La valeur de la confession expliquée aux protestants
La fin de Luther, un livre sur la mort peu édifiante de Luther
par le Dr Majunke, Curé de Hochkirch (Silésie)
Le protestantisme est un courant religieux voulant former un christianisme hors de toute hiérarchie catholique, refusant toute médiation de l’Eglise entre l’individu et le Christ.
L’Eglise nous enseigne au contraire que l’on doit passer par elle pour être sauvée. C’est ce que nous enseigne Notre Seigneur dans l’évangile où il dit « S’il n’écoute pas même l’Eglise, qu’il soit pour toi comme le païen et le publicain » (Matthieu 18, 17), il dit également à ses apôtres « Celui qui vous écoute m’écoute, celui qui vous rejette me rejette ; or celui qui me rejette, rejette celui qui m’a envoyé » (Luc 10, 16). De plus, l’individu livré à lui-même, même avec les secours de la grâce ne peut que difficilement se sauver, ce pourquoi il a besoin d’intermédiaires. Enfin, les réformateurs protestants comme Luther, Calvin, viennent de l’Eglise catholique et tiennent leurs baptêmes, l’écriture sainte, de l’Eglise. Le protestantisme a été créé par des hommes alors que l’Eglise catholique a été fondée par Notre Seigneur Jésus-Christ.
Le protestantisme, dans sa forme aboutie, a été présenté et développé par un religieux allemand Martin Luther (1483-1546) à partir de 1520. On préfère initialement parler de réforme, le qualificatif de protestant datant de la Diète de Spire de 1529 pour désigner les princes allemands luthériens qui protestaient contre l’empereur Charles Quint, les luthériens réemploieront ce nom en tant qu’ils protesteraient la Foi dans le Christ. La réforme sera développée ultérieurement par Ulrich Zwingly (1484-1531) en Suisse, par Jean Calvin (1509-1564) à Genève et en France. Historiquement, le qualificatif de protestant est attribué à la réforme luthérienne, les autres courants étant qualifiés de ‘’réformés’’.
Le protestantisme se fonde sur le salut par la foi seule et le rejet de l’autorité de l’Eglise catholique par le libre examen et le sacerdoce universel.
Luther prétend que l’homme n’est pas sauvé par les œuvres mais seulement par la ‘’Foi’’. Pour Luther, la Foi consiste à croire que Dieu nous pardonnera nos péchés et nous conduira au ciel sans mérite ou effort de notre part. Pour Luther, cette confiance suffit à sauver l’homme de l’enfer et nous rend justes aux yeux de Dieu, sans nous rendre bons pour autant. Le salut ne dépend absolument pas de l’homme mais totalement de Dieu qui donne son salut de manière totalement gratuite, ainsi on ne peut choisir d’aller en enfer ou au ciel, Dieu nous donne la Foi sans notre consentement et peut nous l’enlever de même. Pour Luther, faire une bonne œuvre en vue du salut de son âme est un péché, car l’on s’attribuerait à soi alors les mérites de notre salut et non à Jésus-Christ. De son côté, Jean Calvin adhère à la théorie de la double prédestination, voulant que chaque homme soit prédestiné au salut ou à la damnation, sans choix libre de sa part, cette prédestination au ciel peut se manifester par la réussite sociale, les richesses extérieures ou la facilité à accomplir certains actes vertueux. Pour Calvin, l’accomplissement de bonnes œuvres est un acte louable, permettant de confirmer que Dieu nous prédestine, mais parfaitement inutile dans l’ordre du salut.
Au salut par la Foi seule, l’Eglise répond que le grâce de Dieu ne peut sauver l’homme que s’il s’y dispose par sa bonne volonté. Notre seigneur dit lui-même « Ce n’est pas celui qui m’aura dit : » Seigneur, Seigneur ! » qui entrera dans le royaume des cieux, mais celui qui aura fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. » (Matthieu 7, 21). De même l’Apôtre Saint Jacques rappelle dans son épitre que la Foi sans les œuvres est morte : « que sert-il, mes frères, à un homme de dire qu’il a la foi, s’il n’a pas les œuvres ? Est-ce que cette foi pourra le sauver ? » (Jacques II, XIV), « vous voyez que l’homme est justifié par les œuvres, et non par la foi seulement » (Jacques II, XXIV).
Le sola scriptura est la prétention du protestantisme, qu’il n’y aurait d’autres autorités en matière de Foi que l’écriture sainte, rejetant la Tradition et l’enseignement de l’Eglise. Le libre examen consiste à dire que l’écriture sainte n’a pas à être interprétée par l’Eglise mais qu’elle peut être interprétée par un simple particulier avec ses propres lumières. Selon les courants, un simple particulier, s’il a la Foi, sera assisté par le Saint-Esprit quand il lit la Bible afin de pouvoir la comprendre, pour d’autres, le fidèle pourrait examiner la bible et la comprendre avec sa simple intelligence sans recourir à l’Eglise ou à l’Esprit-Saint.
L’Eglise catholique distingue comme autorité la règle prochaine de la foi qui est son magistère (enseignement des papes, conciles, doctrines enseignées unanimement par les évêques dispersés dans le monde) et la règle éloignée de la foi (écriture sainte et Tradition). Un Chrétien doit croire tout ce que l’Eglise lui enseigne car Notre Seigneur lui a promis l’assistance du Saint-Esprit dans son enseignement, l’Apôtre Saint Paul rappelle que l’Eglise de Dieu est « Colonne et base de la vérité » (Timothée III, XV). De même, la révélation s’est transmise de deux manières, par l’écriture sainte et la Tradition. L’Eglise rappelle que l’écriture sainte doit être comprise à la lumière de l’enseignement de l’Eglise. En effet, nous voyons que le canon de l’écriture sainte a été délimité par l’Eglise, Saint Augustin dit lui-même qu’il ne croit à l’écriture sainte que parce que l’Eglise est garante de son authenticité. L’écriture sainte elle-même rappelle que certains de ses passages sont obscurs et ne peuvent être interprétés par n’importe qui « Il s’y rencontre des passages difficiles à entendre, et que des personnes ignorantes et mal affermies détournent, comme elles font les autres Ecritures, pour leur perdition » (II Pierre III, XVI). Dans les actes des apôtres, le diacre Phillipe demande à l’eunuque éthiopien s’il comprend ce qu’il lit dans l’écriture sainte, l’eunuque lui répond « Et comment le pourrais-je si quelqu’un ne me guide ? » (Actes VIII, XXXI). L’écriture ne peut donc être interprétée seule. Quant à la Tradition, nous pouvons remarquer que durant les premières années de prédications apostolique, le nouveau testament n’était pas écrit et les fidèles catholiques devaient se fier à la parole des apôtres, de plus, l’écriture sainte nous fait voir son existence « Jésus a fait encore beaucoup d’autres choses; si on les rapportait en détail, je ne pense pas que le monde entier pût contenir les livres qu’il faudrait écrire. » (Jean XXI, XXV), Saint Jean dit dans deux de ses épitres : « Quoique j’eusse beaucoup de choses à vous écrire, je n’ai pas voulu le faire avec le papier et l’encre; mais j’espère aller chez vous et vous entretenir de vive voix, afin que votre joie soit parfaite. » (II Jean I, XII).
Par la doctrine du sacerdoce universel, Luther prétend que tout baptisé est prêtre et peut consacrer l’Eucharistie.
L’Eglise au contraire nous enseigne que seul un prêtre ordonné par un évêque peut célébrer validement la Sainte Messe. Un prêtre doit être ordonné par un évêque et un évêque doit être sacré par un autre évêque, les premiers évêques étant sacrés par les apôtres par l’imposition des mains. On retrouve l’ordination des évêques dans l’écriture sainte.
La messe catholique, renouvellement non sanglant du sacrifice de la croix est remplacé par un mémorial de la Cène du Christ. Alors que dans la Messe catholique le corps et le sang sont réellement et substantiellement présents derrière les apparences du pain et du vin, protestants et réformés relativisent la présence réelle, voire la suppriment. Martin Luther croit en une présence conjointe du pain et du corps, du vin et du sang. Jean Calvin pense qu’il y a une présence spirituelle du Christ dans l’eucharistie. Quant à Ulrich Zwingli et à Phillipe Melanchthon (1497-1560), ils pensent qu’il n’y a pas de présence réelle, mais que le pain et le vin représentent symboliquement le corps et le sang du Christ. Alors que Saint Sacrifice de la Messe est offert sur un autel et célébré en Latin ou dans une langue sacrée, la cène protestante est célébrée en langue vulgaire sur une table. Les cultes protestants et réformés sont très variables à travers le monde. Enfin, si l’Eglise catholique enseigne d’une seule voix, qu’il y a sept sacrements, les protestants sont divisés, Calvin en admet deux (baptême, eucharistie), Luther en reconnait trois (il y ajoute la confession) et Melanchthon en ajoute un quatrième (l’ordination).
Paul-Marie C.