Aujourd’hui, le latin est regardé de travers et la Messe en latin est vue comme une étrangeté venue d’un autre temps. Être attaché au latin serait un signe de fermeture d’esprit. En réalité, rassurez-vous, de nombreuses raisons tout à fait sensées viennent au secours du latin ! Souvent, les personnes opposées au latin ou effrayées par le latin n’ont jamais réfléchi à ces raisons. Elles se contentent de répéter de vagues impressions suscitées par l’esprit du temps. Mais est-ce raisonnable de s’opposer à quelque chose sans réellement savoir pourquoi on s’y oppose, ou sans avoir considérer calmement les arguments qui pourraient la justifier ?
Tout d’abord, le latin est la langue officielle de l’Eglise catholique en Occident, et, comme l’enseigne Pie XII, « l’Eglise a de sérieuses raisons pour conserver fermement, dans le rite latin, l’obligation pour le prêtre célébrant d’employer la langue latine » (discours aux participants du Congrès de liturgie pastorale, 1956).
Voici 5 de ces sérieuses raisons qui nous poussent à conserver le latin:
- Unité : le latin est un signe d’unité avec le Siège de Pierre. Il permet de conserver l’intégrité et l’unité des dogmes (ils restent les mêmes au cours du temps et à travers le monde) en union avec le Pape, qui en est le gardien. Il évite également les erreurs auxquelles les traductions, sans cesse renouvelées, peuvent donner lieu, créant des disparités en fonction des lieux et des langues. Enfin, l’unité engendrée par l’usage du latin est très évident dans la vie quotidienne des catholiques: dans le pays de rite latin, la Messe est partout essentiellement la même, au-delà des différence de langues et de culture. C’est très beau ! Les protestants ou les modernistes ne peuvent pas en dire autant.
- Stabilité : le latin garantie l’immutabilité des dogmes puisque les mots, les formules et leur sens ne changent pas. Au contraire, les langues vernaculaires se modifient perpétuellement et profondément. « L’Eglise embrassant en son sein toutes les nations, et étant destinée à durer jusqu’à la fin des siècles, exige de par sa nature une langue universelle, immuable, non populaire » (Pie XI, Officiorum Omnium, 1922).
- Sacré : la langue et son usage varient selon les pays, les lieux et les situations (dialectes ou langues nationales, langages soutenu, informel ou familier, expressions, langages commercial ou juridique, etc.). Il convient également que le culte religieux, chose sacrée, ait une langue propre qui corresponde à ses caractéristiques. Au fond, c’est vraiment très logique: qui parlerait par exemple à un roi ou à un sage respecté de tous sans respect et sans un langage adapté ? Alors avec Dieu ? C’est pourquoi il existe des « langues sacrées et séparées des autres par un choix divin, pour servir d’intermédiaire entre le ciel et la terre » (Dom Guéranger, Institutions liturgiques, 1841). Au contraire, utiliser une langue courante pour le culte apporte de la confusion entre le profane et le religieux et n’aide pas à comprendre que Dieu est transcendant et à prendre conscience de sa présence et de sa grandeur. Dans les offices modernistes en langue courante, on voit que cette transcendance est évacuée et qu’on traite Dieu avec légèreté, comme s’il était un être comme un autre, ou une idée purement humaine.
- Tradition : il est grand et beau que nous priions comme ont prié nos pères, avec les mêmes formules, les mêmes rites, la même langue. L’usage du latin dans la liturgie remonte très loin dans le temps, puisqu’avec l’hébreu et le grec, ce sont “les seules dont on se soit servi à l’autel” au cours des quatre premiers siècles (Dom Guéranger, Institutions liturgiques, 1841).
- Tous les hérétiques ont reproché à l’Eglise l’emploi, dans la liturgie, d’une langue inaccessible aux fidèles, et ont revendiqué l’usage du vernaculaire : les Vaudois, les Cathares, Wiclef, Huss, les protestants, les jansénistes, les vieux-catholiques. L’Eglise a toujours combattu ces revendications, et Pie VI explique que l’affirmation selon laquelle il est nécessaire « d’introduire l’usage de la langue vernaculaire dans les prières liturgiques » est « fausse, téméraire, perturbatrice des règles prescrites pour la célébration des mystères, cause facile de très nombreux maux” (Pie VI, Auctorem Fidei, 1794).