Vie de saint François de Sales

SOMMAIRE

. Vie de saint François de Sales
. Canonisation
. Docteur de l’Église
. Méditations sur saint François de Sales
. Un précurseur de l’œcuménisme et de Vatican II ?


Vie de saint François de Sales, évêque et docteur de l’Eglise (R.P. René Moreau, S. J.)

Prime enfance (1567-1573)

François de Sales, seigneur de Nouvelles, homme de guerre et diplomate habile, avait épousé la fille unique de Melchior de Sionnaz, qui lui avait apporté en dot la seigneurie de Boisy, à condition qu’il en prît le nom. Il habitait cependant au château de Sales, près de Thorens, dans le duché de Savoie, que gouvernait alors Charles-Emmanuel. C’est là que, six ans après son mariage, Dieu lui donna un premier fils, qui devait être le saint évêque de Genève. L’enfant, nommé François, comme son père, naquit le 21 août 1567. Dès sa toute petite enfance, il montra de singulières dispositions pour la piété. Les premiers mots qu’il prononça de lui-même furent : « Le bon Dieu et maman m’aiment bien. » Il avait joie à être porté à l’église, où il semblait ne s’ennuyer jamais, à imiter les cérémonies de la messe, à réciter des prières. Il chérissait aussi les pauvres et leur donnait, comme d’instinct, ce qu’il avait en mains. Et cependant il avait ses défauts, contre lesquels ses parents, excellents chrétiens l’un et l’autre, réagirent vigoureusement : la vanité, qui l’entraîna un jour à un petit vol, châtié immédiatement par son père, malgré l’aveu spontané du coupable ; la gourmandise, dont ses historiens citent un assez beau trait ; surtout une fougue et une impétuosité qui ressemblaient bien à la colère, mais qu’il combattit si bien et si longtemps, qu’il devint le modèle de la douceur et de la patience. Un jour, Mme de Chantal le priait « de s’émouvoir un peu sur le sujet de quelque traverse que l’on faisait à ce monastère de la Visitation. Il me répondit, raconte-t-elle : « Voudriez-vous que je perdisse en « un quart d’heure ce que j’ai eu bien de la peine à acquérir « en vingt ans? » Il ne devint donc un saint, comme il enseigna plus tard à faire, que par une correspondance exacte et généreuse aux grâces que Dieu lui donnait avec abondance et une lutte persévérante contre lui-même.

Les études et les premiers germes de sainteté (1573-1592)

Dès l’âge de six ans, François fut mis au collège, d’abord à la Roche, puis à Annecy jusqu’à treize ans ; il s’y montra aussi intelligent et ardent au travail que pieux et charitable. Ses humanités achevées, M. de Boisy résolut d’envoyer son fils terminer ses études à Paris, où la jeune noblesse savoyarde fréquentait le collège de Navarre. Mais François, qui avait entendu dire qu’on formait mieux dans ce collège à briller dans le monde qu’à plaire à Dieu, obtint par ses instances d’aller de préférence au collège de Clermont, — devenu plus tard Louis-le-Grand, — où professaient les Jésuites. II y passa six ans, deux en rhétorique, où il eut pour professeur le Père Sirmond, et quatre en philosophie. Dans le temps qu’il étudiait, Dieu, pour perfectionner sa vertu, permit qu’il fût en butte à une terrible tentation de désespoir. Ce jeune homme, si pur et si pieux, s’imagina qu’il se méprenait sur l’état de son âme, qu’il était destiné à la damnation éternelle. Cette affreuse persuasion ruina même ses forces physiques ; il tomba gravement malade. Mais sa charité héroïque et sa dévotion à la sainte Vierge le sauvèrent.

Aux pieds de Notre-Dame, dans l’église de Saint-Étienne-des-Grès, tandis qu’il récitait le Souvenez-vous avec toute la dévotion de son cœur et faisait vœu de chasteté perpétuelle, son âme et son corps furent subitement guéris. Sa philosophie était achevée ; sur l’ordre de son père, François  partit alors pour l’université de Padoue, renommée dans toute l’Europe à cause de ses cours de jurisprudence. Il s’en réjouit : depuis l’âge de onze ans, il avait obtenu la permission, accordée par M. de Boisy, comme à un désir enfantin et sans conséquence, de recevoir la tonsure. Mais ce n’était pour lui qu’un premier pas vers un but que de plus en plus il aspirait à atteindre. Il savait quelle opposition il rencontrerait dans son père, qui fondait sur son fils aîné toutes ses espérances mondaines. Mais à Padoue du moins, il lui serait possible de commencer, avec l’étude du droit, celle de la théologie. C’est ce qu’il fit, en même temps que, sous la direction du Père Possevin, il faisait de grands progrès en sainteté. Reçu docteur avec les plus grands éloges du célèbre jurisconsulte Pancirole, François revint en Savoie en 1592.

Retour en Savoie et ordination (1593)

M. de Boisy songea immédiatement à établir le fils dont il était si justement fier. Mais celui-ci déclina les projets de mariage et les offres d’un siège au sénat de Chambéry, et par ces refus fut amené à révéler sa résolution d’être à Dieu par le sacerdoce. Alors commença une lutte pénible entre le père et le fils; enfin la foi profonde de M. de Boisy fut victorieuse de son ambition paternelle. Il donna son consentement sans réserve avec sa bénédiction. François, qui à son insu avait été pourvu, grâce à Mgr de Granier, évêque de Genève, de la haute dignité de prévôt, — ou doyen, — du chapitre cathédral, fut rapidement ordonné prêtre (le 18 décembre 1593). Dès le premier moment, il se montra non seulement digne de ses fonctions, mais, — par sa science, sa profonde et touchante piété, son zèle infatigable, sa tendre et compatissante charité, son éloquence simple, chaude et prenante, — l’honneur et le modèle de tous ses confrères.

La conversion du Chablais (1594-1598)

Il ne tarda pas à donner la mesure de toutes ses vertus dans une circonstance qui les mit en pleine valeur. Le duc de Savoie venait de reconquérir, sur les Bernois, le pays du Chablais, qu’ils lui avaient enlevé depuis 1536 et qu’ils avaient presque entièrement gagné au protestantisme. Pour le convertir, il fallait des apôtres prêts à tout, et même au martyre. François s’offrit à cette tâche ; il la remplit avec un dévouement que ne rebuta pas un insuccès de sept mois, avec un courage qui, à plusieurs reprises, affronta une mort certaine, avec une apostolique habileté qui multiplia les industries et surtout les marques de dévouement désintéressé. Enfin il eut raison des résistances les plus acharnées ; au bout de quatre ans il remettait aux mains de son évêque le pays ramené par lui à la foi. Et le vieux prélat, au comble du bonheur, salua en lui le coadjuteur que Rome lui accordait et aux mains de qui il remettrait avec confiance le gouvernement de son peuple.

Évêque de Genève (1602), prédicateur doux, charitable et zélé

Le jour vint bientôt, de fait, où François lui succéda. Mgr de Granier mourait le 17 septembre 1602, laissant le souvenir de belles vertus et particulièrement de la plus sainte pauvreté. Sacré le 8 décembre suivant, fête de l’Immaculée Conception, son coadjuteur donnerait des exemples plus admirables encore. Il ne vécut que pour son église et spécialement pour  les plus petits, les plus malheureux et les plus misérables enfants de cette église. Il avait enjoint aux prêtres et aux religieux d’Annecy, sa résidence, d’envoyer à son confessionnal non seulement les pauvres et les misérables pour qu’il les consolât et les secourût, mais encore les personnes atteintes de quelque maladie infecte qui blessait la vue ou l’odorat. « Ce me sont roses, » disait-il. Mais ce n’était pas seulement à l’église qu’il recevait ceux qui désiraient une audience : sa demeure était toujours ouverte à tous les visiteurs, quels qu’ils fussent. Un gentilhomme était venu de Normandie lui proposer quelques cas de conscience. Il frappa à la porte au moment où l’évêque se mettait à table ; sans retard il fut admis ; il fut écouté pendant dix, heures d’horloge. En vain le moment (du souper arrive, on avertit l’évêque, on lui envoie message sur message : « Nonne anima plus est quam esca? Une âme ne vaut-elle pas plus qu’un souper? » répond-il aimablement. Et rien ne trahit en lui l’impatience ou la lassitude. Il ne se donnait pas moins aux foules, distribuant la parole divine avec une sorte de prodigalité. Déjà, à peine était-il prêtre, son père lui en faisait un reproche.

« Un jour, racontait-il, mon bon père me prit à part et me dit : « Prévôt, tu prêches trop souvent! J’entends, même en des jours ouvriers, sonner le sermon et toujours on me dit : C’est le prévôt, c’est le prévôt… Tu rends cet exercice si commun, qu’on n’en fait plus de cas et on n’a plus autant d’estime de toi. » Mais non, l’estime au contraire s’augmentait. Partout, en Savoie, en France, à Chambéry comme à Paris, où il passa l’année 1618 et prêcha trois cent soixante-cinq fois, on demandait à entendre cette parole qui par sa simplicité, sa grâce comme par sa forte et solide doctrine et sa persuasive piété, tranchait sur l’éloquence emphatique et subtile à la mode en ce temps. On ne se lassait pas de l’entendre, mais surtout à l’entendre on devenait meilleur.

Rencontre avec sainte Jeanne de Chantal (1604)

C’est au cours d’une station de Carême qu’il donnait à Dijon en 1604 que Dieu le mit en rapports avec celle qui devait être sa fille d’élection et, avec lui, fonder l’ordre de la Visitation. Il la reconnut au pied de sa chaire, sans l’avoir jamais vue, car une vision lui avait montré les traits de Jeanne-Françoise de Chantal (1572 – 1641) en lui révélant les desseins de Dieu sur elle. Avec une prudence toute céleste, une pitié attentive aux premières faiblesses, une énergie toute détrempée de tendresse, un zèle qui ne tolérait aucune défaillance, enfin dans une paix suave qui réprimait tout empressement et se nourrissait d’indifférence sereine, il la mena doucement et vigoureusement à la perfection où Dieu  l’appelait. Tels furent toujours, et pour tous et toutes, les caractères de sa direction. Hommes de cour ou de guerre, grandes dames ou religieuses ou femmes du peuple, il leur dépensait les trésors de sa pensée et de son cœur, fort dans sa tendresse et tendre dans ses plus rigoureuses exigences. Selon sa comparaison, il excelle à présenter aux lèvres la coupe la plus amère en parfumant ses bords d’un miel embaumé. Dans sa correspondance infinie, dans le Traité de l’Amour de Dieu, écrit pour ses chères filles de la Visitation, dans l’Introduction à la Vie dévote, composée d’abord de lettres adressées à Mme de Charmoisy, et véritable code de la piété dans le monde, c’est toujours par la séduction de son sourire paisible qu’il appelle, qu’il engage, qu’il force aux plus vaillantes résolutions.

Mort en odeur de sainteté (1622)

Au mois de novembre 1622, le duc de Savoie convoqua le saint évêque à l’accompagner à Avignon, où il voulait saluer le roi Louis XIII. Saint François de Sales partit, quoiqu’il se sentît bien fatigué ; il pensait obéir à Dieu en obéissant à son souverain. Mais quand il revenait de ce voyage, où la vénération des peuples lui avait partout fait cortège, à Lyon, le 27 décembre, il fut frappé soudain d’apoplexie ; néanmoins la connaissance ni la parole ne lui furent point enlevées. Jusqu’au dernier moment il supporta avec sa patience ordinaire les tourments qu’inventèrent les médecins dans l’espoir de l’arracher à l’envahissement du mal. Enfin, au soir de la fête des Saints Innocents, dont son âme, pure comme la leur, avait toujours eu la grâce, il rendit dans la paix son âme à Dieu, en disant : « Jésus ! »

Notice récapitulative


Canonisation

Bulle ou décret de la canonisation de saint François de Sales, prince et évêque de Genève, du pape Alexandre VII (19 avril 1665).


Docteur de l’Eglise

Décret Urbis et Orbis de la sacrée congrégation des rites : Première déclaration du Doctorat de saint François de Sales (19 juillet 1877).

Bref du pape Pie IX élevant saint François de Sales à la dignité de docteur de l’Eglise (1877)


Méditations sur saint François de Sales

Méditation du Père Hamon

Méditation de saint Alphonse de Liguori


Un précurseur de l’œcuménisme et de Vatican II ?

Comparaison entre l’exemple de saint François de Sales et la fausse doctrine de Vatican II sur les « chrétiens séparés » et le prosélytisme.


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