Quelle est la véritable Eglise ?

Le lecteur ayant lu les sections apologétique précédentes avec honnêteté devrait être convaincu que la religion fondée par Jésus-Christ, Fils de Dieu, est divine, et donc, seule, révélation divine, à l’exclusion de toutes les autres religions.

Mais, plusieurs groupements se disent chacun être la véritable religion de Jésus-Christ: Eglise catholique; églises protestantes et orientales; sectes diverses et prophètes plus ou moins farfelus. Il n’y en a pourtant qu’une seule qui soit vraie. En effet, elles différent toutes sur des points essentiels qui s’excluent mutuellement [par exemple, on ne peut pas soutenir en même temps que le Pape est le vicaire de Jésus-Christ et le chef de son Eglise à qui il faut obéir pour se sauver (les catholiques) et qu’il ne l’est pas (les protestants et les orientaux séparés de Rome). Ce serait dire que la réalité est contradictoire, ce qui est absurde. Ce serait faire la promotion d’une vision subjectiviste et relativiste des choses, théorie qui pose des problèmes importants (Voir La recherche de la vérité).]. Or il n’y a qu’une vérité sur chaque point et Notre-Seigneur n’a fondé qu’une seule religion.

Où est donc la véritable religion de Jésus-Christ? C’est ce qui nous reste à découvrir afin que chacun puisse être éclairé sur le véritable sens de sa vie, qu’il puisse en comprendre la destinée objective et se mettre à travailler pour l’accomplir. Il est vrai que l’existence d’une multitude de systèmes philosophiques et de courants religieux découragent nos contemporains. Ils sont parfois tentés d’abandonner les grandes questions de la vie sous prétexte que les réponses à ces questions ne sont ni connaissables ni unanimes. Pourtant, la multiplicité des conceptions subjectives n’atteint en rien l’unité de la réalité objective. La connaissance suppose en effet un objet extérieur à connaître et un sujet (un homme par exemple) qui le connaît. Sujet et objet sont distincts. Si la connaissance du sujet dépend entièrement de l’existence de l’objet duquel elle tire son contenu, l’inverse n’est pas vrai. La relation est asymétrique. L’objet existe antérieurement à la connaissance du sujet (il faut bien qu’une chose soit pour qu’on la connaisse ensuite) et indépendamment de cette connaissance. Si donc les conceptions sont multiples, c’est que les hommes qui appréhendent la réalité font des erreurs: leur connaissance n’est pas toujours conforme à son objet. Cela est dû aux mauvaises méthodes utilisées (car il faut bien raisonner pour trouver la vérité), aux défauts de la volonté (car il faut vouloir honnêtement trouver la vérité), à l’oubli de données importantes du réel (voir un aspect de la réalité et en oublier un autre), à des facteurs sociaux plus généraux (situation familiale, intérêts, mentalité, conformisme etc.) ou tout simplement à l’absence de l’objet à connaître (si par exemple un homme, sans faute de sa part, n’a jamais entendu parler d’une chose, il se trompe mais ne peut pas faire autrement étant donné l’absence d’objet à saisir). Par exemple: soit un groupe d’amis qui se perd en forêt alors qu’ils doivent rejoindre leur point de départ. Ils discutent et argumentent entre eux pour savoir quel chemin emprunter pour être de retour rapidement. Supposons que trois propositions s’affrontent. Ce n’est pas parce qu’il y a trois propositions que les trois sont vraies. En réalité, malgré la pluralité des propositions, une seule (ou aucune) est la bonne et permettra de rejoindre la but rapidement. De même pour un problème de mathématique: le bon élève met son raisonnement sur papier et écrit la réponse puis rend sa copie au professeur. Evidemment, tout le monde n’est pas bon élève (cela se saurait…), la diversité des notes en témoignent. Le cancre, le mauvais élève ou l’élève travailleur mais peu doué, vont proposer une réponse à leur tout et rendre leur copie. Mais, qui prétendra que chacun a trouvé la solution alors qu’ils ont tous proposé des réponses différentes? Certainement pas le professeur qui connaît la vérité en ce sujet et qui corrigera les copies en conséquences. Nous voyons encore une fois que la réalité objective ne dépend pas des propositions subjectives apportées pour la mettre en lumière (ces propositions sont susceptibles d’être fausses, si elles ne correspondent pas à la réalité, ou vraies si elles sont conformes à leur objet) mais existe en elle-même. Il en est de même pour les conceptions religieuses. Ce n’est pas parce qu’il y en a de nombreuses qu’il n’existe pas de vraie religion. Il faut comme toujours mener un raisonnement correct et être de bonne volonté pour espérer la trouver.

Pour ce faire, nous examinerons quelles sont les marques ou notes distinctives et exclusives que Jésus-Christ a données à son Eglise en l’instituant. Ensuite, nous verrons quelle société réalise en effet ces marques et correspond bien à l’Eglise telle qu’elle a été instituée par Jésus-Christ.

Origine et sens du terme « Eglise »

La religion laissée par le Christ est désignée dans l’Évangile sous les noms de « royaume de Dieu« , « royaume des cieux« , ou encore « Eglise » (Saint Matthieu, chap. XVI et XVIII). C’est ce dernier terme qui a prévalu. Étudions-en les divers sens.

Sens étymologique

En grec, le mot « église », ekklêsia ( ἐκκλησία) signifie « assemblée par convocation » ou « assemblée« . Le latin « ecclesia » signifie aussi « assemblée« .

Sens biblique

Dans la Saint Ecriture, le mot « église » signifie « assemblée des fidèles; ensemble des fidèles d’une localité; société universelle des fidèles« .

Sens usuel

Le sens usuel selon lequel nous l’entendons ici, l’Eglise est la « Société des fidèles qui croient en Jésus-Christ« . On peut envisager cette société d’une façon plus ou moins étendue:

Au sens large, elle comprend tous les croyants: de l’Ancien et du Nouveau Testament; vivants (Eglise militante) ou disparus (Eglise souffrante au purgatoire, Eglise triomphante au paradis).

Au sens précis, on entends par là: 1° la société, c’est-à-dire l’union des volontés pour un même but, 2° des vivants, réunis par la professions d’une même foi en Jésus-Christ, et la participation aux mêmes biens spirituels, 3° sous l’autorité des chefs représentant le divin fondateur.

Les divers groupements chrétiens

Il est nécessaire de les caractériser brièvement avant d’entreprendre l’étude qui nous reste à faire. Trois confessions principales se présentent à nous avec des caractères historiques et intrinsèques (doctrine, culte, morale) assez nets pour que nous puissions les distinguer.

L’Eglise Catholique Romaine

Elle s’offre à nos regards comme une société solidement organisée dont l’unité dogmatique, morale et cultuelle est assurée par une autorité enseignante s’affirmant infaillible, exerçant dans le domaine disciplinaire une juridiction suprême. Ce Chef est l’évêque de Rome, qui, par ses innombrables prédécesseurs qui se sont succédé sans interruption (exerçant la même mission essentielle: la même doctrine, le même culte, la même morale en vue de la même fin qui est le salut des âmes et la gloire de Dieu), se rattache au Chef des Apôtres, Saint Pierre, et par lui au Christ.

La doctrine de Jésus, conservée et enseignée par l’Eglise Romaine, est exposée dans des symboles antiques, des conciles, des catéchismes et par d’autre moyens (pastorale, sermons etc.). Depuis vingt siècles, cette société vivace et active a produit et produit sans cesse des fruits de sainteté dans les diverses nations du monde connu à chaque époque; d’où son nom de catholique, c’est à dire universel.

Les églises protestantes ou réformées

Ces groupements affirment aussi remonter au Christ, mais en se dissociant au XVIème siècle de la société romaine sous l’influence de « réformateurs ».

Ces prétendus rénovateurs furent:

En Allemagne

Luther (1483-1546), moine apostat, orgueilleux, débauché et cruel (il suffit d’étudier sa vie et ses écrits honnêtement pour s’en convaincre: il n’y a qu’excès, mauvaise foi, haine et déséquilibre), qui prêcha une doctrine nouvelle et entraîna dans sa révolte une partie de l’Allemagne, grâce à l’appui des princes, spoliateurs de l’Eglise. Il se montra ouvertement hostile à l’Eglise Catholique Romaine par la publication de ses « 95 thèses » en 1517. En 1521, il fut, lui et ses disciples, expulsés du sein de l’Eglise Catholique Romaine.

En Suisse et en France

Zwingle (1484-1531) et Calvin (1509-1564), le premier curé dans le canton de Glaris, le second étudiant en droit, puis professeur de théologie à Genève, où il exerça la plus sanglante intransigeance en faisant condamner au feu ses contradicteurs et opprima tous les droits religieux et civils de la population. Il fût un véritable tyran capricieux et orgueilleux.

En Angleterre

Henri VIII (1491-1547), roi d’Angleterre de 1509 à sa mort, qui, n’ayant pu faire annuler son mariage par le Pape (il était marié à Catherine d’Aragon. Mais son caractère licencieux et frivole le poussa à prendre des maîtresses dans l’entourage de sa femme, dont Mary Boleyn. Puis, il s’attacha à la sœur de Mary, Anne Boleyn, pris la décision de l’épouser pour satisfaire ses désirs, puis finit par la mettre à mort…) sépara son royaume de l’unité romaine, en attendant que ses successeurs introduisent la doctrine protestante. Ce personnage excessif et déséquilibré se maria à six reprises et fit exécuter deux de ses femmes, Anne Boleyn et Catherine Howard. Tous ces événements malheureux ont été produits par les passions déréglées de Henri VIII qui souhaitait arrivé à ses fins sans aucune considération du bien commun, de l’honneur et de la vérité, mais par une obéissance aveugle à ses caprices et un utilitarisme machiavélique. Il fut excommunié par le Pape en 1534

Doctrine fondamentale de l’église réformée

Elle consiste principalement en deux points:

1° L’homme (qui n’est d’ailleurs pas libre) est justifié par la seule foi sans les oeuvres, qui sont inefficaces aussi bien que le culte, les Sacrements et les indulgences.

2° La seule règle de foi est l’Ecriture Sainte interprétée par l’individu, soit seul, soit inspirée par l’Esprit-Saint (en cas d’interprétations diverses, Dieu, acte pur et unique vérité, les ayant toutes inspirées, serait alors l’auteur de l’erreur?…). D’où il suit que l’Eglise du Christ est une Eglise invisible, formée des seuls justes, et sans hiérarchie.

Ces deux dogmes étaient des dissolvants parfaits (qui ne servaient qu’à satisfaire l’orgueil humain, les intérêts personnels des princes, excuser la licence et détruire la hiérarchie catholique): on le vit bien vite par la floraison d’une multitude de doctrines se prétendant toutes inspirées, et d’une poussière de sectes opposées qui, pour subsister, devaient, sans craindre l’illogisme, se donner une organisation extérieure (pasteurs et parfois « évêques »).

L’état actuel du protestantisme

Nous devinons trois grands tronçons principaux : le luthéranisme, répandu surtout en Allemagne, dans les pays scandinaves, en Hollande et un peu en Angleterre et en Amérique; le calvinisme (Suisse, Allemagne, quelques régions de la France; Pays-Bas; Ecosse) et l’Anglicanisme, présentant une physionomie particulière. A ces groupes historiques principaux ce sont ajouté d’innombrables sectes. Les plus répandues aujourd’hui sont les groupes évangéliques (anabaptisme, baptisme, pentecôtisme), surtout présents en Amérique et en Afrique. Cet éparpillement potentiellement infini et de fait toujours exponentiel (des « prophètes » se disant inspirés naissent à peu près tous les jours en Afrique et en Amérique) est une conséquence du libre examen. Tous ces groupes s’opposent donc sans posséder en leur sein les principes nécessaires pour démontrer l’erreur des autres (contrairement au catholicisme qui professe que la révélation ne peut-être interprétée que par l’Eglise catholique et son chef, le Pape): le libre examen et le primat de l’expérience subjective une fois posés, toute tentative de réfutation objective s’évanouit. Ce seul fait pourrait suffire à exclure le protestantisme de l’examen sur la véritable Eglise de Jésus-Christ.

Chacun est divisé en une foule de factions dissidentes et rivales s’opposant par le dogme, la morale et l’organisation: les unes niant certains Sacrements ou même tous; d’autres les acceptant comme purs symboles, d’autre enfin comme canaux de la grâce: puritains, anabaptistes, sociniens, méthodistes, mormons, unitaires, armée du salut, protestants conservateurs, protestants libéraux etc.

L’Anglicanisme en particulier, dont la doctrine est contenue dans les 39 articles de la confession de foi et le Livre de la prière publique (« Common Prayer-book ») est divisé e, trois groupes principaux: 1° La Haute-Eglise, la plus « proche » du catholicisme, dont la fraction la plus élevée (ritualisme ou puseyisme), issue du mouvement d’Oxford (1833-1850), ne diffère de l’Eglise romaine, en ce qui concerne le dogme, que sur l’infaillibilité pontificale et l’Immaculée-Conception; 2° La Basse-Eglise (ou évangélique) à tendance calvinistes; 3° et l’Eglise Large, aux dogmes rares et à la moralité relâchée.

Comme nous l’avons dit, ces variations continuelles et cet émiettement à l’extrême sont l’aboutissement logique du principe posé.

Les églises grecques et orientales dites « orthodoxes », en schisme avec Rome

Elles constituent un autre groupe de rameaux chrétiens qui ont voulu vivre d’une vie autonome, en dehors de la communion et de la communauté religieuses avec l’évêque de Rome.

La plupart de ces églises devinrent indépendantes par l’intermédiaire des patriarches de Constantinople, auxquels elles étaient soumises.

Or, ces patriarches, sous l’influence de l’antipathie des Orientaux et Occidentaux et avec la faveur du pouvoir impérial qui désirait exercer plus d’emprise sur les choses religieuses, grâce enfin à l’ambition personnelle de quelques-uns d’entre eux, provoquèrent la constitution en église autocéphale de toute la chrétienté d’Orient dépendant de leur patriarcat. Les deux principaux auteurs de cette manoeuvre furent:

Au IXème siècle, Photius, patriarche usurpateur nommé par le régent Bardas et qui provoqua une séparation momentanée avec Rome.

Au XIème siècle, Michel Cérullaire, intrigant et ambitieux, qui, en 1054, sous des prétextes divers, consomma la scission. Les invasions turques et la chute de l’Empire d’Orient (1453), desserrant les liens avec Constantinople, amenèrent la constitution de nombreuses églises nationales. Celle de Russie domina longtemps moralement. Plusieurs essais de réunion, soit avec l’Eglise Romaine (plus de 20 en quatre siècles), soit avec le protestantisme, furent vainement tentés.

La doctrine des schismatiques orientaux

Elle s’éloigne sur un assez grand nombre de points de celle de l’Eglise Romain. Au point du vue dogmatique, seuls les sept premiers Conciles œcuméniques sont acceptés; la doctrine des Sacrements: Baptême, Pénitence, Extrême-Onction, Ordre, Mariage, est différente sur plusieurs points; on admet ni le Purgatoire, ni l’Immaculée-Conception; l’Eglise du Christ serait formée d’églises nationales autonomes; pas de primauté ni d’infaillibilité pontificale, car tous les Apôtres ou évêques sont égaux ; Saint Pierre n’aurait reçu qu’un préséance d’honneur passée d’abord à l’évêque de Rome, puis à celui de Constantinople. L’infaillibilité appartient au corps épiscopal dans son ensemble. Enfin, le Saint-Esprit ne procéderait que du Père; d’où les difficultés touchant l’insertion du mot Filioque dans le Symbole de Nicée, qu’on prétexta dès le début. Le divergences sont plus nombreuses encore touchant la discipline et la liturgie (mariage des simples prêtres, baptême par immersion, etc.).

Etat actuel de ces églises nationales autonomes

Elles sont réparties en églises nationales formant quatre groupes: 1° grec (Constantinople, Grèce, Chypre); 2° gréco-arabe (Palestine, Syrie, Egypte); 3° slave (Russie, Bulgarie, Yougo-Slavie); 4° roumain (Roumanie et Transylvanie, une partie de la Pologne et de la Hongrie.

On peut y rattacher aussi un certain nombre d’églises séparées orientales provenant des hérésies anciennes sur la nature du Christ (nestorianisme et eutychianisme): Eglise copte (en Egypte et Abyssinie); arménienne; chaldéenne, et jacobite (Syrie et Mésopotamie).

L’ensemble forme donc, on le voit, un groupe assez peu homogène, dont les éléments sont tous plus ou moins influencées par le pouvoir national et civil en chaque nation. Encore de nos jours, les division continuent à se multiplier (voir Le schisme dans le schisme).

Problème à résoudre

La question à résoudre peut se formuler ainsi:

Quelle est, parmi les sociétés existant actuellement et se donnant comme chrétiennes, celle que Jésus-Christ a fondée, et à quoi peut-on la reconnaître?

Pour rechercher la véritable Eglise de Jésus-Christ, il faut étudier successivement son institution, ses marques distinctives et ses propriétés essentielles assignées par le Fondateur.

Saint Grégoire recevant la visite de la colombe, Matthias Stom, XVIIème siècle

Institution de l’Eglise

Nous avons déjà démontrer que les Évangiles étaient authentiques et que Jésus-Christ était Dieu. Autrement dit, nous sommes désormais certains que Dieu s’est bien révélé et qu’il l’a fait par Jésus-Christ. Nous avons aussi vu tout ce qu’impliquait la divinité de Jésus-Christ, pour lui (nature et attributs) et pour nous (le suivre). Nous nous demanderons maintenant ce qu’a fait le Christ, pour mettre sa révélation à notre portée, à la portée de tous les hommes. Si sa sagesse divine Lui conseillait un moyen souverainement efficace, Il a dû évidemment le prendre; on peut constater ensuite s’il l’a pris en fait. Nous nous poserons donc successivement ces deux questions:

Jésus devait-il fonder dans ce but une société visible et enseignante?

En fait, l’a-t-il fondée?


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