La méditation

Sommaire
Principes généraux
Méthode sulpicienne
— Méthode ignatienne
— Méthode salésienne


Principes généraux

« Lève-toi, loue Dieu pendant la nuit, au commencement des veilles ; répands ton cœur comme de l’eau devant le Seigneur »

Lm 2, 19

« Quand nous pensons aux choses divines, non pour apprendre, mais pour nous affectionner à elles, cela s’appelle méditer ; et cet exercice, méditation, auquel notre esprit, non comme une mouche par simple amusement ni comme un hanneton pour manger et se remplir, mais comme une abeille sacrée, va çà et là sur les fleurs des saints mystères pour en extraire le miel du divin amour. […] La méditation n’est autre chose qu’une pensée attentive, réitérée ou entretenue volontairement en l’esprit, afin d’exciter la volonté à des saintes et salutaires affections et résolutions »

Saint François de Sales, Traité de l’amour de Dieu, Livre VI, chapitre 2

La méditation est un des éléments de la vie chrétienne. A ce titre, elle est essentiellement ordonnée à Dieu, Principe et Fin de toutes choses, Créateur et Seigneur du Ciel et de la terre. La méditation chrétienne, par le recueillement et le détachement, par l’union à Dieu, la pénétration des saints mystères et les pieuses affections, est un moyen de sanctification et un guide sûr vers le port du Salut. Plus simplement, en nous faisant penser régulièrement à Dieu et à la religion, la méditation nous pousse à vivre une vie plus chrétienne. Elle permet de remettre devant nos yeux les vérités révélées par Dieu et les vertus chrétiennes, elle nous entraîne à mieux nous connaître (nos défauts), nous aide à mieux régler notre vie et nous habitue à avoir une relation vivante et concrète avec Dieu au quotidien. C’est pour cela que les saints recommandent tous la méditation et expliquent que sérieusement et régulièrement faite, elle est incompatible avec l’état habituel de péché mortel, ce qui est suffisant pour démontrer son efficacité ! La méditation développe tellement de bonnes habitudes, de bons réflexes de vie chrétienne (la vie surnaturelle chrétienne devient alors « comme une seconde nature ») et renforce tant les convictions que tout ce qui s’y oppose (les mauvaises habitudes, les péchés, la tiédeur qui alourdit et engourdit la vie spirituelle) est comme chassé de l’âme, incapable (ou beaucoup plus difficilement) d’y entrer (bloqué par l’accumulation de la grâce, des vertus, des bonnes pensées): comme deux liqueurs, une bonne et une mauvaise, qui s’affronteraient pour remplir un même et unique contenant. La bonne liqueur, c’est la grâce et les vertus chrétiennes qui unissent à Dieu, la mauvaise, c’est le péché et les vices qui nous détournent de Dieu. Le contenant, c’est notre âme. Avec cette image, la méditation serait une fontaine de bonne liqueur, alimentant constamment le contenant et empêchant la mauvaise liqueur de le souiller! C’est pour cela que l’Eglise demande à ses prêtres de méditer quotidiennement. Dans l’Ancien Testament, Dieu en a même fait un commandement à Josué :

« Que le livre de cette loi soit continuellement en ta bouche ; aie soin aussi de la méditer jour et nuit, afin que tu observes et que tu fasses tout ce qui est écrit. C’est alors que tu rendras ta voie droite, et que tu t’y conduiras avec intelligence. »

Jos 1, 8

La méditation est un type de prière mentale. Elle se rattache donc aux considérations suivantes :

« La prière est une pieuse élévation de l’âme vers Dieu pour bien le connaître, l’adorer, le remercier et lui demander ce dont nous avons besoin »

Catéchisme de saint Pie X

« L’oraison n’est qu’un Entretien d’amitié où l’âme parle cœur à cœur avec Celui dont elle se sait aimée. »

Sainte Thérèse d’Avila

Tout le monde peut faire oraison. Chaque jour, les affaires personnelles, domestiques ou professionnelles occupent notre esprit. On doit penser à faire ceci, à ne pas oublier cela. Du matin au soir, on réfléchit sur nos affaires quotidiennes et on prend des résolutions à leur sujet. On fait une sorte de méditation des choses du monde. Pourtant, qu’est-ce que ces choses à côté de notre salut ? Est-il si compliqué d’y réfléchir et de penser à Dieu ? Une affaire si importante mérite bien notre attention, malgré les sollicitudes et les agitations du monde. Les enfants, les vieillards, les pauvres, les princes, les soldats, les ouvriers, les saints et les anges, tout le monde peut faire oraison. Il est d’ailleurs touchant et admirable de considérer que Dieu nous ait donné un moyen si simple pour le louer et nous sauver. L’oraison est vraiment tout ce qu’il y a de plus sublime dans la religion : c’est la vie du ciel commencée ici-bas. Faisons la avec confiance, humilité, respect et attention.

« Celui qui prie se sauve certainement, celui qui ne prie pas se damne certainement »

Saint Alphonse de Liguori, Le grand moyen de la prière, chapitre 1, section 4

Dans ses Exercices spirituels, qui comportent de nombreuses méditations, saint Ignace de Loyola nous montre leur importance :

« Préparer et disposer l’âme à se défaire de toutes ses affections déréglées et, après s’en être défait, à chercher et à trouver la volonté de Dieu dans le règlement de sa vie, en vue de son salut »

Saint Ignace, Exercices spirituels

La méditation met en œuvre les vertus propres du chrétien :

« Les vertus propres du chrétien sont les vertus surnaturelles et spécialement la foi, l’espérance et la charité. Ces trois vertus sont appelées théologales ou divines, parce qu’elles ont Dieu même pour objet et pour motif »

Catéchisme de saint Pie X
  • Par l’approfondissement des mystères de la religion, Dieu nous fait la miséricorde de surélever notre intelligence pour nous faire participer à sa connaissance. La méditation permet donc d’augmenter la vertu de foi, ce don surnaturel de Dieu grâce auquel notre intelligence adhère avec certitude aux vérités qu’il a révélées et qu’il nous propose de croire par son Eglise. La foi rend juste et le juste vit de la foi (Ga 3, 11). De plus, sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu (He 11, 6)
  • La contemplation des belles vérités de la religion nous montre l’infinie bonté de Dieu, qui veut que tous les hommes soient sauvés (1 Tim, 2,4). Elle nous dévoile sa toute puissance et nous apprend qu’il n’y a rien de difficile à Dieu (Gn 18, 14). Mus et dirigés par sa grâce, nous désirons ardemment être semblable à lui et le voir tel qu’il est (1 Jn 3, 2). La méditation permet donc également d’augmenter la vertu d’espérance, cette vertu surnaturelle par laquelle nous avons confiance en Dieu, et attendons de lui la vie éternelle et les grâces nécessaires pour la mériter ici-bas par les bonnes œuvres
  • Par les pieuses affections que nous produisons, nous manifestons que nous aimons Dieu pour lui-même, de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit et de toutes nos forces (Mc 12, 30). Par cet amour de dilection surnaturelle, notre préoccupation principale est de nous unir à Dieu, Souverain Bien, digne d’un amour infini.

En somme, la méditation est un trésor à conserver, un germe à faire fleurir, une grâce à faire fructifier. Bien faite, soignée, cordiale et généreuse, elle vous imprégnera de l’esprit de Jésus-Christ, Voie, Vérité et Vie (Jn 14, 6). Cette profonde vie intérieure, siège de la grâce par excellence, est éminemment pratique. Elle rejaillit naturellement sur la conduite en l’ornant de la suavité des vertus les plus solides : prudence, force, justice, tempérance, douceur, humilité, obéissance, amabilité, patience. La vie intérieure rend la religion éminemment aimable. Elle fait de celui qui la cultive un instrument de Dieu pour la conversion des âmes. Elle est l’Ame de tout Apostolat (Voir le livre de Dom J. B. Chautard) et nous procure la vraie dévotion :

« Qui n’est autre qu’une agilité et vivacité spirituelle par le moyen de laquelle la charité fait ses actions en nous, ou nous par elle, promptement et affectionnément ; et comme il appartient à la charité de nous faire généralement et universellement pratiquer tous les commandements de Dieu, il appartient aussi à la dévotion de les nous faire faire promptement et diligemment »

Saint François de Sales, Introduction à la vie dévote, Partie I, chapitre 1

La sainte Vierge méditait de façon presque constante, en repassant dans son cœur toutes les manifestations de l’amour de Dieu dont elle était témoin au quotidien, comme nous l’évangéliste saint Luc, qui a si bien connu la sainte Vierge :

« Marie conservait toutes ces choses, les repassant dans son cœur »

Lc 2, 19

La méditation est donc profitable à tous. Elle doit être adaptée aux capacités et aux occupations de chacun et ne doit pas empiéter

  1. sur les pratiques fondamentales de la vie de prière (prière du matin et du soir, chapelet)
  2. sur l’apprentissage de la religion
  3. sur l’acquittement de notre devoir d’état (dont les deux premiers points font partie)

Il est très utile d’avoir l’avis de son directeur spirituel sur ces points pratiques.

Il existe dans l’Eglise catholique plusieurs méthodes sûres et éprouvées permettant de s’exercer à la méditation. L’une d’entre elles est la méthode dite sulpicienne (issue de la compagnie des prêtres de Saint-Sulpice et en particulier de son fondateur le Père Ollier, maître de « l’école française de spiritualité »). Vous pouvez trouver sur ce site un exposé de la méthode sulpicienne et plusieurs méditations réalisées dans cet esprit par le R. P. Jean-Marie Hamon, curé de Saint-Sulpice entre 1851 et 1874. De tout notre cœur, nous souhaitons que ces méditations vous soient profitables.

Mathis C.


Méthode sulpicienne

L’ouvrage du père Hamon a été rédigé selon la méthode de M. Olier, fondateur du séminaire de Saint-Sulpice. Elle comporte :

  • Une préparation :
    • Eloignée
    • Prochaine
    • Immédiate
  • Un corps :
    • L’adoration
    • La communion à l’esprit de Jésus-Christ
    • La coopération
  • Une conclusion :
    • Une action de grâce
    • Un acte de contrition
    • Une demande de bénédiction
    • La formation d’un bouquet spirituel
    • Le don à la Très Sainte Vierge

1° Partie : Préparation

Eloignée1°Pureté de conscience : fuite du péché véniel consenti

2° Mortification des passions

3° Recueillement habituel
Prochaine1° La veille au soir, à l’aide d’un livre de méditations, faire le choix du sujet d’oraison et déterminer d’une façon précise :

a) ce qu’il faudra adorer en Jésus-Christ
b) les considérations et les demandes qu’il faudra faire
c) les résolutions qu’il faudra prendre


2° Se tenir dans un grand recueillement jusqu’au lendemain matin.


3° Après son lever, prendre le premier moment libre pour vaquer, durant le temps convenu, à ce saint exercice.
Immédiate 1° Se mettre en la présence de Dieu qui est partout, et surtout en notre cœur

2° S’humilier devant Dieu au souvenir de ses péchés. Contrition. [Récitation du Confiteor]

3° Se reconnaître incapable de prier comme il faut. Demander à Dieu la grâce de bien imprimer ses saints conseils dans nos cœurs et la force de les mettre en œuvre. [Invocation au Saint-Esprit : récitation du Veni, Sancte Spiritus]

2° Partie : Corps de l’oraison (pendant la lecture de la méditation)

Adoration1° Considérer en Dieu, en Notre-Seigneur ou en quelque Saint le sujet à méditer

2° Lui rendre nos devoirs : adoration, admiration, louanges, actions de grâces, amour, joie ou compassion
Communion1° Se convaincre de la vérité considérée, par des motifs de foi ou par raisonnement

2° Faire réflexion sur soi avec des sentiments de contrition pour le passé, de confusion pour le présent, de désir pour l’avenir pour toutes les fois où nous sommes allés contre ces divins conseils et ces saintes vérités

3° Demander à Dieu la vertu sur laquelle on médite. Demander aussi toutes les autres grâces dont nous avons besoin;
Coopération Produire de pieux et affectueux mouvements du cœur vers Dieu. [Prendre une résolution particulière, présente, efficace, humble]

3° Partie : Conclusion

  1. Remercier Dieu de nous avoir souffert en sa présence dans l’oraison et de nous y avoir accordé tant de grâces.
  2. Lui demander pardon de nos fautes et de nos négligences dans ce saint exercice.
  3. Le prier de bénir nos résolutions, la journée présente, notre vie, notre mort.
  4. Former un bouquet spirituel, c’est-à-dire choisir une des pensées qui nous ont plus davantage, pour nous en souvenir dans la journée et rappeler nos résolutions.
  5. Confier le tout à la Très Sainte Vierge [par un je vous salue Marie ou encore avec le Souvenez-vous à la sainte-Vierge]

Pourquoi être catholique ?

1° Parce que Dieu existe

2° Parce que Dieu est parfait et nous a créés pour être parfaitement heureux

3° Parce que Dieu a institué la religion catholique pour nous donner les moyens d’être parfaitement heureux

4° Parce que la réussite de notre vie et notre éternité en dépendent

5° Parce qu’on peut prouver ces quatre choses avec certitude: c’est la vérité

Le jeune néophyte chrétien, Diogène Maillart

Les mauvaises raisons d’être catholique

A la question « pourquoi être catholique? », plusieurs répondront : parce que ma famille est catholique, parce que mon pays est catholique depuis plusieurs siècles, c’est une tradition familiale et patriotique. D’autres répondront : parce que cette religion me plaît, je m’y retrouve bien, elle permet par exemple de célébrer les différents moments de la vie (naissance, adolescence, mariage, mort) et diffuse un message de paix et d’amour. Bien… mais vous rendez-vous bien compte de ce que vous êtes en train de dire ?

Vous êtes en train de dire que vous acceptez des dogmes (la Trinité, l’Incarnation de Dieu, la Rédemption par le sacrifice de l’Homme-Dieu sur la Croix), des grands principes sur l’origine du monde, son organisation, sa finalité, simplement parce que c’est une tradition ou parce que cela vous plaît ? Suivant ce raisonnement, ne peut-on pas rendre légitimes et acceptables toutes les idéologies et tous les dogmes du monde ? Tout le monde pourra dire en effet : cette idéologie ou cette religion, je l’ai reçu de ma famille et de mon pays, je l’ai apprise à l’école, et elle me plaît bien, je la garde.

… Et si votre famille, votre école ou votre pays se trompait ?
La tradition n’est pas en soi un critère de vérité, surtout quand il existe plusieurs traditions concurrentes et contradictoires.

Tout le monde ne peut pas avoir raison en même temps : les uns disent que le Messie est à attendre, les autres disent que le Messie est venu et a accompli sa mission il y a quelques 2000 ans. Les uns disent que Dieu est une seule personne, les autres disent qu’il y a trois Personnes dans l’unité de la nature divine. Les uns disent que l’Église est uniquement l’union spirituelle de tous les fidèles, les autres disent que l’Église est en plus de cela une société hiérarchique et même monarchique par constitution divine. Ces différentes idées, ces différentes doctrines, sont contradictoires : elles s’excluent mutuellement. Elles ne peuvent pas être vraies en même temps !

La bonne raison d’être catholique

La plupart des hommes de notre temps diront : peu importe, chacun croit en ce qu’il veut, que chacun fasse ce qui lui plaît car l’important c’est de profiter de la vie… très bien, mais cela ne résous absolument pas cette question, que peut-être tout homme est amené à se poser dans sa vie, à un moment ou un autre :

Où est la vérité ?


La question du but de la vie

Certains se posent cette question avec plus d’insistance que d’autres, parce que l’expérience de la vie leur a fait comprendre que le bonheur ne se trouvait pas simplement dans le fait de «profiter de la vie» : qu’est-ce que cette vie, sinon quelques courts instants de joie, mélangés à des peines et des souffrances continuelles ? Qui est sincère en disant : je suis parfaitement heureux ? Qui est sincère en disant cela… tout en n’étant même pas capable d’expliquer aux autres et de s’expliquer à lui-même ce qu’est le but de sa vie ? On aimerait trouver des explications, des réponses. Pourquoi ce monde existe, pourquoi moi j’existe, pourquoi je dois souffrir, qu’est-ce que je dois faire d’un point de vue moral : quel est mon but.

Le monde moderne nous détourne du vrai but de la vie

Ce sont des questions absolument normales et universelles, même si tout dans le monde moderne semble conspirer pour nous empêcher de nous poser ces questions : on nous occupe continuellement d’une avalanche de distractions (jeux-vidéos, médias digitaux, informations en abondance, nourritures des quatre coins du monde, etc, pour ne pas parler des plaisirs immondes), on nous vends l’illusion d’une vie faite de plaisirs continuels … plaisirs amers et lassants en toute vérité. Quel homme de notre monde, abreuvé de tous les plaisirs et de toutes les distractions possibles, ne s’est jamais dit : je m’ennuie ? Peut-être que cet ennui est déjà allé jusqu’au dégoût de la vie… On a souvent tort d’envier les millionnaires : il y a des millionnaires, qui ont accès à tous les plaisirs imaginables et qui n’ont pas besoin de travailler, qui se suicident. Beaucoup se droguent, beaucoup cherchent des exutoires à leur existence dénuée de sens. Et que sont toutes ces distractions face aux épreuves de la vie : la mort d’un parent, une déception amoureuse, un grave revers de fortune, une injustice criante qui nous touche directement ou touche nos semblables, tout cela ne rend-t-il pas encore plus vains et amers les plaisirs de notre monde ? … Et qu’est-ce que tout cela face à la perspective terrible de la mort, qui nous sépare de tout et de tous définitivement ? La mort du millionnaire, qui a beaucoup à perdre, est plus terrible que la mort du pauvre.

La conversion du gentilhomme François de Borgia, Moreno Carbonero
Saint François Borgia s’est converti en voyant le cadavre en décomposition de la belle impératrice Isabelle.

La religion catholique nous donne le vrai but de la vie

Au delà donc, du fait de «profiter de la vie», il y a la question de savoir ce qu’est la vie, quelle est son origine, quel est son but, que se passe-t-il une fois qu’elle est arrivée à son terme. Le catholicisme est une réponse à ces questions. Mais suffit-il de «trouver une réponse», pourvu qu’on en ait une et que nous vivions paisiblement grâce à cela ?… Ce serait comme prendre de la drogue pour oublier à quel point la vie est difficile : «l’opium du peuple» dont parle Karl Marx ! Nous ne sommes pas marxistes pour deux sous, rassurez-vous. Mais nous sommes contre l’idée qu’il faille prendre la religion comme un placebo face aux problèmes de la vie, et se contenter de trouver une religion qui nous apaise.

Il y en a en effet plusieurs personnes, qui disent : pour moi, cette religion est la bonne, car j’en ai le sentiment profond et intérieur, elle me rends heureux. Je ne saurais l’expliquer pourquoi, j’en ai l’expérience intime, voilà tout : venez faire l’expérience vous-même et peut-être serez-vous touchés.

Merci, mais ce n’est pas suffisant … vous vous dites cela pour votre religion, mon voisin musulman dit la même chose pour l’islam, mon cousin dit la même chose pour le bouddhisme, etc… et nous ne sommes pas plus avancés. Car un peu de bon sens nous fait dire : le catholicisme, l’islam, le bouddhisme, ne peuvent pas être vrais en même temps parce qu’ils ont des doctrines absolument opposées les unes aux autres, quels que soient les points commun qu’on trouve entre eux. Peut-être que toutes ces doctrines sont fausses, peut-être qu’une d’entre elles est vraie, mais toutes en même temps ? Ce n’est pas possible.

La religion catholique est la seule vraie religion

Que demande un homme de bon sens qui cherche sincèrement à trouver son compte quant à cette question : où est la vérité, y a-t-il une vraie religion et si c’est le cas quelle est la vraie religion ? Voici ce qu’il demande : des preuves.


Enfin donc répondrons-nous à la question initiale : Pourquoi sommes-nous catholiques ?
Parce qu’il y a des preuves, rationnelles et démontrables, qui nous permettent d’établir avec certitude :

  • Qu’il existe un Dieu ;
  • Que ce Dieu a parlé aux hommes et s’est même fait homme pour leur salut ;
  • Que l’Église catholique est fondée par Jésus-Christ et assistée par le Saint-Esprit ;
  • Qu’aucune société religieuse, fut-elle chrétienne, ne détient en dehors de l’Église catholique la pleine vérité religieuse et les moyens de procurer le salut de l’âme ;
  • Et que donc, on ne suit pleinement la volonté de Dieu et son enseignement qu’en étant catholique, on ne sauve son âme qu’en étant catholique.

Une réponse encore plus simple est résumée : nous sommes catholiques parce que nous sommes convaincus, par moyen de raison et d’entendement, que le catholicisme est la vérité.

On peut prouver que le catholicisme est la seule vraie religion

Et quoi que nous connaissions notre faiblesse et notre limitation, nous n’avons aucune crainte de l’affirmer, quel que soit le grand nombre des différentes doctrines religieuses et idéologiques qui cohabitent dans notre monde. Nous passons pour des audacieux en disant : nous avons raison, et tous les autres ont tort. Venez examiner par vous-même, honnêtement, les preuves que nous avons à exposer quant à la vérité du catholicisme, et peut-être que vous nous trouverez moins audacieux qu’initialement. Car ce n’est pas notre propre excellence que nous vantons ou que nous défendons en disant : nous avons raison ; mais bien plutôt l’excellence de la doctrine que nous avons reçue, et que nous souhaitons que tout homme reçoive à son tour, en déterminant sa raison à l’étude des preuves de la vérité de cette doctrine. Car tous les hommes, de tous les lieux, de tous les temps, de toutes les cultures et de toutes les conditions, sont aptes à comprendre et à admettre ce qui fait que le catholicisme est vrai, et à se faire eux-mêmes catholiques pour sauver leur âme.

Saint François-Xavier entouré des peuples qu’il a converti, église Saint-Roch, Paris

Si vous cherchez la vraie religion, nous prions Dieu qu’il vous vienne en aide, et nous espérons que ce que vous lirez sur ce site pourra vous aider un tant soit peu à y voir plus clair. Si vous ne nous trouvez pas à la hauteur de la tâche que nous nous proposons d’entreprendre, celle d’exposer les preuves de la vérité du catholicisme, n’hésitez pas à entamer une discussion avec nous par email.


Comment faire ? Nous vous présentons toutes ces preuves

Cette section du site est donc consacrée à la démonstration rationnelle de la vérité du catholicisme. Vous y trouverez une série d’articles regroupés par thèmes, traitant à différents niveau des preuves de la religion catholique, ou bien servant de réponses à certaines objections. Le site est en construction, des contenus seront ajoutés au fur et à mesure. Ne manquez pas de vous abonner à la newsletter pour être notifiés quand de nouveaux articles seront publiés. En vous souhaitant une bonne lecture.

  1. Il n’y a qu’une seule vérité
  2. Nous avons une âme immortelle
  3. Dieu existe
  4. Jésus-Christ est Dieu
  5. L’Eglise catholique est l’unique Eglise fondée par Jésus-Christ
  6. Les miracles de la religion catholique
  7. Ressources (vidéos, livres)

Le Rosaire et la Sainteté – Présentation du livre du R.P. Hugon

« Le rosaire est la dévotion distinctive des vrais catholiques »

Pour chaque partie, nous vous proposons un résumé et un lien PDF vers le texte du R.P. Hugon.

Le catéchisme : sa grandeur, sa beauté, son importance

Leçon sur le catéchisme (extraits) par l’abbé Ambroise Guillois (1796-1853)

Nota bene : Les quelques ajouts ou modifications de la rédaction pour faciliter la compréhension du lecteur contemporain sont en italique. Certains passages ont été retirés afin de présenter le catéchisme de façon synthétique.

Première question. Qu’est-ce que le catéchisme ?

Réponse. Le catéchisme est une instruction familière, par demandes et par réponses, sur les vérités et les devoirs de la religion, c’est-à-dire sur la doctrine chrétienne. On appelle aussi catéchisme le livre qui contient, en abrégé, toute cette doctrine.

EXPLICATION. Dans les premiers temps de l’établissement du christianisme, le catéchisme était l’instruction qu’on donnait aux païens, aux juifs, à tous ceux qui se convertissaient, ainsi qu’aux enfants, avant de les initier aux mystères et de les admettre au baptême. Tout homme qui se présentait pour recevoir ce sacrement (le baptême) devait être instruit dans ce dessein ; autrement, comment aurait-il compris l’excellence de la grâce qui lui était préparée? Admis à l’instruction, on devenait catéchumène, et celui qui instruisait s’appelait catéchiste.

Le catéchisme, qui renferme la substance de l’Évangile, est une instruction, c’est-à-dire que le catéchisme nous instruit, nous éclaire sur les vérités que nous devons croire et sur les devoirs que nous avons à remplir. Cette instruction se fait d’une manière simple et familière, afin qu’elle soit à la portée de tous et que les plus simples et les plus ignorants puissent en profiter; tout s’y passe par forme de conversation, et on y entre dans une foule de détails que le genre plus grave des prônes et des sermons ne permettrait pas. Cette instruction se fait par demandes et par réponses : on interroge un enfant pour voir s’il sait, puis celui-ci répond; l’expérience prouve que rien n’est plus propre à soutenir l’attention des enfants et à leur faire éviter l’ennui qu’ils ne tarderaient pas à éprouver, si le catéchiste, c’est-à-dire celui qui fait et développe l’instruction, parlait seul. C’est dans le catéchisme que l’on apprend la doctrine chrétienne, c’est-à-dire les vérités enseignées de vive voix par Jésus-Christ lorsqu’il vivait sur la terre et qui nous sont proposées par l’Église catholique, apostolique-romaine. Ce divin Sauveur ne nous enseigne pas immédiatement et par lui-même ces vérités, mais il les fait enseigner par les pasteurs de l’Église, et c’est d’eux que nous devons recevoir l’instruction qui nous est nécessaire pour bien servir Dieu et parvenir au salut. C’est en effet à l’Église et à ses pasteurs que Jésus-Christ a dit : « Allez, enseignez; celui qui vous écoute m’écoute ».

Deuxième question. Quels sont ceux qui doivent venir au catéchisme ou lire un catéchisme ?

Réponse. Les enfants, et généralement tous ceux qui ne connaissent pas la doctrine chrétienne.

EXPLICATION. Puisqu’il faut, pour être sauvé, croire les vérités que Dieu a révélées et remplir les devoirs qu’il a imposés, et qu’on apprend cela au catéchisme, il s’ensuit, que c’est une obligation d’y assister ou de s’instruire par la lecture. Car il est écrit : « Celui qui, par sa faute, ignore ce qu’il doit connaître, sera lui-même ignoré ».

Le supérieur d’une maison d’ecclésiastiques répondit avec justesse à un homme qui pensait, à tort, connaitre parfaitement son catéchisme : « Apprenez, monsieur, que parmi les gens du monde et même parmi ceux qui sont habiles dans les sciences humaines, il en est peu qui soient suffisamment instruits de leur religion. En voulez-vous une preuve ? La voici : la plupart de ceux d’entre eux qui se mêlent d’écrire sur la religion mettent dans leurs ouvrages, sans le savoir, des propositions inexactes et très condamnables. Ils ne diraient rien contre la foi s’ils savaient leur catéchisme : ce petit livre est l’abrégé et le précis de toute la théologie. Tous les chrétiens devraient en avoir un, et ceux qui l’ont bien étudié, devraient le relire de temps en temps pour ne point oublier ce qu’il renferme ». C’est donc aussi faire une œuvre excellente que de se replonger dans son catéchisme.

Troisième question. Ceux qui n’apprennent pas le catéchisme font-ils une grande faute ?

Réponse. Oui, ceux qui n’apprennent pas le catéchisme font une grande faute; ils ne veulent pas apprendre ce que Dieu leur enseigne pour être véritablement sages.

EXPLICATION. Être sage, c’est rechercher ce qui peut être l’objet d’un bonheur solide et savourer les moyens d’y parvenir. C’est dans le catéchisme qu’on apprend quel est l’objet du vrai bonheur et ce qu’il faut faire pour y arriver, ou, en d’autres termes, quel est le chemin qui nous conduit à notre véritable fin. Ce chemin, nous ne pouvons le trouver nous-mêmes, et, pour que nous ne nous perdions pas, nous avons besoin d’un guide, nous avons besoin de lumière. Quel est ce guide ? C’est Dieu lui-même. Quelle est cette lumière ? Ce sont les vérités contenues dans le catéchisme ; elles sont pour les yeux de l’âme ce que le soleil est pour les yeux du corps, et quiconque marche à la lueur de ce divin flambeau ne court point risque de s’égarer. Puisque c’est dans le catéchisme que Dieu nous enseigne la vraie sagesse et qu’il nous montre la voie qui conduit au ciel, ne pas l’apprendre, c’est donc renoncer à devenir véritablement sage, c’est donc être ennemi de soi-même, et par conséquent faire une grande faute. Ecoutez avec docilité Notre-Seigneur Jésus-Christ qui a dit : « Je suis la voie, la vérité et la vie » et mettez en pratique cette recommandation de l’apôtre saint Paul : « Goûtez les choses d’en haut et non les choses de la terre » et vous savourerez avec délices les moyens d’obtenir, après cette vie, une félicité parfaite. Un trait de la vie de saint François de Sales trouve ici sa place et va confirmer ce que nous venons de dire. Ce saint évêque faisait appeler les enfants par un homme vêtu d’une espèce de manteau bleu sur lequel était le nom de Jésus en lettres d’or. Cet homme, agitant une sonnette dans les rues, répétait ces paroles : « Au catéchisme, au catéchisme ! On vous y enseignera le chemin du paradis ».

Quatrième question. Que faut-il faire avant le catéchisme et quelle idée faut-il se faire de cette instruction ?

Réponse. Il faut, avant le catéchisme, se bien convaincre de son excellence, de sa nécessité, et du besoin qu’on a d’être instruit des vérités de la religion.

EXPLICATION. C’est au catéchisme que vous apprendrez ce qu’il vous importe le plus de savoir : vous y apprendrez ce que c’est que Dieu et quels sont les mystères qu’il a daigné révéler aux hommes ; vous y apprendrez ce qu’il a fait pour vous et ce que vous devez faire pour lui ; quelle est la fin à laquelle il vous a destinés, et quels sont les moyens que vous devez prendre pour y parvenir. Comprenez donc que la science que vous acquerrez au catéchisme est, de toutes les sciences, la plus nécessaire, puisque c’est la science du salut. Que dis-je ? C’est la seule qui soit véritablement nécessaire et indispensable. Il est très bon et très utile, sans doute, de savoir lire et écrire, de savoir l’arithmétique, la géographie, le dessin, la musique, etc. On peut toutefois se sauver sans cela ; mais on ne peut se sauver sans la connaissance de la religion, et c’est au catéchisme qu’on acquiert cette connaissance, qu’on apprend ce qu’il faut faire pour conquérir le ciel et éviter l’enfer. Telle est l’excellence, telle est la nécessité du catéchisme, telle est la haute idée que vous devez en avoir. Pénétrez-vous donc bien du besoin que vous avez d’être instruits des vérités de la religion. Hélas ! Combien d’infortunés brûlent maintenant dans l’enfer, pour n’avoir montré, dans leur enfance et la suite de leur vie, que de l’indifférence et du dégoût pour le catéchisme, pour la science du salut !

Cinquième question. En combien de parties se divise la doctrine chrétienne que l’on apprend dans le catéchisme ?

Réponse. Elle peut être divisée en trois parties qui reprennent, en substance, la division proposée par le célèbre Catéchisme du Concile de Trente.

EXPLICATION. La première partie de la doctrine chrétienne comprend ce que nous devons croire (c’est-à-dire les principales vérités de la Foi chrétienne) ; la seconde, ce que nous devons faire (c’est-à-dire la morale chrétienne) ; la troisième, les moyens nécessaires pour faire le bien et croire la vérité révélée (on les appelle les moyens de la grâce, et il s’agit des sacrements et de la prière). Cette division reprend, en substance, celle qui se trouve dans le Catéchisme du concile de Trente, dont voici les termes : « Toute la doctrine du salut se réduit à a quatre chefs, savoir : au Symbole des Apôtres, aux Sacrements, au Décalogue et à l’Oraison Dominicale ».


Notes explicatives sur les trois parties du catéchisme (P. Dragonne)

Partie I. Les principales vérités de la foi chrétienne

Note explicative. Les vérités révélées par Dieu sont principalement celles que résume le Credo ou Symbole des Apôtres. Elles s’appellent vérités de foi, parce que nous devons les croire d’une foi absolue, étant enseignées par Dieu qui ne peut ni se tromper ni nous tromper. Le Credo ou Symbole des Apôtres est une profession des principaux mystères et des autres vérités que Dieu nous a révélées par Jésus-Christ et les Apôtres, et que l’Église nous enseigne. Jésus-Christ confia la vérité révélée (Écriture et Tradition) aux Apôtres et ceux-ci à l’Église, avec la tâche de la garder, de la transmettre, de l’expliquer, de la défendre et de la diffuser dans le monde entier. C’est pourquoi nous devons croire avec une foi illimitée à tout ce qu’enseigne l’Église, unique maîtresse autorisée, qui a résumé son enseignement en formules brèves, précises, faciles, dites symboles de foi.

Partie II. La morale chrétienne : les commandements de Dieu, les préceptes de l’Église et les vertus

Note explicative. Pour être sauvés, nous devons connaître, aimer et servir Dieu. Pour aimer Dieu, il faut le connaître par la raison et par la foi, et démontrer cet amour par les œuvres, en observant les commandements divins, qui sont la manifestation explicite de la volonté divine. C’est pourquoi il ne suffit pas de connaître les vérités révélées et d’y adhérer par la foi, mais il faut aussi accomplir les œuvres de charité et de toutes les autres vertus, conformément aux commandements divins. En effet, le divin Maître nous met en garde : Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : ‘Seigneur, Seigneur’, qui entreront dans le royaume des Cieux ; mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les Cieux, celui-là entrera dans le royaume des Cieux (Mt 7, 21). C’est pourquoi il faut faire cette volonté exprimée dans les commandements, et commencer par la connaître.

Partie III. Les moyens de la grâce : les sacrements et la prière

Note explicative. Pour croire aux vérités surnaturelles révélées, pour mettre en pratique les obligations qui découlent de notre foi et qui sont exprimées dans loi de Dieu, dans les préceptes de l’Église et dans les obligations de notre état, pour pratiquer les vertus chrétiennes, les conseils et les Béatitudes évangéliques, les forces et les ressources de notre nature ne suffisent pas. Il est indispensable que Dieu vienne à notre secours, nous élève à l’état surnaturel en nous donnant un être nouveau et nous aide dans l’action par sa lumière et sa puissance. Dieu nous vient en aide par sa grâce. Les sacrements sont les moyens productifs et efficaces de la grâce. La prière est le moyen impétratoire de la grâce. Dans sa dernière partie, le Catéchisme explique les moyens qui sont à notre disposition pour obtenir la grâce ; dans la première section, il expose les moyens efficaces ou sacrements ; dans la seconde, il traite de la prière

Les catholiques doivent être sédévacantistes


Avant de comprendre quelle est la situation de l’ Eglise aujourd’hui, il est nécessaire de comprendre ce qu’est l’ Eglise en tout temps, et quelle est l’attitude qu’un chrétien doit avoir à son égard, surtout lorsqu’il cherche la vérité en matière de religion.


 « S’il n’écoute pas l’Église même, qu’il soit à votre égard comme un païen et un publicain »

Matthieu 18:17

Dieu s’est fait connaître par la Révélation, commencée au temps de l’Ancienne Alliance; celle-ci s’achève à la mort du dernier Apôtre, c’est un point sur lequel tous les chrétiens s’entendent. Mais pour que cette Révélation demeure sans changement et qu’elle soit répandue à travers le monde Notre-Seigneur a établi une Église qui naît à la Pentecôte et dont la doctrine et la morale sont fixées par Jésus-Christ lors de sa vie terrestre.

« Allez donc, et instruisez tous les peuples, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit »

Matthieu 18:19

Mais puisque la nature humaine blessée n’aurait pu conserver et enseigner sans faute le dépôt révélé, Notre-Seigneur Jésus-Christ a promis à son Église l’infaillibilité. C’est ce qui distingue la religion catholique des hérésies et des fausses religions : elle est immuable quand les autres sont changeantes. C’est d’abord le Pape, successeur de saint Pierre, qui est infaillible ; partant du Christ l’infaillibilité se répand ensuite dans l’Église. C’est ainsi que les évêques unis au Pontife romain enseignent infailliblement, par exemple lors des Conciles œcuméniques, ou dans leur enseignement ordinaire. C’est ainsi que se vérifie la promesse d’assistance faite par Notre-Seigneur :

« Et moi, je suis avec vous toujours jusqu’à la fin du monde. » (Matthieu 28:19)

L’Église fondée sur saint Pierre est donc le seul moyen par lequel le Christ se fait connaître aux hommes, car elle seule a cette promesse d’infaillibilité, à laquelle aucun homme ou aucune société ne peut prétendre sinon. La Bible et la Tradition ne se suffisent pas à elles-mêmes : on ne peut comprendre certainement la Révélation qu’à travers l’enseignement de l’Église. C’est cet enseignement de l’Église que l’on appelle Magistère. Le Pape Pie XII le définit ainsi :

« Ce magistère, en matière de foi et de mœurs, doit être […] la règle prochaine et universelle de vérité, puisque le Seigneur Christ lui a confié le dépôt de la foi – les Saintes Écritures et la divine Tradition – pour le conserver, le défendre et l’interpréter »

Pie XII, Humani Generis

Le catholique a donc cette règle infaillible de foi qu’est le Magistère pour connaître la vérité et éviter l’erreur. C’est bien le Magistère qui est la règle prochaine de la foi, et non pas la Tradition, la Bible, ou des révélations privées. Le Magistère de l’Église s’est ainsi exprimé durant deux millénaires sur toutes sortes de sujets relatifs à la foi (ce qu’il faut croire pour se sauver) et aux mœurs (ce qu’il faut faire pour se sauver), non pas pour ajouter quelque chose à la doctrine révélée mais pour la faire comprendre et pour approfondir son insondable richesse, pour la défendre et pour réfuter les erreurs qui lui étaient opposées.

Le catholique ne trouvera donc l’assurance d’être sur la Voie du Christ qu’en suivant docilement le Magistère de l’Église Catholique, au mépris de toute opinion et de toute préférence personnelle.

C’est ce principe qui doit guider le catholique qui s’interroge sur l’Église aujourd’hui.

C’est ce principe qui fait que nous sommes « sédévacantistes », que nous pensons que le Saint Siège est formellement vacant depuis 1965 au plus tard, au lieu d’être conciliaires ou d’être lefebvristes :

  • Parce que Vatican II contredit le magistère de l’Eglise, nous sommes contre Vatican II.
  • Parce qu’il n’est pas possible que l’Eglise se contredise dans son magistère, nous sommes contre le « faillibilisme » de la plupart des traditionnalistes.

C’est aussi simple que cela.

Citations et prières édifiantes

Prière d’abandon de Mme Elisabeth (soeur de Louis XVI, guillotinée en 1794, vénérable)

« Mon Dieu, je crois à Votre infinie bonté, non seulement à cette bonté qui embrasse le monde, mais à cette bonté particulière et toute personnelle qui aboutit à cette misérable créature que je suis, et qui dispose tout pour son plus grand bien… Et c’est pourquoi, Seigneur, même quand je ne vois pas, quand je ne comprends pas, quand je ne sens pas, je crois que l’état où je me trouve et tout ce qui m’arrive est l’oeuvre de votre amour; et de toute ma volonté, je le préfère à tout autre état, qui me serait plus agréable, mais qui viendrait moins de Vous. Je me mets entre Vos mains: faites de moi ce qu’il Vous plaira, ne me laissant que la consolation de Vous obéir… Ainsi soit-il ! Oui vraiment Messire Dieu premier servi. »


Saint Pie X

« Je tiens très certainement et professe sincèrement que la foi n’est pas un sentiment religieux aveugle qui émerge des ténèbres du subconscient sous la pression du cœur et l’inclination de la volonté moralement informée, mais qu’elle est un véritable assentiment de l’intelligence à la vérité reçue du dehors, de l’écoute, par lequel nous croyons vrai, à cause de l’autorité de Dieu souverainement véridique, ce qui a été dit, attesté et révélé par le Dieu personnel, notre Créateur et notre Seigneur. »


Sur la foi – Richard de Saint-Victor, De Trinitate, l. I, c. 2

« Ce qu’il y a ici d’admirable, c’est que, pour nous tous, les vrais fidèles, rien n’est plus certain que notre adhésion aux vérités de la foi. Car la révélation faite d’en haut à nos pères a été confirmée divinement par des signes et des prodiges si multiples, si éclatants, si extraordinaires, qu’il semble que ce serait une folie caractérisée d’éprouver à leur sujet le moindre doute. Les miracles innombrables et d’autres faits qui ne peuvent être que divins emportent ici la conviction et rendent le doute impossible. Quand il s’agit d’attester et aussi de confirmer ces vérités, les signes sont, pour nous, des arguments, les prodiges tiennent lieu d’expérience.

Ah ! si les juifs voulaient être attentifs, si les païens voulaient y réfléchir ! Avec quelle sécurité de conscience sur ce point nous pourrons comparaître au tribunal de Dieu. Ne serons-nous pas fondés à lui dire en toute assurance : « Seigneur, s’il y a erreur, c’est vous-même qui nous avez trompés : devant nous, pour confirmer ces dogmes, il y a eu de tels signes, de tels prodiges, que vous seul pouviez accomplir ! Assurément ce sont des hommes d’une sainteté éminente qui nous les ont transmis ; c’est un témoignage authentique, de valeur suprême qui les a garantis : vous-mêmes coopériez et confirmiez ces paroles par les signes qui les accompagnaient. » Et voilà pourquoi les vrais fidèles sont disposés à mourir pour la foi plutôt que de la renier. Assurément aucune adhésion n’est plus ferme que celle qui est donnée aux vérités atteintes par une foi résolue. »


Léon XIII, extrait de la lettre encyclique sur le Rosaire Supremi apostolatus Officio, 1er septembre 1883

« Ce fut toujours le soin principal et solennel des catholiques de se réfugier sous l’égide de Marie et de s’en remettre à sa maternelle bonté dans les temps troublés et dans les circonstances périlleuses. Cela prouve que l’Eglise catholique a toujours mis, et avec raison, en la Mère de Dieu, toute sa confiance et toute son espérance. En effet, la Vierge exempte de la souillure originelle, choisie pour être la Mère de Dieu, et par cela même associée à lui dans l’œuvre du salut du genre humain, jouit auprès de son Fils d’une telle faveur et d’une telle puissance que jamais la nature humaine et la nature angélique n’ont pu et ne peuvent les obtenir. Aussi, puisqu’il lui est doux et agréable par-dessus toute chose d’accorder son secours et son assistance à ceux qui les lui demandent, il n’est pas douteux qu’elle ne veuille, et pour ainsi dire qu’elle ne s’empresse d’accueillir les vœux que lui adressera l’Eglise universelle.
Cette piété, si grande et si confiante envers l’Auguste Reine des cieux, n’a jamais brillé d’un éclat aussi resplendissant que quand la violence des erreurs répandues, ou une corruption intolérable des mœurs, ou les attaques d’adversaires puissants, ont semblé mettre en péril l’Eglise militante de Dieu.
L’histoire ancienne et moderne et les fastes les plus mémorables de l’Eglise, rappellent le souvenir des supplications publiques et privées à la Mère de Dieu, ainsi que les secours accordés par Elle, et en maintes circonstances la paix et la tranquillité publiques obtenues par sa divine intervention. De là ces qualifications d’Auxiliatrice, de Bienfaitrice, et de Consolatrice des chrétiens, de Reine des armées, de Dispensatrice de la victoire et de la paix, dont on l’a saluée. Entre tous ces titres, est surtout remarquable et solennel celui qui lui vient du Rosaire, et par lequel ont été consacrés à perpétuité les insignes bienfaits dont lui est redevable le nom de chrétien »


Matthieu 16:24-26

24 Alors Jésus dit à ses disciples: « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à soi-même, qu’il prenne sa croix et me suive.
25 Car celui qui voudra sauver sa vie, la perdra; et celui qui perdra sa vie à cause de moi, la trouvera.
26 Et que sert à un homme de gagner le monde entier, s’il vient à perdre son âme ? Ou que donnera un homme en échange de son âme ?


L’Imitation de Jésus-Christ – Adaptation en vers de Pierre Corneille Chapitre XXXII – Qu’il faut renoncer à soi-même et à toutes les convoitises

– Jésus-Christ –
Cherche la liberté comme un bonheur suprême ;
Mais souviens-toi, mon fils, de cette vérité,
Qu’il te faut renoncer tout à fait à toi même,
Ou tu n’obtiendras point d’entière liberté.
Ceux qui pensent ici posséder quelque chose
La possèdent bien moins qu’ils n’en sont possédés ;
Et ceux dont l’amour-propre en leur faveur dispose
Sont autant de captifs par eux-mêmes gardés.
Les appétits des sens ne font que des esclaves ;
La curiosité comme eux a ses liens,
Et les plus grands coureurs ne courent qu’aux entraves
Que jettent sous leurs pas les charmes des faux biens.
Ils recherchent partout les douceurs passagères
Plus que ce qui conduit jusqu’à l’éternité ;
Et souvent pour tout but ils se font des chimères,
Qui n’ont pour fondement que l’instabilité.
Hors ce qui vient de moi, tout passe, tout s’envole ;
Tout en son vrai néant aussitôt se résout ;
Et pour te dire tout d’une seule parole,
Quitte tout, mon enfant, et tu trouveras tout.
Tu trouveras la paix, quittant la convoitise
C’est ce que fortement il te faut concevoir :
Du ciel en ces deux mots la science est comprise ;
Qui les pratique entend tout ce qu’il faut savoir.


Père Augustin du Très Saint-Sacrement, ancien juif converti au catholicisme

« Le bonheur, je l’ai cherché dans la vie élégante, dans l’étourdissement des bals et des fêtes ; je l’ai cherché dans la possession de l’or, dans les émotions du jeu, dans l’intimité des hommes célèbres, dans tous les plaisirs des sens et de l’esprit… La plupart des hommes se trompent sur la nature même du bonheur; et ils le cherchent là où il n’est pas… On aime le bonheur, et Jésus-Christ, seul bonheur possible, n’est pas aimé… Ô mon Dieu ! Est-ce possible ? L’Amour n’est pas aimé ! Pourquoi ? Parce qu’il n’est pas connu. On étudie tout, excepté Lui… Ô vous tous qui m’écoutez, faut-il donc que ce soit un Juif qui vienne supplier des Chrétiens d’adorer Jésus-Christ ?… Mais, dira-t-on : « Je ne crois pas en Jésus-Christ ». Et moi non plus je n’y croyais pas, et c’est précisément pour cela que j’étais malheureux ! »


Saint Augustin (In Evangelium Ioannis, tractatus XXVI, 13)

Ô sacrement de piété ! ô symbole d’unité ! ô lien de charité ! Celui qui veut vivre sait où est pour lui la source de la vie. Qu’il s’approche donc, qu’il croie, qu’il soit incorporé pour entrer en participation de la vie. Qu’il ne fuie point l’étroite union avec les membres; qu’il ne soit point un membre corrompu qui mérite d’être retranché, un membre difforme dont le corps ait à rougir ; qu’il se recommande à la fois par la beauté, la proportion, la santé ; qu’il s’attache é

Les erreurs de Vatican II

Texte tiré du document « Vatican II, le Pape et la FSSPX » de Mgr Sanborn.

La liberté religieuse

L’enseignement de Vatican II sur la liberté religieuse, contenu dans Dignitatis Humanæ, affirme presque mot à mot la doctrine même qui avait été condamnée par le pape Pie VII dans Post Tam Diuturnas, par le pape Grégoire XVI dans Mirari Vos, par le pape Pie IX dans Quanta Cura, et par le pape Léon XIII dans Libertas Præstantissimum. L’enseignement de Vatican II sur la liberté religieuse contredit aussi la royauté de Jésus-Christ dans la société exprimée dans Quas Primas du pape Pie XI, et contredit également l’attitude et la pratique constante de l’Église vis-à-vis de la société civile

La collégialité

L’enseignement de Vatican II concernant la collégialité modifie la constitution monarchique de l’Église Catholique, qui a été établie par le Divin Sauveur. La doctrine de Vatican II, confirmée par le Code de Droit Canonique de 1983, qui stipule que le sujet (le possesseur) de l’autorité suprême de l’Église est le collège des évêques avec le pape, est contraire à la doctrine définie par le Concile de Florence et le Concile Vatican I.

La Nouvelle Messe et les changements liturgiques

Les changements liturgiques de Vatican II reflètent les erreurs doctrinales que je viens de mentionner. La nouvelle liturgie est une liturgie œcuménique, qui cherche à effacer toutes les doctrines qui sont proprement catholiques, et à faire de la liturgie catholique une forme de culte qui n’offenserait aucun Protestant. C’est un culte centré sur l’homme, dépouillé de tout symbolisme du surnaturel. L’Ordo Missae de Paul VI est une discipline liturgique mauvaise, parce que (1) il contient une définition hérétique de la Messe ; (2) il fut composé dans le but exprès de créer une liturgie œcuménique, qui plaise aux Protestants, dépouillée des vérités catholiques concernant le sacerdoce, le Saint Sacrifice de la Messe, et la Présence Réelle du Christ dans la Sainte Eucharistie ; (3) il fut composé avec l’aide et l’impulsion de six ministres Protestants, ce qui montre l’esprit hérétique dans lequel il a été conçu et formulé ; (4) ses auteurs ont systématiquement supprimé de son prières et leçons les doctrines qui seraient offensives aux hérétiques ; (5) elle enseigne, à la fois par ses omissions et par son symbolisme et ses gestes, des hérésies et des erreurs concernant le sacerdoce, le Saint Sacrifice de la Messe, et la Présence Réelle du Christ dans la Saint Eucharistie.
En outre, il est très probablement invalide en raison d’un défaut d’intention qu’il provoque chez celui qui le célèbre, et en raison, au moins dans le vernaculaire, d’une altération blasphématoire des mots du Christ dans la formule de consécration

L’œcuménisme

L’enseignement de Vatican II concernant l’œcuménisme, qui stipule que les religions non- catholiques sont un moyen du salut, est complètement hérétique. Cette doctrine contredit directement l’enseignement de l’Église, à savoir, qu’il n’y a pas de salut en dehors de l’Église Catholique, appelé par le pape Pie IX un dogme Catholique très bien connu. En outre, les pratiques œcuméniques qui ont résulté de cette doctrine hérétique sont directement contraires à Mortalium Animos du pape Pie XI.

En complément, nous vous conseillons ce site répertoriant les problèmes de Vatican II http://www.etudesantimodernistes.fr/vatican-ii.html



https://data.over-blog-kiwi.com/1/99/48/58/20160418/ob_51652e_mgr-sanborn-resistance-et-indefect.pdf

Le piège dangereux et détestable de « l’orthodoxie » (Pourquoi être catholique plutôt qu’orthodoxe (7/7): Conclusion)

Conclusion : le faux attrait de “l’orthodoxie” se base sur des considérations superficielles. A la lumière de la foi, il s’agit d’une chose détestable. 

La mode de l’attrait pour la soi-disant orthodoxie parmi certains catholiques traditionalistes ne se base pas sur de sérieuses considérations historiques ou doctrinales. Nous avons vu dans le précédent aperçu que la papauté n’est pas une invention des catholiques du XIe siècle, ou encore de Saint Augustin et des Pères Latins, mais bien quelque chose dont les fondements se trouvent dans la Bible et dans les témoignages des premiers chrétiens, bien avant que Photius ne commence sa détestable révolte contre l’autorité de Rome. 

A notre avis les raisons de cet attrait résident pour une large part dans l’ignorance plus ou moins complète de l’histoire de l’Eglise, dans une formation doctrinale superficielle, et dans des raisons relativement frivoles telles que : 

  1. Le conservatisme liturgique et moral des églises orthodoxes. Ce conservatisme ne concerne en réalité que des choses superficielles ; au point de vue doctrinal, les “orthodoxes” ont complètement divergé de la foi sur certains sujets essentiels, et ne possèdent pas de véritable unité de foi et de doctrine une fois que l’on sort de ce qui a été défini par les premiers conciles (que l’on prenne, par exemple, la célèbre controverse de l’hésychasme). Leurs “églises” ont d’ailleurs connu l’équivalent de Vatican II, même s’il n’y a pas eu de réforme liturgique. Il serait naïf de croire que les “orthodoxes” ne sont pas influencés par le monde moderne, comme si cela devait les distinguer de ce qui s’est passé dans le monde catholique.
  1. L’admiration pour la Russie : dans un monde où tout s’effondre, on se contente de peu et il suffit qu’une nation soit un peu moins avancée dans la décadence politique et morale, moins avancée dans le mondialisme dissolvant pour qu’on en conçoive une image de bastion de la vertu. Il s’agit encore une fois d’une vision naïve et superficielle. S’il est vrai que la Russie promeut en général des principes plus sains que ceux de l’Occident actuel, la Russie reste à certains égards un pays décadent souffrant encore des conséquences du communisme, un pays fondé sur les mêmes principes erronés que le reste des « démocraties occidentales »[1], un pays qui n’est d’ailleurs pas beaucoup plus religieux qu’un pays comme l’Italie ou le Portugal, c’est à dire que la religion fait partie d’un folklore populaire et reçoit un certain respect de la part de la population, voir même une certaine place dans la vie publique, ce qui n’empêche pas l’irréligion pratique de la majorité de la population, la contraception, l’avortement, le libéralisme intellectuel et moral parmi les élites et jusque dans la constitution du pays, la vulgarité et l’immoralité crasse parmi les classes populaires.
  1. Une fausse conception de “la Tradition” comme seule norme de la vérité et seule source d’infaillibilité. Ce point explique peut-être le plus la dangereuse porosité entre les milieux traditionalistes (spécialement lefebvristes) et la soi-disant orthodoxie gréco-russe. Comme les traditionalistes s’opposent à celui qu’ils pensent être le pape, tout en continuant de dire qu’il est bien certain qu’il est le pape, ils en arrivent à bricoler un système théologique hasardeux dans lequel il est possible pour tout chrétien de refuser les enseignements et les actes disciplinaires du pape si jamais ils vont contre “la Tradition”, contre “ce qui a été cru partout et toujours”. La manière dont ils utilisent le “canon de Saint Vincent de Lérins” est, justement, la même interprétation que celle des schismatiques sur le fait que la seule norme de la foi est “l’enseignement des Pères” et que l’on peut rejeter le pape si l’on estime qu’il ne s’y conforme pas. Nous avons vu plusieurs anciens catholiques rejeter la papauté pour embrasser le schisme, sous le prétexte que “les Pères n’enseignent pas l’Immaculée Conception”, “les Pères n’enseignent pas la papauté”, “les Pères n’enseignent pas le Filioque”, oubliant complètement – en plus d’utiliser des arguments faux et maintes fois réfutés – la doctrine catholique sur la norme prochaine de la foi, qui n’est pas “l’enseignement des Pères” (car quoi qu’on en dise, il est très rare que les Pères de l’Eglise s’expriment exactement de la même manière sur exactement les mêmes sujets, il y a toujours quelques zones d’imprécision ou de contradictions entre eux, il y a toujours des Pères qui ont des opinions qui sortent de l’ordinaire, etc) mais le magistère de l’Eglise enseignante et spécialement le magistère du Pape. Il ne devrait pas poser de problème, pour quelqu’un qui a reçu une bonne formation catholique, d’accepter que certains points de doctrine qui n’ont pas fait l’unanimité chez les Pères ont plus tard fait l’objet de définitions magistérielles par les Conciles et par les Papes, indépendamment du nombre et de la qualité des défenseurs de cette doctrine dans l’antiquité chrétienne. 
  1. La fascination pour une “spiritualité orientale” qui serait “non rationnelle” ou “supra rationnelle” : il y a sans doute quelque chose de plus pervers dans cette préoccupation que dans les précédentes. La maladie du pérennialisme, nom de la doctrine de René Guénon, infeste depuis longtemps les milieux traditionalistes et il devrait être inutile de rappeler à quel point cette doctrine est contraire à la foi, et destructive des fondements mêmes de la foi au même titre que le modernisme. Le pérennialisme, qui est en réalité de l’hindouisme à destination d’un public occidental de droite, fait résider la vérité religieuse dans une forme de connaissance “non rationnelle”, dans une “expérience du divin” qui se passe de description et de démonstration, et qui postule en une “non dualité” ou unité transcendantale de toutes choses, bonnes ou mauvaises, en Dieu. Il s’agit en d’autres termes d’un panthéisme anti-intellectualiste, qui considère que le moral et l’immoral, le vrai et le faux, le bien et le mal, sont mystérieusement unis dans l’être divin. Seule la vanité de la démarche ésotérique, qui flatte certains esprits se sentant “au-dessus du vulgaire”, peut expliquer l’aveuglement en faveur de ce genre de doctrines, auprès d’un public qui par ailleurs dénonce l’abandon du réel et de la raison dans la vie sociale.
    Il semble que les disciples de Guénon, qui prétendent que l’on a une expérience religieuse “valide” à partir du moment où l’on se rattache à une des “religions traditionnelles” (catholicisme compris), aient une attirance spéciale pour les schismatiques orientaux, entre autres choses parce que l’ambiance est beaucoup moins “cadrée” au niveau doctrinal que dans le catholicisme : un “orthodoxe” peut penser à peu près ce qu’il veut sur toutes sortes de sujets, il n’y a pas d’autorité infaillible pour lui dire qu’il se trompe et condamner sa doctrine. Ils pensent d’ailleurs, à propos de la spiritualité, de la mystique ou de la politique, toutes sortes de choses étranges et peu raisonnables. C’est justement cette perception d’une “absence de cadre” qui attire ceux qui inclinent vers une forme d’ésotérisme et trouvent que la scolastique “dessèche l’expérience religieuse”. L’attachement extérieur aux traditions anciennes est également une chose qui attire les esprits séduits par le pérennialisme.
    Ce modernisme de droite mérite toute la détestation des catholiques. Soyons bien convaincus qu’il n’y a aucune contradiction entre une connaissance rationnelle de Dieu et des vérités révélées, et une vie intérieure riche et active ; en réalité, la véritable vie intérieure est impossible sans une certaine connaissance rationnelle, même très rudimentaire, de Dieu et des choses relatives à Dieu.
    Comment peut-on avoir une dévotion sincère envers Dieu, si on n’est pas certains pour commencer que Dieu existe réellement et que son existence est certainement démontrable et accessible à toutes les intelligences ? Si l’on n’accepte pas cela, on réduit Dieu à une sorte de sentiment personnel qui ne concerne pas l’ensemble des hommes. C’est une insulte à son infinie majesté, à sa bonté, à sa toute-puissance, et à l’enseignement qu’il a lui-même donné aux hommes (Saint Paul dit que les païens qui n’adorent pas Dieu “sont inexcusables”, parce que son existence est manifestée par ses œuvres, et qu’ils devraient l’adorer en conséquence). 

Aucune de ces raisons ne sont recevables lorsqu’il s’agit de juger l’histoire de l’Eglise dans son ensemble, les témoignages des premiers chrétiens, la doctrine des Pères et la vie de la chrétienté depuis le commencement jusqu’à nos jours.

L’examen de ces différents arguments doit nous faire conclure, sans appel, qu’il est impossible de se sauver si l’on est séparé de l’unique Eglise catholique, apostolique et romaine, que l’on est aux yeux de Dieu pire qu’un païen si  l’on se sépare volontairement de l’unité de l’Eglise : tel est l’enseignement des Pères sur les schismatiques.

La crise de l’Eglise que nous traversons aujourd’hui ne doit pas affaiblir notre foi et notre amour en l’Eglise, mais au contraire la raffermir : quel enfant, voyant sa mère malade, s’en détournerait à ce moment parce qu’il ne peut plus se reposer sur son aide comme avant ? Ne faut-il pas justement, dans ce moment dramatique, exprimer un amour spécial pour l’Eglise ?   

Les saints étaient prêts à mourir pour l’Eglise, et certains en effet sont morts pour son honneur. Songeons par exemple à Saint Thomas More, qui fut décapité pour avoir maintenu face aux schismatiques anglais que le Pape avait une juridiction suprême dans toute la chrétienté. Regardons comme une insulte et un déshonneur à l’Église les manifestations insolentes de “l’orthodoxie”, qui profite de Vatican II pour essayer de faire croire aux catholiques restés fidèles que la “vraie tradition” se trouve du côté du schisme gréco-russe. Il vaut mieux mourir sous les pires tortures que de donner le moindre crédit à ces fables hérétiques : telle est la foi que nous avons reçu, hors de l’Eglise fondée par Jésus-Christ sur Saint Pierre, il n’y a pas de salut.

Puisse Dieu donner aux schismatiques les lumières et les grâces pour comprendre que la véritable Eglise et la véritable doctrine chrétienne se trouvent dans la communion de Saint Pierre. Si les propos tenus précédemment peuvent sembler durs et condamnatoires (et ils le sont), la charité nous commande de ne pas oublier, derrière les arguments, les personnes et les âmes à sauver. Nous n’avons pas espoir de convaincre les esprits séduits par le schisme oriental par ces controverses et ces arguments, mais nous avons espoir, par nos prières, d’aider à leur conversion et à leur retour dans l’Eglise, car cela dépends de la grâce de Dieu. 

A ceux qui sont déjà catholiques, puisse Dieu nous donner la grâce de vivre toujours et de mourir dans l’amour de l’Eglise, dans la communion avec l’Eglise, dans la défense de ses titres et de son honneur, elle qui est la mère de tous les peuples, la maîtresse de la vraie doctrine et la seule arche du salut. Ainsi soit-il. 

Jean-Tristan B.


[1] La constitution russe est en effet basée sur les mêmes principes que l’Occident décadent : souveraineté du peuple, liberté de pensée, liberté religieuse, séparation de l’Eglise et de l’Etat, etc.

Les chrétiens ont besoin de la Papauté monarchique (Pourquoi être catholique plutôt qu’orthodoxe (6/7))


Raisons intrinsèques : pourquoi Dieu a institué la papauté


10- La monarchie est le gouvernement le plus parfait

Il est fort étonnant de voir que les partisans du schisme, qui sont généralement des admirateurs de la monarchie et spécialement de l’empire byzantin et des tsars russes, se transforment soudainement en démocrates outrés de la prééminence d’un homme sur les autres lorsqu’il s’agit de matières ecclésiastiques. Dans leur esprit, il est évident que le meilleur gouvernement, celui qui est le plus à même d’amener un peuple à l’unité et au bonheur, est la monarchie ; mais songer que Dieu ait pu instituer une Église monarchique leur semble, pour quelque raison mystérieuse, un outrage et un blasphème.

Charlemagne, par Louis-Félix Amiel.

Si les schismatiques étaient cohérents, cette admiration pour la monarchie dans l’ordre temporel devrait les pousser au moins à considérer dans l’abstrait l’intérêt de la “conception latine de l’Église”, qui n’est pas une folie arbitraire, pas plus que ne l’est une institution telle que l’empire russe, si on veut regarder les choses d’une manière purement pratique. Certains Russes en effet sont parvenus à apprécier l’histoire de la papauté sous cet angle, en proposant soit d’imiter la papauté en faisant du patriarche de Moscou une sorte de “troisième pape” comme le voudrait la théorie de la troisième Rome, soit en souhaitant rapprocher l’église russe du père de tous les chrétiens, le pape de Rome.

Il devrait être évident pour tous que Dieu, dans sa sagesse infinie, en établissant son Église comme société humaine assistée par le Saint-Esprit, ait prévu pour cette société le mode de gouvernement qui est le plus à même de lui procurer la paix, l’unité, la félicité et l’abondance des biens spirituels. On ne connaît pas de gouvernement plus parfait que la monarchie ; bien que celui-ci ait aussi ses défauts et dérives possibles comme tout gouvernement, il reste celui qui sied le mieux à la nature humaine pour un certain nombre de raisons.

Il est clair que la monarchie est le mode de gouvernement qui est le plus à même d’assurer l’unité des membres de la société : et ce sujet n’est pas d’une importance moindre, car l’unité de l’Église est un article de foi présent dans le symbole de Nicée. Comme l’explique Saint Thomas, et sans doute d’autres avant lui, ce qui est un par soi est plus à même de procurer l’unité : dans tout autre régime que la monarchie forte, l’unité est une sorte de construction contractuelle, voire de fiction légale, beaucoup plus fragile et sans cesse compromise par les factions et les intérêts particuliers.

La monarchie est aussi le régime le plus efficace pour la lutte contre les ennemis intérieurs et extérieurs : la prise de décision est rapide, le pouvoir en place a les moyens de faire appliquer les punitions ou d’organiser la défense face à une menace imminente. En temps de péril, les esprits sont rassurés par la présence d’un chef unique qui se porte responsable de la situation et coordonne les efforts des uns et des autres dans l’affrontement. Ainsi la république romaine se dotait parfois en temps de grave crise d’un dictateur, un monarque absolu possédant les pleins pouvoirs, et ce jusqu’à ce que la crise soit résolue : car en temps de crise, il n’est plus temps de discuter entre citoyens ou sénateurs, et seule la volonté d’un homme fort peut ramener les esprits à l’union.

La monarchie est encore le régime qui reflète le mieux, de par l’unicité du dirigeant, d’une part l’autorité de Dieu sur toutes choses, le monarque étant une image de Dieu sur terre et son représentant dans la limite des pouvoirs qui lui ont été attribués, d’autre part l’autorité du père dans la famille, la société civile étant un regroupement de familles et une extension de la société familiale. L’aspect impressionnant de la monarchie rappelle que son pouvoir vient de Dieu, et que l’on obéit au monarque comme on obéit à Dieu, dans tout ce qu’il commande de légitime. Son aspect paternel rassure, parle au cœur de tous les hommes, et rend l’obéissance plus humaine et plus douce que s’il fallait obéir à une institution froide et désincarnée.

C’est pourquoi Dieu a donné aux apôtres un chef, Pierre, et que ses successeurs héritent du pouvoir suprême sur l’Église, afin d’assurer son unité, de la protéger plus efficacement contre les dangers du monde, et d’assurer plus efficacement l’accomplissement de sa mission. L’autorité de Pierre est plus douce à accepter quand on prend le temps de réfléchir à ce qui a été dit ci-dessus : il n’y a rien de déraisonnable à penser que Dieu ait prévu pour son Église ce qu’il y a de meilleur pour toute société, une constitution monarchique. 


11- L’Église a besoin d’une autorité suprême pour résoudre ses conflits de juridiction et assurer son unité

Si l’unité de l’Église, présentée dans le Credo de Nicée comme une vérité de foi, doit être une réalité et non pas une pure fiction verbale, comme elle l’est actuellement dans la “communion orthodoxe” qui est continuellement en proie à de nouveaux schismes (et subsiste d’ailleurs actuellement dans un état complètement incertain, les différentes “églises autocéphales” ne s’étant pas prononcées clairement pour ou contre Constantinople ou Moscou dans le grand schisme qui la secoue depuis 2018 ), si l’unité de l’Eglise donc doit être une réalité, il faut qu’elle ait en elle-même, par constitution, un principe d’unité indiscutable et reconnu par tous comme tel. 

Election du Pape Pie II en 1458, par Pinturicchio.

Aux schismatiques qui disent que “la foi” seule est la pierre sur laquelle est fondée l’Église, le seul principe d’unité voulu par Dieu, l’histoire de l’Église répond que malheureusement, dans l’ordre pratique, il y a mille raisons pour lesquelles des chrétiens qui partagent la même foi, ou prétendent partager la même foi, peuvent être désunis et incapables de s’entendre dans l’ordre pratique. Afin que l’Église ne soit pas dans la désunion, Dieu lui a donné une constitution qui permette de trancher les conflits internes avec une autorité indiscutée : s’il n’y a pas un chef visible, un chef suprême, un chef constitutionnel, alors il n’y a aucun principe crédible de résolution des conflits. Ce principe vaut pour toutes les sociétés humaines : l’État, l’entreprise, l’association, la famille. L’Église est une société divino-humaine, et en son titre de société humaine elle n’échappe pas aux lois ordinaires de la nature humaine. 

Une constitution “collégiale” ou purement égalitaire entre les évêques n’est pas capable de produire l’unité, même en théorie. Mettons par exemple que deux évêques soient en conflit entre eux pour des questions de juridiction : si tous les évêques sont exactement égaux par constitution, qui peut imposer la justice et la paix entre eux ? Ils pourront toujours invoquer l’égalité épiscopale pour persévérer dans leur mauvaise volonté, et se séparer de l’Église universelle. Croire qu’il faut s’en remettre à la “bonne volonté” des uns et des autres pour faire fonctionner une société de manière égalitaire, en postulant un pouvoir égal entre plusieurs personnes à la tête de la société, c’est croire à des sottises. Croire qu’une autorité supérieure est nécessaire pour corriger les abus et imposer une direction, c’est l’enseignement de la sagesse et de l’histoire humaine. 

Les « orthodoxes » ont ainsi refusé de manière puérile le seul principe crédible de l’unité de l’Église, celui de la primauté du chef des Apôtres, imposée par Dieu lui-même et transmise au successeur de Saint Pierre l’évêque de Rome, ainsi que l’expliquait Saint Cyprien de Carthage qui semble condamner directement Photius et Michel Cérulaire, dans son traité sur l’unité de l’Église. 

Que proposent-ils en remplacement ? Ils proposent un système dans lequel une autorité supérieure (mais fortement limitée) se définit dans l’Église par coutume et par consentement général, en raison principalement du prestige politique de la cité dans laquelle se trouve le siège épiscopal : d’où une certaine primauté de Rome, “honorifique” disent-ils, tant que cette ville était la capitale de l’empire, puis une primauté de Constantinople, puis (disent les Russes) une primauté de Moscou. Ce système n’a aucun sens : car personne n’a véritablement l’autorité pour établir que Constantinople peut juger en appel ou ériger de nouveaux patriarcats, sous le prétexte qu’elle siège dans la capitale de l’empire, et cette prétention arbitraire peut être (et est) contestée à tout moment par d’autres nations qui jugeront que leur pouvoir politique est plus prestigieux, et que ce prestige leur donne comme par magie un certain nombre de droits ecclésiastiques. Il suffit de consulter les annales de la Serbie et de la Russie pour voir à quel point la “primauté de Constantinople” n’était pas prise au sérieux. Le schisme de 2018 ne fait que révéler au grand jour cette division qui existe de facto depuis des siècles.    

La simple constatation de la division continuelle et scandaleuse des schismatiques entre eux devrait faire naître, chez ceux d’entre eux qui ont encore des sentiments authentiquement chrétiens, un certain respect pour le principe de la papauté, et une oreille attentive aux arguments des catholiques sur ce sujet. Car qui se soucie réellement de l’unité de l’Église ne peut pas supporter de voir ces églises nationales se déchirer entre elles continuellement, et se baser pragmatiquement sur les principes qui l’arrangent le mieux, au lieu de chercher la vérité, pour aller dans le sens des passions politiques du moment.

Qui pourrait penser que Dieu, dans sa sagesse infinie, n’avait pas anticipé ce germe de division contenu dans la nature humaine déchue, et n’a pas en conséquence laissé à son Église un principe indiscutable d’unité et de catholicité, qui puisse permettre à tous les véritables chrétiens d’avoir la certitude d’être uni à la véritable Église, hors de laquelle il n’y a point de salut ?

La Tradition apostolique nous répond, de toute façon, que c’est bien ce que Dieu a fait. Mais la simple raison devrait nous pousser à dire, indépendamment même des Saintes Écritures et de l’enseignement des Pères, qu’il est plus raisonnable d’imaginer que Dieu lui-même ait instauré une primauté, plutôt que d’imaginer qu’il ait laissé les hommes, divisés par les différences nationales et linguistiques, se déchirer entre eux pour savoir qui doit avoir la primauté entre les évêques, ou vivre dans une totale désunion sans qu’il y existe nulle part sur terre une véritable Église universelle. 


12 – Les hommes ont besoin d’une autorité pour condamner les erreurs et trancher entre différentes opinions

Combien de siècles allons-nous encore débattre sur le véritable sens des versets de l’évangile concernant la primauté de Saint Pierre, ou d’autres sujets théologiques controversés ? Qui a autorité pour établir avec certitude quelle est la bonne interprétation des Saintes Écritures ? 

Pour les schismatiques, il n’y a pas de réponse claire à cette question. Ils diront en théorie que c’est “le consensus des Pères”, ou quelque chose de cet ordre, qui donne aux fidèles la certitude qu’un enseignement est vraiment l’enseignement de l’Église apostolique et pas simplement l’interprétation privée de certains docteurs.

Photographie du Pape Léon XIII en 1878. Ses nombreuses encycliques doctrinales ont marqué le magistère catholique.

En pratique, ce “consensus des Pères” est impossible à établir sur un grand nombre de sujets, et impossible à comprendre ou à connaître pour l’immense majorité des chrétiens. Car il n’est pas donné à n’importe qui d’avoir à sa disposition les œuvres intégrales de Saint Jean Chrysostome, de Saint Basile de Césarée ou de n’importe quel autre Père, dont beaucoup d’écrits ne sont pas traduits : connaître en profondeur la doctrine des Pères implique donc de maîtriser le grec et le latin. Être en mesure de compiler et de comparer les avis des différents Pères sur les différentes questions théologiques est un travail encore plus colossal et inaccessible au commun des mortels. Même dans la catégorie des “chrétiens érudits”, la connaissance des Pères est très souvent de seconde main, par le biais d’extraits, de commentaires et de traductions plus ou moins fiables. Il est déraisonnable de prétendre que la manière dont les chrétiens doivent connaître l’enseignement de l’Église est l’étude des Pères : cette étude n’est réservée qu’à une élite, or la doctrine de Jésus-Christ ne doit pas être réservée à une élite. 

Les schismatiques diront ensuite que l’enseignement infaillible de l’Église s’exprime, cette fois de manière accessible à tous, dans le Concile œcuménique. L’équivalent de l’infaillibilité pontificale chez les catholiques se trouverait, pour les “orthodoxes”, dans l’infaillibilité du Concile universel représentant le collège des Apôtres. Sauf que cette conception de la  “règle prochaine de la foi”, de la règle immédiate sur laquelle les chrétiens doivent s’appuyer pour avoir la certitude de croire en la véritable doctrine de Jésus-Christ, n’est pas beaucoup plus raisonnable que l’idée du consensus des Pères. 

En effet la réunion d’un Concile œcuménique est trop complexe et inhabituelle pour que ce Concile doive servir à l’Église comme de règle ordinaire de la foi. Il faut parvenir à réunir les évêques du monde entier, alors que ceux-ci sont désunis par des différences nationales et politiques, voire des différences théologiques qui rendent très difficile l’établissement d’un accord entre eux ; le simple fait de les convaincre de participer au Concile est difficile. Selon la conception même des schismatiques il est impossible qu’un Concile soit œcuménique si l’évêque de Rome n’y participe pas : c’est la raison pour laquelle il n’y a eu, d’après les schismatiques, que sept conciles œcuméniques et que l’Église est privée de cet enseignement infaillible depuis plus de 1200 ans, car il est depuis longtemps impossible de faire participer en même temps les évêques “orthodoxes” et l’évêque de Rome à un même concile.

Que doit faire l’Église lorsqu’une nouvelle controverse théologique émerge, et divise les évêques entre eux au point qu’il est impossible d’envisager un concile œcuménique ? Que doit faire l’Église lorsque cette controverse porte sur un sujet qui n’a pas fait l’objet d’un consensus des Pères ou d’un enseignement clair et explicite de leur part ? 

Les schismatiques, qui n’aiment pas l’Église en réalité s’ils sont formellement schismatiques, se moquent de cette désunion et adhèrent aux positions théologiques qui leur conviennent le mieux, en interprétant de manière intéressée certaines citations des Pères ou des Conciles, sans se soucier spécialement de plier leur esprit à une règle objective autre que leur raisonnement personnel. 

Seul le catholicisme propose à l’ensemble des hommes une règle de foi claire et facile d’accès : le successeur de Saint Pierre, ayant reçu “les clés du royaume des cieux”, la charge de “paître les agneaux et les brebis”, ainsi que celle d’affermir ses frères dans la foi, a reçu de Dieu un pouvoir spécial d’enseigner la véritable doctrine chrétienne sans possibilité de se tromper : il tranche infailliblement les controverses, ses définitions dogmatiques sont définitives, et le Concile tient directement de lui son infaillibilité. Celui qui veut savoir ce qu’est la véritable doctrine chrétienne doit consulter le catéchisme approuvé par Rome, et les enseignements dogmatiques des papes sur tout autre sujet. Ainsi, le catholicisme est la seule religion du monde qui possède un ensemble de doctrines qui sont, pour ses fidèles, absolument indiscutables et non susceptibles d’être interprétées de différentes manières, en vertu du principe de l’infaillibilité pontificale. Rien de tel n’existe dans les autres religions, ce qui pousse celles-ci à se reposer sur la notion de “consensus des savants”, mais personne n’a autorité pour établir en quoi consiste précisément ce consensus et quelle est sa portée, de telle sorte qu’il existe dans ces fausses religions des différences extrêmes d’opinions sur des sujets extrêmement importants.

En d’autres termes, seul le catholicisme a la prétention de proposer aux fidèles une doctrine certainement révélée par Dieu. 

Méditons ceci : est-il seulement possible de croire que Dieu, qui connaît la propension des hommes à se diviser et à tout interpréter selon leur intérêt propre, ou à déformer et méconnaître les enseignements véridiques à cause de la faiblesse de leur intelligence, ait laissé l’humanité perdue dans les ténèbres, sans moyen clair et fiable de savoir où se trouve la vérité sur Dieu et sur le salut éternel ?

Les faux chrétiens s’aviseront de répondre que Dieu n’a pas abandonné les vrais fidèles, et qu’il les éclaire directement par le Saint-Esprit (ce qui est la position protestante), ou par les Pères et les Conciles (position des schismatiques orientaux) ; sauf que les protestants se contredisent entre eux alors qu’ils prétendent être inspirés par le Saint-Esprit, et les schismatiques également se contredisent et se divisent entre eux sur des sujets très graves malgré leur attachement professé à “l’enseignement des Pères”. Ces règles de foi qu’ils proposent ne sont donc pas des règles de foi fiables. 

Même en l’absence de toutes les preuves historiques et patristiques sur l’autorité du pape en matière doctrinale, il serait la chose la plus raisonnable du monde de croire que Dieu, dans sa sagesse éternelle, ait prévu de donner à son Église une règle de foi sûre et infaillible, impossible à interpréter ou à discuter, accessible à tous, et prête à condamner en tout temps les nouveautés hérétiques sans avoir besoin du consentement ou de la présence de l’ensemble des évêques dispersés à travers le monde. S’il est vrai, certes, que l’enseignement unanime de l’Église dispersée à travers le monde est un enseignement infaillible, il est difficile de savoir exactement si un enseignement fait partie ou non de ce “magistère ordinaire et universel”, de sorte qu’il faut en pratique attendre qu’un pape définisse une doctrine pour que l’esprit d’un fidèle soit absolument fixé dans la certitude. 

Sans cette autorité infaillible incontestée, tout est susceptible d’être discuté et remis en cause, jusqu’au canon même de la Bible, qui a été fixé au IVe siècle par l’autorité du pape. Les lefebvristes qui rabaissent l’infaillibilité du pape et la réduisent aux seules définitions solennelles ne se rendent pas compte que beaucoup de doctrines dans lesquelles ils croient doivent être crues parce qu’elles ont été définies par les papes (et ce sans solennité particulière), pas parce qu’elles ont été crues “partout et toujours”, ce qui ne peut pas se dire de tous les dogmes chrétiens indifféremment (untel trouvera toujours un Père de l’Eglise ayant eu à l’époque une opinion contraire, etc.). “La Tradition” ne peut pas servir en soi de règle prochaine de la foi, car un simple fidèle ne peut pas savoir en un instant, de manière indubitable, en quoi consiste “la Tradition”. Il peut savoir en revanche, en un instant et de manière indubitable, en quoi consiste l’enseignement de l’Eglise à travers le catéchisme romain. Ainsi, la seule position cohérente sur l’infaillibilité de l’Eglise est la position dite ultramontaine, qui fait du magistère de l’Eglise enseignante et spécialement du magistère personnel Pape la règle prochaine de la foi : une règle claire et indubitable, qui met un terme au flot infini des discussions et des débats humains, et en dehors de laquelle tout est imprécis, confus et sujet à autant d’opinions qu’il existe d’hommes. 

Étant donné que la diversité des sentiments et des opinions est constitutive de la nature humaine déchue, il y aurait quelque chose d’impie à croire que Dieu aie laissé l’Église dépourvue d’un moyen efficace de trancher entre les différentes opinions pour savoir, à tout moment, quelle est la véritable doctrine divine. La simple méditation de ce problème peut suffire à convertir une âme au catholicisme, d’autant plus si elle constate que l’enseignement des papes à travers les siècles ne se contredit jamais et forme un ensemble de doctrines cohérentes et parfaitement reliées entre elles : c’est encore un “signe de Dieu”, qui n’est pas moins puissant que le signe des miracles physiques.


Arguments historiques en faveur de la Papauté et contre les orthodoxes (Pourquoi être catholique plutôt qu’orthodoxe (5/7))


Raisons historiques : la chrétienté affirme la papauté


6- Les Papes et l’âge d’or de la chrétienté

Le Pape Honorius III et Saint François d’Assise

Si la papauté était une invention diabolique issue de la soif de pouvoir des Latins, il s’en serait suivi comme conséquence logique que le monde catholique, dirigé par ce pouvoir tyrannique et injuste, se serait séparé de Dieu et aurait sombré dans la décadence la plus terrible à partir du moment où les “prétentions excessives” du pape auraient causé sa séparation de l’Eglise universelle. C’est ainsi que certains ignorants parlent de l’histoire de l’Occident depuis le schisme. 

Pourtant, si l’on s’efforce d’étudier honnêtement l’histoire de cette période, c’est exactement l’inverse qui se produit : le renforcement de la papauté, l’affirmation de plus en plus claire de ses pouvoirs, coïncide avec l’âge d’or de la chrétienté. Et nous ne parlons pas ici d’un âge d’or purement matériel ou extérieur, mais bien d’un âge d’or de la vie spirituelle, de la vie religieuse, de la justice chrétienne, de la ferveur et de la charité. Les XIIe et XIIIe siècles sont les siècles les plus glorieux de l’Occident chrétien, conséquences directes de la réforme grégorienne et de la liberté de l’Eglise permise par la lutte des papes contre les abus des pouvoirs temporels. Cet âge d’or est spécialement un âge d’or de la vie religieuse, avec la création de nouveaux ordres religieux actifs et contemplatifs, qui ont transformé le monde par leurs prières, leurs sacrifices, leurs œuvres de bienfaisance, leurs écrits et leurs exemples. Dans les siècles suivants, spécialement les XVIe et XVIIe siècles, un immense élan missionnaire a apporté la foi jusque dans les parties les plus reculées de l’Amérique et de l’Asie, bien souvent au prix de la vie des missionnaires qui meurent en martyr aux mains des païens, comme les Apôtres de Jésus-Christ aux débuts de l’Eglise. Tous les ordres religieux missionnaires travaillent en étroite collaboration avec la papauté, qui les approuve, les encourage, les finance, les envoie directement en mission dans certains endroits. Cet élan missionnaire continue et gagne de nouveaux horizons aux XIXe et XXe siècles, alors même que le monde entier commence à s’enliser dans le laïcisme et le rationalisme.

On peut voir à travers les âges, et spécialement à partir de la réforme grégorienne (c’est à dire du XIe siècle qui est aussi l’époque du schisme), la papauté agir constamment sur ces différents fronts : 

1- La défense de la loi de Dieu face aux puissants du monde. On a vu depuis l’antiquité des papes s’opposer courageusement aux empereurs, aux rois, à des chefs barbares ou à d’autres sortes de seigneurs temporels, chaque fois que l’orthodoxie et les droits de l’Eglise étaient mis en cause. Tous les papes n’ont pas eu le même courage, la même vigueur et la même prudence ; mais à l’échelle de l’histoire de la papauté, on peut voir que l’institution en elle-même a constamment défendu la loi de Dieu contre les lubies des puissants, contre les mondains, contre les novateurs. Elle a combattu avec une spéciale vigueur la franc-maçonnerie et les sociétés secrètes, alors même que le pouvoir temporel de Rome était réduit à néant par l’agression de ces forces occultes, et que ces sociétés et leur esprit avaient de fait pris le contrôle du monde entier. 

2- La promotion de la vie religieuse. Des ordres religieux tels que les Cisterciens, les Carmes, les Franciscains et les Dominicains ont été, depuis toujours, directement soutenus par les Papes qui n’hésitaient pas à confier des responsabilités importantes aux membres de ces ordres. Les papes ont toujours enseigné la supériorité de la vie religieuse sur l’état laïc ou même sur le simple état clérical, et contribué à guider de nombreuses âmes vers le chemin du renoncement total au monde et du don de sa propre vie pour le salut des âmes.  

3- L’élan missionnaire. Le Saint-Siège a toujours été fidèle à la mission apostolique de porter l’évangile à toutes les nations. Au cours des siècles, Rome envoie de courageux missionnaires en Amérique, en Asie, en Afrique et en Océanie, dans des territoires parfois complètement étrangers à l’influence politique et culturelle de l’Occident. Il n’a jamais suffi à la papauté de se contenter d’évangéliser les peuples conquis, comme faisaient les Russes ; il faut évangéliser le monde entier, et l’on voit à travers les siècles les papes soutenir continuellement les efforts des missionnaires. 

4- La lutte contre les hérésies. Ceci est la grande gloire de Rome, si on ne devait n’en garder qu’une, qui est d’avoir toujours condamné les hérésies et défendu la foi orthodoxe, avec la même fermeté et la même constance à travers les siècles. Les Pères de l’Eglise avaient tous reconnu en Rome le siège de la véritable orthodoxie, le refuge sûr contre les fausses doctrines des hommes, et l’on voit des évêques aussi glorieux que Saint Athanase et Saint Jean Chrysostome recourir à Rome comme à l’ultime marteau des hérésies. 

5- Les œuvres de bienfaisance temporelle. Concernés d’abord par la propagation de la foi et la défense de la vraie doctrine, les papes se sont aussi souvent distingués pour les œuvres de charité envers les pauvres, mais aussi pour tout type d’œuvres bienfaisantes dans l’ordre temporel : soutien de l’art et de la littérature, soutien de toutes les sciences naturelles (l’Académie pontificale des sciences, fondée en 1603, est la toute première académie scientifique d’Europe), travail à la paix entre les peuples et entre les princes. Ainsi le pape n’était pas seulement le Père de tous les chrétiens dans un sens spirituel et religieux, mais aussi, souvent, dans un sens temporel, ne dédaignant jamais une occasion d’améliorer la vie terrestre des chrétiens, comme un père qui se soucie du bien de ses enfants sous tout rapport. 

Un “orthodoxe” ou un protestant qui fait preuve d’honnêteté intellectuelle sera capable de reconnaître que la papauté a fait de grandes choses pour la propagation de la foi dans le monde et dans les sociétés qui étaient sous son influence, pour le soulagement des maladies et de la pauvreté, ainsi que pour la culture des sciences et des arts. S’il voulait toujours rejeter le principe de la papauté, il lui faudra au moins reconnaître que l’histoire a compté de “grands papes” qui ont œuvré avec toute la sincérité de leur âme à la propagation de la foi chrétienne, et ont obtenu en cette matière de grands résultats, car ceci appartient strictement à l’ordre des faits.

Des exemples de cette honnêteté sont rares, mais on les trouve par exemple dans la biographie de Grégoire VII écrite par le luthérien Martin Johannes Voigt : étudiant les documents historiques de l’époque, il ne peut qu’admettre que les légendes que l’on colporte sur le saint pape dans son pays (l’Allemagne) et chez tous les ennemis du catholicisme (protestants, orthodoxes, gallicans) sont sans fondement et que Grégoire VII, quoi que l’on pense de la papauté, était un vénérable homme de Dieu, humble et détaché du monde, dont la principale préoccupation était le salut des âmes, et dont la seule faiblesse était une bonté légèrement excessive. Voigt n’en conclus pas qu’il faut être catholique (il considère malheureusement que Grégoire VII est un chrétien “aussi admirable que Luther”) mais son étude historique montre que les faits sont du côté du catholicisme. 

Il est frappant de voir à quel point le grand nombre, y compris des catholiques, ignorent tout ou quasiment tout de l’histoire de l’Eglise. Cette ignorance joue beaucoup à notre avis dans l’attrait pour “l’orthodoxie” (et, accessoirement, dans le succès des doctrines lefebvristes qui insultent et diminuent la papauté) : car qui connaît l’histoire de l’Eglise peut contempler les gloires de la papauté, et s’y attacher comme une source évidente de bienfaits pour le salut des âmes et le respect de la loi de Dieu dans les sociétés. Le catholique qui connaît l’histoire de la papauté s’y attache par un amour filial et reconnaissant, et ne supporte pas les mensonges et les affronts des schismatiques, qui accusent de tous les maux une institution qu’ils ne connaissent pas et que leurs propres pères honoraient avec la même révérence filiale que les catholiques d’après le schisme.


7- Les saints affirment la papauté

Cet argument ne résonnera peut-être pas autant chez tout le monde. A titre personnel, ce seul argument est suffisant pour nous convaincre absolument et définitivement qu’il est impossible que la véritable Eglise soit la “communion orthodoxe” à l’exclusion de l’Eglise catholique, qui elle aurait sombré dans l’hérésie.

Une église hérétique ne pourrait pas produire autant de fruits de sainteté, indiscutablement documentés par des témoignages de première main. De véritables saints, remplis de l’amour de Dieu et de la lumière du Saint-Esprit, ne pourraient pas donner un témoignage continuel et explicite en faveur d’une doctrine hérétique et d’un faux chef de l’Eglise. Or tous les saints que nous connaissons, dont la vie est documentée dans le cadre des procès de canonisation, étaient en communion avec le Saint-Siège, et certains d’entre eux ont professé de manière particulièrement explicite et insistante qu’il était nécessaire d’être en communion avec le Saint-Siège pour sauver son âme. 

Une objection surgira immédiatement de la part des schismatiques : nous avons aussi nos saints ! Ils sont la preuve que notre église est la vraie ! A cette objection, il suffit de répondre :

  • Que les “églises orthodoxes” n’ont aucune procédure spéciale pour la canonisation, et qu’il n’existe rien qui puisse ressembler aux procès de canonisation tels qu’ils existent dans le catholicisme depuis le Moyen-Age. Chez les orthodoxes un “saint” est quelqu’un qui a une simple réputation de sainteté, quelqu’un dont on estime que le corps est miraculeusement conservé, ou quelqu’un que les évêques d’une église particulière auront décidé d’honorer d’un culte pour une raison ou une autre, par exemple pour des raisons politiques (cf. la Serbie du XIIIe siècle), et il n’y a pas vraiment moyen de savoir si les différents témoignages populaires à son égard sont basés sur des faits réels, ou sur des exagérations et des inventions. 
  • Qu’en contrepartie le nombre de saints catholiques dont la vie est connue avec un niveau de détail très précis, avec un recueil de témoignages oculaires de première main et de témoins indépendants les uns des autres, est immense en comparaison des quelques “saints” postérieurs au schisme que le folklore orthodoxe se plaît à honorer.
  • Que si les “saints orthodoxes” sont aussi véridiques que les saints catholiques, cela voudrait dire à tout le moins que l’Eglise catholique reste une véritable église chrétienne bénie par Dieu (ce qui est loin d’être la position officielle des  “orthodoxes”, qui considèrent que Rome est hérétique et séparée de l’Eglise, bien que certains d’entre eux aient exprimé une opinion contraire). 

On peut citer certains saints catholiques très célèbres dont la réputation n’est pas due uniquement à “l’imagination enflammée des catholiques” puisqu’elle a été confirmée par des témoignages extérieurs au catholicisme : par exemple Saint François d’Assise, Saint Dominique, Saint François de Sales, Saint Ignace de Loyola, tous les saints missionnaires. Tous les hommes qui ont rencontré ces personnages, y compris des mauvais chrétiens, des païens, des hérétiques ou autres ennemis de l’Eglise, ont été impressionnés par leur vertu éclatante, qui était un signe évident de leur parfaite union à Dieu, de l’intensité de leur vie surnaturelle.

On pourrait tenter de dire : ils étaient des chrétiens sincères et des hommes très vertueux, qui sont restés unis à Rome par ignorance. S’il n’y en avait eu que deux ou trois, pourquoi pas : le problème est qu’il y en a des centaines, et que pour beaucoup d’entre eux il est évident que leur union à Rome n’était pas justifiée par une ignorance de l’histoire de l’Eglise ou des dogmes de la foi : bien au contraire, leur union à Rome était motivée par des connaissances précises et exprimée en des termes très forts. Beaucoup ont été des apologètes du Saint Siège, notamment contre les protestants. Saint Alphonse de Liguori, qui est peut-être l’un des plus grands saints et des plus grands docteurs de l’Eglise, a spécifiquement écrit contre les “orthodoxes” et la révolte photienne, dans son Histoire des hérésies et leur réfutation.

Saint Alphonse en extase devant le Saint Sacrement

Il est impossible qu’autant de saints, autant d’hommes parfaitement unis à Dieu, qui souvent ont réalisé des miracles attestés par de nombreux témoins, aient erré ensemble sur une question aussi importante que celle de savoir quelle est la véritable Eglise. Leur témoignage est plutôt une preuve que pour être un ami de Dieu, il faut être uni au successeur de Saint Pierre. En sens contraire, on n’a jamais vu un tel niveau de vertu chez les tristes apologètes de “l’orthodoxie”, qui font de la haine de Rome l’essence de leur religion, et qui s’enferment volontairement dans les horizons étroits du nationalisme.

Est-il seulement possible qu’un Saint François d’Assise apparaisse dans une église schismatique et hérétique ? Non, c’est absolument impossible, et la simple contemplation de ce fait suffit à détruire en un instant toutes les fausses doctrines des schismatiques, comme un château de carte soufflé par le vent.


8- Les miracles se produisent dans la communion catholique

Le miracle est le signe de Dieu. Par les miracles Dieu a indiqué dans l’Ancien Testament, ainsi que lors de son Incarnation et de sa venue sur terre, qu’il était le seul Seigneur et que sa parole était véridique. Par ses miracles Dieu a confirmé l’Eglise naissante, les apôtres convertissant les foules par leurs miracles. Par ses miracles Dieu montre aux hommes, à travers les siècles, quelle est la véritable Eglise. 

Les “orthodoxes” prétendent certes avoir des miracles. Mais c’est également le cas des protestants et des musulmans. La différence entre ces “miracles” et ceux des catholiques, c’est que dans le premier cas il n’y a aucune espèce d’examen sérieux pour savoir s’il s’agit d’un véritable miracle ou non, il faut se contenter de la foi d’un témoin isolé, ou de simples apparences superficielles. Comme dans le cas de la canonisation, il n’existe pas chez les schismatiques de procédure d’examen spécifique comme il en existe dans l’Eglise catholique. L’Eglise catholique est loin d’être d’un enthousiasme débridé vis à vis de tout ce qui pourrait avoir l’air d’être un “miracle catholique” propre à légitimer sa mission : en réalité, l’Eglise catholique est méfiante et circonspecte par défaut, et se réserve le droit, par exemple, d’autoriser ou d’interdire une dévotion liée à un supposé miracle ou à une supposée apparition dans le peuple catholique. Les autorités de l’Eglise se sont souvent montrées sévères à l’égard de supposées manifestations miraculeuses, de peur qu’il ne se cache dans ces faits des mensonges, des exagérations ou encore des manifestations démoniaques. 

Chez les schismatiques, il n’y a pas de distinction entre ce qui serait chez les catholiques un “récit populaire” de miracle, avec toutes les exagérations possibles de l’imagination d’un peuple enclin à la superstition et avide de merveilleux, et un miracle “scientifiquement établi”, où des témoins fiables sont invoqués, où l’absence de cause naturelle possible est suffisamment établie, et où l’on peut voir de bons fruits spirituels comme conséquence de ces miracles.

Si les schismatiques veulent refuser les miracles catholiques, ils devront adopter les méthodes de la critique rationaliste athée, de la “zététique”, pour mettre en doute l’indubitable et refuser l’évidence, en endurcissant leur cœur. Ils ne se rendent pas compte que cette méthode critique détruit plus encore leurs propres “miracles” que, par exemple, ceux de Lourdes qui sont établis par des constats médicaux rigoureux.

Que l’on considère simplement Lourdes, et les miracles qui s’y sont produits de manière continuelle depuis les apparitions du XIXe siècle, ou l’histoire de la médaille miraculeuse de la rue du Bac : la simple considération de ces faits suffit à établir que l’Eglise catholique est la véritable Eglise, surtout si l’on considère qu’il n’existe rien d’équivalent dans n’importe quelle autre “église chrétienne”. 

Dans la basilique de Notre-Dame-du-Rosaire de Lourdes, un ex-voto remercie la Sainte Vierge pour la conversion d’un prêtre schismatique russe

A plusieurs reprises dans l’histoire des hommes, Dieu a donné des miracles qui ont spécifiquement pour but de montrer que le catholicisme est la vraie religion, par opposition à des “doctrines chrétiennes” concurrentes telles que le protestantisme. 

Voici un exemple : François de Sales, évêque de Genève, était parti prêcher la foi catholique à Thonon, dans un pays qui était alors opiniâtrement attaché au calvinisme. Dans un premier temps, ses bonnes manières, sa douceur et sa vertu évidente lui ont attiré la sympathie de la population, mais peu de conversions : ce peuple était attaché par principe au protestantisme, de simples discours ne suffisent pas à les convaincre d’abandonner la doctrine de leurs pères. Un jour, une de celles qui écoutait ses prédications a le malheur de perdre son fils, peu de temps après sa naissance et avant d’avoir pu le baptiser : au comble du désespoir, elle se tourne vers l’évêque et lui promets qu’elle deviendra catholique s’il peut rendre son fils à la vie. Le saint entre humblement en prière, et l’enfant reprend vie : il y a plusieurs témoins qui assistent à la résurrection. Ce n’est pas seulement la mère consolée qui se convertit à la doctrine du saint, mais tout le pays en masse : les témoignages de l’époque nous disent qu’il n’y a pas assez de prêtres dans la ville pour accueillir toutes les demandes d’abjuration. Ces âmes simples étaient encore capables d’appliquer le principe que Nicodème exposait, lorsqu’il témoignait de sa foi à Jésus : Maître, nous savons que Vous êtes venu de la part de Dieu comme docteur; car personne ne peut faire les miracles que Vous faites, si Dieu n’est avec lui » (Jn III, 2).


9- Le schisme oriental est toujours synonyme d’une soumission des autorités religieuses au pouvoir temporel

Il est frappant de comparer l’évolution respective de la chrétienté dans l’Occident catholique et dans l’Orient “orthodoxe” : dans l’Occident catholique, le renforcement du pouvoir pontifical coïncide avec la liberté de l’Eglise (qui est moins entravée par ses protecteurs temporels devenus souvent abusifs) ; dans l’Orient, avant le schisme et d’autant plus après, la mainmise des autorités temporelles sur les affaires de l’Eglise se renforce à outrance et prend des proportions ridicules.

Les schismatiques prennent de grands airs en se posant en défenseurs de la tradition des Pères, authentiques successeurs des apôtres, dans la pratique les églises schismatiques sont une réunion de sociétés confuses et faibles, soumises aux différents pouvoirs temporels des pays où elles comptent une majorité de fidèles. Il est rare de voir un évêque schismatique s’opposer aux abus du pouvoir temporel. En sens contraire, chez les catholiques on rencontre de multiples exemples, renouvelés à travers les siècles, d’une courageuse opposition aux autorités temporelles fautives, poussée jusqu’au martyr dans le cas de Saint Martin Ier (mort en captivité après avoir été persécuté par l’empereur monothélite Constant II), Saint Thomas Becket (persécuté par le roi Henri II d’Angleterre) ou Saint Stanislas (tué par le roi Boleslas II de Pologne), pour ne citer que quelques exemples.

Le meurtre de saint Thomas Becket (Albert-Pierre Dawant, 1879)

Le césaropapisme de l’époque byzantine n’a jamais quitté la mentalité des nations schismatiques. L’exemple le plus répugnant de cette lâche soumission des autorités religieuses aux pouvoirs temporels est à l’origine de la permission du divorce chez les schismatiques : malgré les paroles explicites de Notre-Seigneur sur l’indissolubilité absolue du lien conjugal, et l’impossibilité d’un “remariage” licite, par lâcheté vis à vis de la législation civile impie, les églises byzantines se sont mises à tolérer l’intolérable en bénissant de fausses unions adultères, et en leur donnant le nom de mariage. Les sectateurs de Photius continuent de suivre cette règle, inscrite dans le droit canon des schismatiques depuis le XIIe siècle, qui s’accommode de l’ancienne législation païenne, et foule aux pieds la loi divine enseignée par Jésus-Christ lui-même lorsqu’il était sur terre. On peut voir d’ailleurs certains schismatiques s’embarrasser en disant qu’il est en effet évident, d’après les paroles du Christ et la Tradition des Pères, que le mariage est indissoluble et que le remariage est un péché : et de dire ensuite que “par miséricorde” et pour éviter un plus grand mal on peut bénir des remariages … comme si bénir le péché était un acte de miséricorde ! Luther présentait des raisonnements similaires lorsqu’il conseillait la bigamie au landgrave Philippe de Hesse. C’est un exemple éclatant de lâcheté face aux vices des hommes, et spécialement des hommes puissants, pas un exemple de miséricorde.

Le simple fait d’ailleurs que le divorce-remariage, qui est intrinsèquement immoral, soit inscrit dans le droit canon “orthodoxe” suffit à prouver que “l’Eglise orthodoxe” n’est pas la véritable Eglise instituée par Dieu et protégée par le Saint-Esprit : de l’aveu même de certains schismatiques, leur Église a inscrit dans sa loi la bénédiction du péché. Elle n’a donc pas la sainteté que le Concile de Nicée décrit comme note de la véritable Eglise. 

On peut citer bien d’autres exemples du césaropapisme dans l’histoire des églises schismatiques.

Les Serbes, après avoir obtenu leur “autocéphalie” au début du XIIIe siècle, ont canonisé tous les rois de la dynastie Nemanjic (dynastie dont faisait également partie le premier patriarche autonome, Sava de Serbie), y compris un roi divorcé et remarié à de multiples reprises (Stefan Uros II – qui a entre autres choses effectué un mariage forcé et invalide avec une religieuse catholique, Élisabeth de Hongrie), et un roi excommunié par Constantinople qui était disposé à reconnaître l’autorité du Pape peu de temps avant sa mort (Stefan Uros IV – reconnaître le Pape est censé être une faute grave pour les schismatiques !). “L’Église orthodoxe serbe” à cette époque ne semble n’exister que pour légitimer les dynastes de leur peuple, quoi que ceux-ci puissent faire, en totale indifférence d’ailleurs aux injonctions du “patriarche œcuménique” de Constantinople. 

L’histoire du “patriarcat œcuménique” depuis la chute de Constantinople aux mains des Turcs est le triste spectacle d’une totale soumission aux envahisseurs musulmans : les patriarches devaient mendier, ou littéralement acheter leur investiture au sultan, et celui-ci faisait et défaisait les patriarches selon son bon vouloir. Des complots et des cabales faisaient se disputer différents concurrents au titre de patriarche de Constantinople, dont seul celui reconnu par le sultan avait des chances de faire asseoir sa légitimité dans le monde “orthodoxe”. La Russie a été et est encore aujourd’hui un cas d’école de césaropapisme. Les évêques russes se sont dans l’ensemble pliés, de gré ou de force, à tout ce que le tsar ou même le dictateur communiste attendait d’eux. La théorie de la “Troisième Rome” donne la folie des grandeurs au tsar plus encore qu’au métropolite russe : il est le nouveau César, et s’occupe des affaires de l’Eglise comme les premiers Césars chrétiens. A plusieurs reprises, le tsar dépose le patriarche lorsque celui-ci le contrarie : ainsi Philippe II fut déposé par Ivan le Terrible, Job par Dimitri II, Nikon par Alexis Ier. A partir du XVIIIe siècle sous le règne de Pierre le Grand, le césaropapisme devient institutionnel : le patriarcat de Moscou est aboli, et remplacé par un système dans lequel le contrôle de l’état est très étroit (le “Très Saint Synode”, qui fonctionne comme une sorte de vulgaire ministère de la religion). Suite à la révolution russe, le pouvoir communiste fait déposer le patriarche Tikhon, et ses successeurs sont favorables au pouvoir soviétique. Le patriarche actuel Kirill a d’ailleurs parlé en des termes élogieux de Staline. Kirill se fait le relais inconditionnel des revendications du nationalisme russe : on le voit ainsi déclarer solennellement en 2018 que l’autocéphalie de l’Ukraine est “interdite par Dieu” car on ne peut pas “diviser la sainte Russie”. De telles paroles devraient choquer : elles montrent à quel point le temporel prend le dessus sur le spirituel chez les schismatiques.