sont exprimées dans loi de Dieu, dans les préceptes de l’Église et dans les obligations de notre état, pour pratiquer les vertus chrétiennes, les conseils et les Béatitudes évangéliques, les forces et les ressources de notre nature ne suffisent pas. Il est indispensable que Dieu vienne à notre secours, nous élève à l’état surnaturel en nous donnant un être nouveau et nous aide dans l’action par sa lumière et sa puissance. Dieu nous vient en aide par sa grâce. Les sacrements sont les moyens productifs et efficaces de la grâce. La prière est le moyen impétratoire de la grâce. Dans sa dernière partie, le Catéchisme explique les moyens qui sont à notre disposition pour obtenir la grâce ; dans la première section, il expose les moyens efficaces ou sacrements ; dans la seconde, il traite de la prière