Transsubstantiation veut dire passage d’une substance à une autre. Elle signifie plus précisément ce qui e produit lors de la Consécration, pendant le canon de la Messe. Dès que sont prononcées les paroles de la Consécration : « Ceci est mon Corps… Ceci est le calice mon Sang… », toute la substance du pain et du vin se transforme complètement, immédiatement, totalement en la substance du Corps et du Sang du Christ. Il n’y a plus rien de la substance du pain et du vin, seules les « espèces » du pain et du vin demeurent.
On appelle « espèce » (du latin « aspicere : regarder, percevoir ») tout ce qui, dans les choses matérielles, peut être perçu, expérimenté, vérifié par les sens. Avec le sens de la vue, nous voyons les couleurs et les formes des choses ; avec le goût, nous ressentons la saveur, avec l’odorat, les odeurs, avec le toucher, les dimensions, le poids, la forme des choses. Les qualités extérieures des corps sont le phénomène ou l’espèce qui tombe sous le contrôle ou l’expérience des sens ou des instruments de recherche qui renforcent la perception des sens.
Toutes les espèces ou tous les accidents des corps sont soutenus par la quantité, qui est l’espèce la plus proche de la substance de la chose.
Il y a sous les accidents quelque chose qui soutient la quantité et donc tous les autres accidents. Sous la couleur bleue, il y a « quelque chose » qui soutient la couleur : c’est la substance (sub-stare : être sous). S’il n’y avait pas des choses ou substances colorées en bleu, il n’y aurait pas même la couleur bleue. Il n’y a pas d’accidents sans substance.
Lors de la consécration, ce « quid », ce « quelque chose » qui est sous les accidents, qui les soutient et qui en est comme entouré est changé. Par contre, les accidents demeurent inchangés, et l’on ne saurait distinguer par la quantité, par la couleur, par le poids, par le goût, etc., le pain et le vin communs du pain et du vin consacrés. Tout ce que l’on peut observer avec nos sens et avec des instruments de recherche ou de contrôle demeure inchangé. C’est pourquoi nous ne pouvons contrôler la transsubstantiation, ni pendant qu’elle s’accomplit, ni après qu’elle ait eu lieu. Seule change la substance que nous ne pouvons percevoir avec nos sens.
Les accidents du pain et du vin, qui demeurent inchangés après la Consécration, ne sont plus soutenus par la substance qui est la leur propre, mais demeurent parce qu’ils « sont soutenus par la toute-puissance divine » (SAINT THOMAS, Somme théologique, III, q. 77, a.1).
Les accidents qui demeurent sont toujours ceux de la substance qui a été changée et ne deviennent pas les espèces de la nouvelle substance. C’est pour cela que l’on ne peut pas dire que le Corps du Christ dans l’Eucharistie est blanc, a la forme d’un petit disque, est froid, léger, inerte… ni que le Sang du Christ est doux, blanc, rouge, dense, sombre, etc., comme on peut le dire pour les accidents du pain et du vin.